Du 14 au 16 octobre, une rencontre, étape du pèlerinage de confiance sur la terre, a eu lieu à Cracovie. Cette rencontre s’adressait tout d’abord aux responsables des points de préparation pour la rencontre européenne de Berlin, afin de les aider, à travers prière commune et réflexion, à assumer les tâches qui les attendent. Vendredi, l’un des frères de Taizé en visite à Cracovie a rencontré ces jeunes peu après l’accueil à la paroisse de St Jean de Kenty et la prière du soir, juste avant leur départ dans les familles d’accueil.
Samedi était une journée portes ouvertes pour les jeunes du diocèse de Cracovie. Chacun pouvait s’inscrire à l’ensemble du programme de la journée du pèlerinage de confiance : participer aux trois prières, à une introduction biblique, au partage en petits groupes, à des carrefours et un atelier de chant.
« Joie du cœur — plénitude de vie » : des amis de Cracovie avaient choisi ce thème comme motif central de la rencontre. Et c’est précisément la joie, opter pour la joie, qui a été le sujet principal des échanges, de l’introduction biblique et des petits groupes. Après la prière de midi, les participants ont écouté une présentation du travail d’assistance auprès des chrétiens du Pakistan. Puis, après le déjeuner, ils ont eu de nombreuses occasions de méditer sur la façon de traduire leur joie en actes Certains des carrefours de l’après-midi les ont entraînés hors de la ville, dans des « lieux de souffrance et d’espérance » : un hôpital pour enfants, avec la « Fondation Docteur Clown » ; la version polonaise de « Make a Wish Foundation » ; ou même passer la nuit dans un lieu d’accueil pour sans-abri et une soupe populaire, mis en place par le frère Albert, afin de rencontrer des sans-abri et d’écouter leurs récits. D’autres participants sont allés au « Sanctuaire de la Miséricorde Divine » dans le district de Lagiewniki, ou ont visité les églises les plus remarquables de Cracovie, ou encore pu découvrir la philosophie du dialogue du Professeur Jozef Tischner. Un groupe est allé dans le quartier de Kazimierz pour en savoir plus sur l’histoire et la situation actuelle de la communauté juive de Cracovie.
Plus tard, autour d’un thé, ceux qui revenaient du dehors ont pu partager leurs expériences avec ceux qui étaient restés dans la paroisse pour participer à plusieurs des ateliers consacrés à la préparation de la prière et des chants ou à l’organisation des groupes qui préparent un séjour à Taizé. Johannes, un volontaire venu de Berlin, nous a raconté comment la préparation pour la rencontre européenne se passait là-bas.
Avant la prière du soir, nous avons rencontré une personne exceptionnelle, Maria Bozek-Nowak, qui a reçu le titre honorifique de « Juste parmi les Nations » de Yad Vashem (Mémorial israélien officiel pour les victimes juives de l’Holocauste). Très humblement, elle nous a raconté l’histoire de son amitié avec Hélène Goldstein, une camarade de classe qu’elle a aidée à sortir du ghetto de Cracovie, en préparant les documents adéquats et en lui prêtant sa propre identité. Vers la fin de son histoire, Mme Bozek-Nowak a donné un témoignage de sa confiance dans les autres : « Je suis sûre que tout le monde ici aurait fait la même chose à ma place. »
Une fois l’église pleine pour la prière du soir, les bougies ont été allumées. Notre invitation avait attiré des gens d’horizons très divers. Comme Kasia, l’une des organisatrices, le dit : « J’ai été heureuse d’entendre des gens qui n’avaient aucun lien avec Taizé dire combien ils avaient été touchés par la simplicité et la beauté de la prière. » Les chants et la prière autour de la croix ont duré plus de deux heures.
Le lendemain nous avons rejoint la paroisse de Saint Jean de Kenty pour la messe du dimanche, après quoi nous nous sommes rassemblés dans l’église inférieure pour une autre rencontre extraordinaire. Cette fois-ci avec le Professeur Michal Heller, l’un des physiciens polonais les plus connus, qui a partagé avec nous un peu de son savoir en cosmologie. Après son exposé sur les recherches autour du Big Bang et les 14 milliards d’années de l’histoire de l’univers, il y a eu des questions sur les relations entre science et foi. Le Professeur Heller a souligné que les conflits éclatent lorsque « la théologie superficielle rencontre la science superficielle ». Trop souvent, Dieu devient un « Dieu des trous ». Les trous proviennent de l’ignorance humaine : dans les zones où la science n’a pas encore trouvé de réponses, Dieu est invoqué comme explication. Dans de tels cas, le danger grandit de voir le développement de la science porter atteinte à l’existence de Dieu. Il est donc préférable de percevoir Dieu comme toujours présent en tout, qui maintient constamment le monde en existence.
Puis venait le moment de se dire au revoir. Comme les organisateurs de cette rencontre, nous espérons que cette expérience portera ses fruits aussi bien à Berlin que longtemps après. Elle fut précieuse pour nous tous. Voici comment Tomek la décrit :
« Lorsque j’étais à Taizé en février, on nous a proposé d’organiser une rencontre en automne à Cracovie. Après réflexion, nous avons décidé de la faire, – et nous l’avons faite. La rencontre m’a aidé à mieux me connaître dans des situations nouvelles, notamment les difficiles. J’ai dû faire face à de nombreuses tentations d’abandonner, de me retirer, de laisser les autres faire le travail ou d’argumenter quand il y avait des problèmes… Le travail accompli par tant de personnes porte maintenant ses fruits. Je commence à voir les premiers signes d’un nouveau sentiment de communauté qui grandit à Cracovie, non seulement lié au point de préparation pour la rencontre de Berlin, mais plus large et plus ouvert. J’espère profondément que cette rencontre a également permis aux participants de faire l’expérience de la paix et de la bienveillance à Cracovie, de rencontrer d’autres personnes, et de rencontrer Dieu. »