Vendredi 1er juin : Au centre des jeunes de Gatenga, nous retrouvons notre petit coin de Rwanda : le marais, la bananeraie, la maison en briques et le père Camiel toujours accueillant. La route qui passe derrière ’’notre’’ maison est en chantier. Elle va être goudronnée. Quelle aubaine pour la rencontre de novembre ! Mais pour l’instant elle produit une abondante poussière…
Entre deux palissades de chantier où se construisent de futurs centres commerciaux, des marches taillées dans la terre permettent de rejoindre un terminus de bus. A l’abri des regards des policiers et des agents municipaux, des vendeurs à la sauvette proposent vêtements, articles de cuir, dvd... Des mendiants de toute sorte ont aussi trouvé refuge dans ce passage obligé pour des foules de voyageurs. Cette infinie capacité d’adaptation fait-elle ressortir un fond africain sous les dehors policés et futuristes du Rwanda ’’vision 2020’’ ?
« Les gens sont peu stables ils ont soif d’enseignement sur la Bible et de prière. En Ouganda et au Kenya ils sont en avance sur nous pour la prière ! » dit le pasteur Eugène de l’Église anglicane de Kibagabaga
« Comment fait-on si on ne sait pas lire ? » réagit une jeune fille alors que l’on distribue le feuillet avec le thème et les questions pour la réflexion et le partage. Kanzi est la deuxième paroisse construite dans le diocèse de Butare et la neuvième du Rwanda. Elle est plus que centenaire. Cinq écoles sur son territoire. 80% de la population est catholique. « Mais les jeunes sont difficiles. Certains ne veulent pas terminer leur secondaire. Les parents n’osent plus leur demander de travailler aux champs. Ils n’ont même pas l’initiative d’élever une poule ou des lapins pour commencer quelque chose par eux-mêmes ! » explique l’abbé Éric.
Vendredi 15 juin : Commémoration des victimes du génocide qui travaillaient à l’économat diocésain. Une banderole violette ouvre la marche, le personnel suit en chantant vers la cathédrale pour une messe du souvenir. « Nous ne pouvons pas jouer du tambour et vous montrer nos danses traditionnelles comme nous l’avions prévu. Cela dérangerait la célébration voisine », explique l’animateur du groupe.
Le long de la route de retour vers Kigali, des groupes sont rassemblés sur des sites mémoriaux où sont inhumés des victimes. Tentes dressées, discours officiels ou témoignages, visites des hypogées. Tout au long des trois mois d’avril, mai et juin, les cérémonies commémoratives se succèdent un peu partout dans le pays ».
Mercredi 20 juin : « J’ai été retenu à l’économat », s’excuse l’abbé César en prenant le volant de son petit quatre-quatre Suzuki qui ne dépasse guère les 30km/h. Cela permet de profiter du paysage : forêts d’eucalyptus, rizières et bananeraies...
Nous arrivons à la paroisse de Kirehe dont il est le curé avec une heure de retard. A nouveau tout est installé pour recevoir un conférencier : table sur le podium, jeunes alignés en rangs. « Nous sommes prêts à recevoir votre message ou tout ce que vous voulez nous dire ». Difficile de déclarer que je souhaiterais plutôt questionner les jeunes et écouter leur expérience. « Combien avons-nous de temps ? » « Prenez tout ce que vous souhaitez ! » En fait nous sommes bien tenus de libérer les jeunes après une heure. Ils sont heureux de raconter en quelques minutes les événements les plus marquants de ces dernières semaines pour eux. L’un après l’autre ils se lèvent et partagent un peu de ce qu’ils vivent : Saïd, musulman, explique comment les élèves animent des campagnes de solidarité : « Pour les victimes du tremblement de terre en Haïti, chacun était invité à donner 50 Francs Rwandais, pour celles de la sécheresse en Somalie nous avons apporté des haricots ». Les forums paroissiaux ou diocésains sont des jalons marquant la route de nombreux jeunes. Gaston anime une chorale. Gentil est enseignant au groupe scolaire voisin. Les jeunes professeurs y animent des clubs pour les élèves : unité et réconciliation, lutte contre le sida, lutte contre l’idéologie génocidaire, préserver l’environnement. Fulgence participe à un groupe qui s’engage pour la réconciliation. « Nous prions pour que les gens soient libérés de la haine. Nous essayons de vivre un amour fraternel ».
Dimanche 24 juin : Pour ne pas être en retard à la messe de 7h à Kamonyi, il faut quitter la maison à cinq heure et demi. Viateur le coordinateur des jeunes du diocèse de Kabgayi nous rejoint et explique notre démarche et le projet aux paroissiens attentifs. Les personnes âgées sont rares au Rwanda, même dans les églises, et croiser leur regard lorsqu’elles reçoivent la communion est impressionnant. Deux heures de rencontre avec les jeunes pendant que la deuxième messe remplit à nouveau la grande église.
Mercredi 27 juin : Réunion de la commission de la pastorale des jeunes à Kabgayi. C’est l’occasion de remercier les aumôniers et leurs collaborateurs de l’accueil qu’ils nous ont réservé lors des ’’descentes’’ dans leurs paroisses et de rejoindre leur réflexion sur une ’’stratégie pour les jeunes’’. « Au cours de nos visites nous avons été touchés par la disponibilité, la bienveillance, la mobilisation. Un beau champ pastoral vous est ouvert. Dans le contexte des profonds changements qui modifient la société et les modes de vie, Dieu peut susciter des rameaux neufs sur le grand arbre de la foi au Rwanda.