Extraits de la méditation de frère Alois
Nous sommes particulièrement touchés, nous les frères de Taizé, de venir prier avec vous dans cette église située au cœur de Paris, au moment où des représentants de la plupart des pays du monde sont réunis pour s’engager ensemble face au changement climatique, et alors que cette ville demeure encore meurtrie par de récents événements violents.
À Taizé, tout au long de cette année, nous nous sommes rappelé que, sur toute la terre, de nouvelles détresses, migratoires, écologiques, sociales, interpellent croyants des diverses religions et non croyants, et réclament de nouvelles solidarités.
De plus aujourd’hui, dans beaucoup de pays, la violence fait de terribles ravages au nom d’idéologies inhumaines. Sans perdre la lucidité, mais en résistant à la peur, nous voudrions nous laisser inspirer par cette parole du psaume que nous avons chantée ce soir : « Ce que dit le Seigneur, c’est la paix. » […]
Le Christ n’a-t-il pas étendu ses bras sur la croix pour accueillir tout être humain ? Les chrétiens n’ont-ils pas, à sa suite, vocation à promouvoir une fraternité universelle ? C’est la fraternité, la confiance rétablie entre les humains qui est le seul chemin d’avenir pour préparer la paix.
Afin qu’une fraternité universelle se concrétise, il est plus nécessaire que jamais de renforcer les institutions internationales qui fixent démocratiquement des règles pour assurer une plus grande justice et pour maintenir la paix. Nous espérons que la conférence sur le climat soit un pas dans cette direction. Alors cette conférence pourrait être un nouveau signe d’espérance.
Ils sont toujours plus nombreux ceux qui prennent conscience que la fraternité doit s’étendre aussi à notre merveilleuse planète, à toute la création. Les premières victimes des désastres écologiques sont souvent les plus pauvres. Les dérèglements climatiques ont déjà pour conséquence de forcer de nombreuses personnes à quitter leurs lieux de vie. La récente visite à Taizé de Yeb Saño, avec 25 pèlerins de différents pays en route de Rome à Paris, nous a rendus plus conscients des conséquences dramatiques du changement climatique sur un pays comme les Philippines.
La terre appartient à Dieu, les humains la reçoivent comme un don qui leur est commun. La terre est limitée, les humains eux aussi doivent consentir à leurs limites. La terre est notre maison commune et elle souffre aujourd’hui. L’indifférence ne peut pas avoir de place face aux ravages environnementaux.
Oui, exprimer notre solidarité avec toute la création, c’est aussi une manière de chercher la paix. Prenons pour cela des décisions qui touchent notre existence quotidienne.
L’accumulation exagérée de biens matériels tue la joie. Elle maintient dans l’envie. Le bonheur est ailleurs : en choisissant un style de vie sobre, en travaillant non seulement pour le profit mais pour donner sens à son existence, en partageant, chacun peut contribuer à créer un avenir de paix.