Elizabete, de Lettonie, a fait partie de l’équipe des volontaires ayant aidé pendant la rencontre. Elle témoigne :
C’était fantastique de voir combien de jeunes sont venus dans notre ville de Riga. En tant que bénévole, j’étais toute heureuse d’apporter ma contribution à ces trois belles journées, vécues dans une grande confiance par les jeunes pèlerins. Être ensemble dans la prière commune, rencontrer de nouvelles personnes et revoir des amis de Taizé m’ont fait comprendre que Dieu est à l’œuvre partout où nous allons et où nous vivons. Je pense que, après ces jours, nous avons plus d’espoir que jamais pour la Lettonie et l’Europe de l’Est.
L’accueil à Riga et l’hospitalité dans les familles
Outre les jeunes de la Lettonie, on comptait plusieurs centaines venant des pays Baltes, de l’Ukraine, de la Pologne, de la Biélorussie et de la Russie. D’autres encore, venus en petit groupe ou individuellement, étaient originaires de divers pays d’Europe.
Les groupes et les individuels étaient invités à se rendre à leur arrivée dans l’église Ste Gertrude, où avait lieu l’accueil. Chacun recevait alors un programme disponible en différentes langues (letton, anglais, russe, ukrainien, polonais) et se voyait attribuer une paroisse d’accueil. Dans cette paroisse, les jeunes étaient ensuite envoyés dans leur famille d’accueil, tous les participants étant accueillis chez l’habitant. Deux d’entre eux, Talitha et Philip, de l’Allemagne, disaient au terme de la première journée :
En arrivant au lieu d’accueil, à l’église Ste Gertrude, nous avons expérimenté un sentiment d’hospitalité, de chaleur et de joie. Les organisateurs de la rencontre de Riga ont réussi à recréer l’atmosphère particulière de Taizé en ce lieu et nous nous sommes soudain retrouvés comme à la maison.
Une autre jeune, Sophie de la Suède, décrit ainsi l’accueil reçu chez l’habitant :
J’étais accueillie chez une jeune femme de mon âge environ, qui a ouvert pour moi son petit appartement. Nous avons découvert beaucoup de points communs entre nous, malgré nos modes de vie différents. Elle avait beaucoup de questions sur la foi et la religion et mon point de vue sur la religion était différent de ce qu’elle attendait. Nous avons pris du temps le soir pour boire du thé, parler de ce qui fait de vous un chrétien – c’était très intéressant. Je l’ai encouragée à venir participer à la prière commune dans l’église St Pierre le samedi soir, et elle a vraiment beaucoup aimé, en particulier les bougies.
Frère Alois a souligné cette reconnaissance envers les Eglises et les familles d’accueil de Riga, dans une de ses méditations :
« Pour nous les frères de Taizé, c’est une joie d’être à Riga, pour cette étape du pèlerinage de confiance sur la terre. […] Nous voudrions tout de suite remercier celles et ceux qui nous accueillent. Parmi les dons que Dieu a fait aux Lettons, il y a celui de l’hospitalité. Et les jeunes des pays baltes ont encore tant d’autres valeurs à partager. Nous nous réjouissons d’apprendre à les découvrir ».
Les prières communes ont rassemblé 2000 personnes dans le centre ville de Riga
Tout au long du week-end, le lieu central de la rencontre était l’église luthérienne St Peter, dans le centre historique de Riga, où ont eu lieu les temps de prière commune. Le samedi soir, les deux archevêques catholique et luthérien, Janis Vanags et Zbignevs Stankievics, ont salué les participants à la rencontre.
Un représentant du métropolite orthodoxe de Riga était également présent, car l’Église orthodoxe a soutenu la rencontre par l’animation de deux ateliers et en accueillant les jeunes participants orthodoxes à la liturgie dimanche matin. Des communautés baptistes et méthodistes ont aussi participé à l’accueil des jeunes.
Les ateliers du samedi : une palette impressionnante de thématiques
Dans l’après-midi de samedi, des ateliers ont eu lieu sur des thèmes très divers parmi lesquels : « Silence et prière intérieure » avec l’archevêque luthérien, « Unité, réconciliation, communauté » avec l’archevêque catholique, « Introduction à l’iconographie orthodoxe », « Servir les pauvres ».
