Le dernier week-end de novembre, une retraite pour les étudiants a eu lieu à Sengari Camp, Université Kwansei Gakuin. Une retraite similaire avait eu lieu une première fois en juin 2009. Par la suite, les participants ont dit : « L’année prochaine, encore une fois s’il vous plaît ! » Pour répondre à leurs demandes, nous avons à nouveau invité l’un des frères de Taizé et la « Retraite 2010 à Sengari » a été l’un des événements officiels de notre université. 70 participants se sont inscrits, plus de la moitié d’entre eux avaient pris part à celle de 2009. Les étudiants ont préparé ce week-end avec beaucoup d’enthousiasme. L’un d’eux écrit : « J’ai participé à la retraite de l’an dernier et depuis, j’attendais ce moment. L’année dernière, en écoutant les paroles et les chants, j’ai reçu une consolation intérieure qui me libère des illusions. »
« Le puits de la rencontre »
C’était la fin de l’automne et toute la nature était en fête dans le camp : feuilles jaunes et rouges sous un ciel serein. Dans un tel environnement, la retraite s’est très bien déroulée sur le thème « Soif d’une vie en plénitude : Un appel à transformer le monde ». Grâce aux rencontres générales et aux discussions en petits groupe sur le récit de Jésus avec la Samaritaine au puits (Jn 4), les participants ont certainement pu réaliser qu’à ce moment, le Sengari Camp était devenu pour eux le « puits de la rencontre » : rencontre avec l’essentiel et rencontre avec l’autre en profondeur. Un étudiant écrit : « Dans les moments de partage, je rencontrais les membres de mon groupe pour la première fois que. Mais nous avons pu ouvrir nos cœurs les uns aux autres très naturellement et très franchement. C’était vraiment incroyable pour moi ! Je crois que c’était possible peut-être parce que nous sentions que nous étions tous ensemble en marche dans le même voyage. »
Un des moments les plus impressionnants a été la présentation des posters préparés par chaque groupe comme des d’œuvres d’art utilisant des pièces découpées dans de vieux journaux et magazines. Ils exprimaient avec force ce que chacun, dans les groupes, avait dit de sa « soif ». Certains ont exprimé leur soif de relations humaines, d’autres leur soif concernant les questions concrètes de leur vie quotidienne, d’autres encore ont exprimé le désir d’un sens à leur vie. À voir et entendre leurs réalisations, j’ai été très impressionné par leur créativité et leur sens de l’humour !
Réflexion en silence
En même temps, les étudiants ont aussi apprécié les moments de réflexion personnelle en silence. Surtout pour ceux qui participaient pour la première fois, le silence était une expérience toute nouvelle qui a eu un grand impact sur eux. Un étudiant raconte : « La réflexion en silence m’a beaucoup marqué. Au début, je ne savais pas vraiment quoi faire. J’ai commencé à marcher à travers le bois, et après un moment, je me suis assis sur un banc dans un endroit calme. J’ai d’abord pensé aux thèmes présentés à la rencontre générale, puis peu à peu mon esprit s’est ouvert et je me suis mis à réfléchir. Et tout d’un coup, j’ai réalisé qu’il était temps de revenir pour la prochaine rencontre ! »
L’endroit où nous avons prié était magnifiquement préparé avec des symboles très simples : des icônes, des bougies, un peu de verdure et des tissus de couleurs, et beaucoup de feuilles mortes – jaune, marron et rouge – sur le sol. Au cours de la prière du soir le premier jour, ceux qui le voulaient ont pris une feuille et l’ont mise au pied de l’icône de la Croix. C’était une manière de confier nos fardeaux au Christ, encouragés par les paroles de frère Roger : « Souffler sur les remords comme l’enfant souffle sur la feuille morte. » Nous avons prié face à une grande baie vitrée à travers laquelle on voyait le vaste panorama de la nature environnante. La prière tôt le lendemain matin a commencé alors qu’il faisait encore sombre. Peu à peu, pendant le chant et le silence, le soleil s’est levé. Un des étudiants a écrit plus tard : « Ce matin, quand j’ai vu une lueur rouge dans le ciel du matin, j’ai pensé à notre prière : c’était vraiment merveilleux de chanter ensemble au moment du lever du soleil ! »
« Si tu savais le don de Dieu »
Au cours de la rencontre générale et du partage, nous avons entendu les paroles du Christ à la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu. » Au moment de quitter le camp, le dernier jour, j’ai pu percevoir une sorte de clarté dans les visages des étudiants. Cet éclat est certainement venu d’une confiance : une confiance dans le don de Dieu donné à chacun d’entre eux ? En portant sur eux-mêmes et sur les autres un regard différent, les participants ont sans doute trouvé au cœur d’eux-mêmes des dons. Un étudiant a dit : « Je n’avais jamais eu beaucoup de confiance en moi, j’ai toujours senti que j’étais pire que les autres, dans mes capacités, mon apparence et mon caractère. Mais lors de la retraite je me suis progressivement rendu compte que nous n’avons pas à craindre, Dieu nous a créés tels que nous sommes, et nous sommes tous créés « bons » ; j’ai été vraiment libéré par cette expérience.
Le temps a passé si vite. Dans leur vie quotidienne, les étudiants peuvent vivre encore des moments de déception ou d’obscurité. Mais je crois fermement que cette expérience de réflexion et de partage, même si elle a lieu seulement une fois par an, leur donne certainement du courage : le courage de vivre leur vie en tirant parti de leurs dons, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres.
Keiji Utebi est aumônier à l’Université Kwansei Gakuin
Une rencontre avec l’un des frères
Kimiko écrit : "En novembre, nous avons invité l’un des frères à une rencontre au Student Christian Fellowship (SCF), un centre pour les jeunes à Tokyo où ils sont accueillis quelle que soit leur appartenance religieuse. Près de soixante personnes sont venues à la prière, de différentes confessions et de diverses universités.
La rencontre s’adressait tout particulièrement à ceux qui généralement ne vont pas à l’église. J’ai eu l’idée d’une telle rencontre parce que je ne suis pas d’origine chrétienne et que l’une des rencontres de Taizé a été pour moi un point de départ vers la confiance en Dieu.
Au Japon, moins de un pour cent de la population est chrétienne et on ne voit pratiquement pas de jeunes dans les églises traditionnelles. Pour les jeunes Japonais en général, aller à l’église n’est pas habituel. Et pourtant, au milieu des souffrances de notre vie matérialiste, les jeunes sont à la recherche de ce qui donne un sens à la vie.
J’ai pensé que cette rencontre pourrait leur apporter de l’espérance, afin qu’eux aussi puissent entrer dans une vie fondée sur la confiance. Pour beaucoup d’entre eux, c’était la première fois qu’ils se tenaient en silence devant Dieu, comme ils sont. C’était une belle manière de témoigner que de nombreux jeunes sont invités à un voyage intérieur.
Parmi les réactions des jeunes à l’issue de la rencontre :
"C’était la première fois que je passais du temps en silence. J’étais surpris moi-même d’être capable de prier ainsi. C’était comme si quelque chose avait commencé à brûler au fond de mon cœur."
"Récemment j’ai traversé des difficultés et je me suis aussi senti isolé. Pourtant, en regardant l’icône de l’amitié, je sentais la présence de Dieu au-delà de toute question et j’ai pu reconnaître que je n’étais pas seul."
"J’ai senti une énorme soif à l’intérieur de chacun, moi compris. Jusque-là, j’étais très bien comme j’étais, mais en priant, je suis allé au fond de moi, je me suis rendu compte que j’avais vraiment soif de quelque chose."