TAIZÉ

Textes bibliques commentés

 
Ces courtes méditations bibliques sont proposées pour soutenir une recherche de Dieu au cœur de la vie quotidienne. Il s’agit de prendre un moment pour lire en silence le texte biblique suggéré, accompagné du bref commentaire et des questions. On peut se réunir ensuite en petits groupes de trois à dix personnes chez l’un ou l’autre des participants pour un bref partage de ce que chacun a découvert, avec éventuellement un temps de prière.

JPEG - 31.8 ko

2016

juillet

Luc 6, 27-36 : Miséricordieux à l’image de Dieu
Jésus dit : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre ; si quelqu’un te prend ton manteau, laisse-le prendre aussi ta chemise. Donne à quiconque te demande quelque chose, et si quelqu’un te prend ce qui t’appartient, ne le lui réclame pas. Faites pour les autres exactement ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous. Si vous aimez seulement ceux qui vous aiment, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment ! Et si vous faites du bien seulement à ceux qui vous font du bien, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière ? Même les pécheurs en font autant ! Et si vous prêtez seulement à ceux dont vous espérez qu’ils vous rendront, pourquoi vous attendre à une reconnaissance particulière ? Des pécheurs aussi prêtent à des pécheurs pour qu’ils leur rendent la même somme ! Au contraire, aimez vos ennemis, faites-leur du bien et prêtez sans rien espérer recevoir en retour. Vous obtiendrez une grande récompense et vous serez les fils du Dieu très-haut, car il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. (Luc 6, 27-36)

Dans ce passage, Jésus décrit deux façons d’agir. L’une est celle qu’il voit comme caractéristique des « pécheurs », c’est-à-dire ceux qui ne cherchent pas à faire ce que Dieu leur demande. De nos jours, on pourrait appeler cela la façon « ordinaire » de se comporter. Elle consiste à être bons pour ceux qui sont bons pour nous, à donner à ceux qui nous donnent en retour.

L’éternelle tendance humaine est de diviser les personnes en deux groupes – ceux qui sont avec nous et les autres, qui sont indifférents ou hostiles. Bien sûr, ce n’est pas mauvais de se sentir plus proche d’une personne que d’une autre. Pour des raisons différentes, tous, nous avons plus en commun avec certaines personnes ou certains groupes qu’avec d’autres. Mais quand cela conduit à être indifférents à ceux qui ne sont pas comme nous, à les critiquer, à les rejeter ou même à leur faire mal, une telle attitude devient source de divisions et même de guerres.

Puis, Jésus indique une autre façon d’agir. C’est celle de Dieu, et elle se caractérise par le fait d’être « bon pour les ingrats et les méchants ». La voie de Dieu est différente de la nôtre parce que Dieu ne modifie pas son comportement en fonction de la réponse de son vis-à-vis. Dieu est « impassible ». Autrement dit, Dieu ne peut qu’aimer.
Ce qui est neuf dans le message de Jésus n’est pas que Dieu est miséricordieux. L’auteur d’Isaïe 55 le savait déjà, et on trouve cela partout dans les Écritures hébraïques, bien des siècles avant le Christ. Ce qui est neuf n’est pas que Dieu est miséricordieux, mais que nous, les humains, nous pouvons être miséricordieux à l’image de Dieu !

Jésus nous exhorte à être des femmes et des hommes qui sont vraiment à l’image de Dieu, capables d’aimer nos ennemis, de faire du bien même à ceux qui nous maltraitent, de donner sans attendre quelque chose en retour. Comment cela peut-il se faire ? Est-il vraiment possible pour les humains d’être comme Dieu ? Où trouveraient-ils la motivation et l’énergie pour cela ?

Une telle façon de vivre ne vient certainement pas en premier lieu de la force de notre caractère ou de notre volonté. Dieu peut donner sans recevoir parce que Dieu est la Source de la vie. Mais nous ne sommes pas la Source. Pour nous, afin de donner, nous devons tout d’abord recevoir. Voilà ce qui est neuf dans l’Évangile. En venant sur la terre comme un être humain, le Fils de Dieu a apporté l’Esprit Saint de Dieu, l’énergie en personne de son amour, jusqu’en plein milieu de la condition humaine. Par la puissance de l’Esprit, Jésus a pu guérir les malades et pardonner les pécheurs. Il a pu aller jusqu’à donner sa vie pour nous sur la croix, accordant son pardon même à ceux qui l’ont torturé et tué. Et après sa résurrection, il a communiqué ce même Esprit à ses disciples.

En tant que disciples de Jésus, nous faisons partie de la communauté des croyants animée par l’Esprit de Dieu. Ce qui a frappé ceux qui ont rencontré les premiers chrétiens, c’était de voir une communauté de femmes et d’hommes d’origines les plus diverses vivre ensemble comme des frères et des sœurs, partager leurs biens matériels et spirituels, se pardonner mutuellement. Plutôt que de diviser les personnes en deux groupes, ceux du dedans et ceux du dehors, ils ont accueilli tout le monde. Ils sont allés vers les autres. Ils ont essayé de vivre une solidarité universelle. Il était évident que leur façon de vivre était différente de celle des gens « ordinaires ». Et cela a attiré beaucoup de monde vers eux.

Ce même Esprit qui a animé Jésus et les premiers chrétiens nous est toujours offert. Oui, il est possible pour nous de mener une vie à l’image de Dieu. Nous pouvons être miséricordieux, comme notre Père est miséricordieux. Mais nous ne pouvons faire cela qu’ensemble, en nous soutenant les uns les autres, et nous ne pouvons le faire que si nous ouvrons nos cœurs à Dieu dans la prière, afin qu’il puisse transformer peu à peu notre façon de penser et d’agir. Et alors, l’impossible devient possible.

- Jésus décrit-il une « utopie », ou bien ai-je vu des exemples de femmes et d’hommes qui vivent à l’image de Dieu en aimant sans conditions ? Quand ? Où ? Comment ?

- Quels pas en avant faire pour que nos communautés et nos Églises soient des lieux d’une solidarité universelle, où les divisions de la société trouvent une guérison ?



Autres méditations bibliques :

Dernière mise à jour : 1er avril 2024