Deux jeunes avocates engagées pour les droits humains ont animé un atelier sur le thème « Importance de la réconciliation dans la société d’aujourd’hui » ; Ilze et Arina, de Lettonie, écrivent à la suite de cette expérience :
Nous avons réalisé combien les jeunes sont prêts à faire le premier pas pour devenir artisans de paix dans leurs communautés. Il ne s’agit pas de faire un geste impressionnant ou un acte de grande influence, mais il peut s’agir d’une simple conversation ou d’une ouverture envers ceux qui nous ont blessés. Il est impressionnant qu’à travers l’écoute d’expériences d’autres personnes et le partage de notre propre vécu, nous ayons abouti à la même conclusion que frère Alois a exprimée pendant la prière du dimanche : la paix et la réconciliation commencent avant tout avec chacun de nous. »
Au sujet de ce dernier atelier, une jeune de la Suède, Martina, disait encore :
Au terme de la rencontre, particulièrement après avoir échangé sur l’appel à « devenir le sel de la terre » et après avoir participé à l’atelier sur la réconciliation dans la société, j’ai commencé à réfléchir : que pouvons-nous faire, comme personnes ordinaires, pour faire de ce monde ce qu’il devrait être ? L’un des plus grands dangers dans les conflits entre les peuples, les nations et/ou les ethnies, c’est de déshumaniser l’autre. Je crois que c’est seulement en traitant l’autre personne comme un vrai être humain que l’on peut atteindre la réconciliation.
Une rencontre marquée par les difficultés du moment
En quelques occasions, surtout lors des échanges, l’histoire de la terre lettone et les questions liées à son identité ont affleuré. Le contexte tendu du moment rendait encore plus significative la présence de nombreux jeunes de l’Ukraine et de la Russie, que frère Alois a ainsi évoquée un soir :
Ces jours nous partageons la joie qui nous vient de Dieu, mais nous n’oublions pas que chacun de nous porte aussi avec soi des fardeaux, parfois très lourds. Pour les uns ce sont des souffrances personnelles, pour d’autres un avenir bouché, d’autres encore portent avec eux les fardeaux de leurs propres peuples. Je pense en particulier à ceux venus de Russie et d’Ukraine. [...]Qu’est-ce qui nous réunit ces jours à Riga ? Dans un monde où nous voyons tant de conflits, armés ou non, nous sommes venus comme pèlerins de paix et de confiance. Nous éprouvons la joie d’être ensemble dans une grande diversité, et de ressentir une profonde solidarité. Nous remercions Dieu de nous réunir, au-delà des frontières et des cultures, dans une unique communion qu’est l’Église.
Deux jeunes de Russie ont, dans leurs témoignages écrits après la rencontre, partagé aussi sur ce contexte régional difficile. Varia, de Saint-Petersbourg, dit ainsi :
Pendant une des prières, j’ai compris combien heureuse j’étais d’être parmi des personnes priant ensemble, oubliant les divisions et les inimitiés. J’ai vu encore et encore une attitude amicale, accueillante ; et l’hospitalité nous aide à dépasser les préjugés. La prière commune dans nos propres langues était un signe d’amitié, comme la réalité visible de la rencontre. La partie invisible, c’est la présence de Dieu, si proche en nos cœurs.
Et Misha, de Moscou, écrit pour sa part :
Dans notre région, nous avons beaucoup de sentiments difficiles, dus à une histoire complexe dans nos relations et même à des conflits en cours. Je suis donc venu à Riga dans l’espoir d’un miracle – celui d’être ensemble devant le Seigneur. Sans juger, mais en priant. Ensemble, et les uns pour les autres. Et je suis reconnaissant aux organisateurs de la rencontre de n’avoir pas prétendu que ces questions étaient sans importance, mais d’en avoir parlé avec beaucoup de soin et de tact. De plus, dans le contexte de la situation dans notre région, chanter ensemble des chants de Taizé en russe – en dépit de toutes ces difficultés – a été pour moi un vrai signe d’espérance.
Le résultat de tout un travail de préparation
La rencontre de week-end s’est préparée pendant plusieurs mois, surtout grâce à une équipe de jeunes de différentes Églises, soutenus par leurs pasteurs. Au printemps, deux jeunes volontaires envoyées de Taizé sont aussi venues en Lettonie. Maria, de la Roumanie, était l’une d’elles :
Depuis que nous avons visité la Lettonie, en mai 2014, pour deux semaines et demie, j’ai pu voir et sentir le grand désir des Lettons d’avoir cette rencontre chez eux – le désir de partager, d’accueillir d’autres personnes, d’être connus et de créer de nouveaux liens au sein de la famille des humains et des chrétiens. C’est une grande joie ces jours d’être ici et de voir que la rencontre se déroule pour le mieux – de voir des visages familiers rayonnant de joie, l’église pleine de jeunes, et de ressentir cette unité au-delà des frontières. Comme toujours, cette rencontre est un grand signe d’espérance pour tous ceux qui sont impliqués.
L’autre volontaire, Mary, de la Corée, a elle aussi participé à la rencontre :
Nous sommes heureuses d’être de retour à Riga ! Comme volontaires de Taizé, nous avons été en Lettonie en mai pour informer et inviter les jeunes à la rencontre. Et maintenant, tout se passe dans une belle atmosphère. Les Lettons sont heureux d’accueillir des gens de différents pays. Nous prions ensemble, chantons ensemble, mangeons ensemble – le tout, « ensemble » en Dieu. Il est très beau de voir et de ressentir cela.