Les rencontres de jeunes qui se déroulent ici sur la colline, semaine après semaine, tout au long de cet été, sont à la fois une bénédiction et un appel.
Une bénédiction, parce que Dieu nous réunit au-delà des frontières. C’est une grande joie de pouvoir être ensemble, venus même de pays d’où il n’est pas facile d’arriver jusqu’ici, pour des raisons différentes, comme Haïti ou la Chine.
Ces rencontres sont aussi un appel. Il ne suffit pas de vivre la paix et la réconciliation pendant une semaine ici. Dieu nous envoie tous ouvrir de nouveaux chemins de communion, là où nous vivons.
Dans beaucoup d’endroits du monde nous devons faire face à d’énormes vagues de migrants et de réfugiés. Nombreux sont ceux qui les accueillent généreusement. Mais nous devons constater aussi que, dans certaines régions, certaines villes, le nombre d’arrivants est tel que les habitants sont dépassés et fatigués. Cela est tout à fait compréhensible.
Alors que faire ? Il serait illusoire de penser que cette vague de réfugiés va cesser. Dans l’immédiat nous n’avons pas d’autre choix que de discerner ce qui est nécessaire et juste, dans chaque situation, envers chaque personne, sans naïveté, mais aussi sans céder à la peur ou à la méfiance qui peuvent monter en nous.
Aucune solution ne se trouvera sans multiplier les contacts personnels. La semaine passée j’ai fait une proposition : que tous, nous allions à deux ou à trois visiter des migrants étrangers. Avec le simple but de les connaître, d’écouter leur histoire. Puis - qui sait ? - d’autres pas vont suivre. Beaucoup d’entre vous le font déjà. Je voudrais vous encourager à continuer.
Dans nos sociétés, il y a tant de cloisonnements que nous voudrions dépasser. Cherchez, ces jours, quelles divisions, chez vous à la maison, vous aimeriez surmonter, par exemple aussi par rapport aux personnes âgées souvent isolées. Puis osez faire un pas vers les autres. Il y aura des surprises, peut-être difficiles, mais, j’en suis sûr, vous trouverez une joie profonde.
Le Christ est venu rassembler tous les humains dans l’amour de Dieu. Il n’est pas venu pour créer un groupe de disciples qui se démarquent des autres, qui se mettent à part. Écouter et intérioriser ce message de communion de l’Évangile peut nous donner un grand dynamisme. Exprimer ce message par notre vie peut même devenir le sens de nos existences.
Cette semaine trois jeunes sont retournés en Algérie où ils étudient actuellement. Ils viennent de l’Afrique subsaharienne et sont obligés de vivre plusieurs années en Afrique du Nord, loin de leur pays. Ils se préparent par les études à prendre des responsabilités une fois retournés chez eux. Ils savent que leur pays a besoin d’eux.
Ces trois jeunes vont en retrouver beaucoup d’autres en Algérie, dimanche prochain, dans la ville de Tlemcen, pour deux semaines de rencontres, avec les mêmes thèmes et interrogations que nous avons ici cet été. Ces rencontres de Tlemcen ont lieu depuis plus de dix ans. Je voudrais dire aux jeunes réunis là-bas que nous sommes de tout cœur avec eux.
Un rapprochement entre l’Europe et l’Afrique me semble une des nécessités de notre temps. Le drame de tant de réfugiés, dont un grand nombre se noie dans la Méditerranée, nous choque tous. Nous voudrions que les pays européens collaborent davantage pour accueillir les réfugiés.
Écoutons aussi la demande de tant d’africains qui aspirent à plus de justice dans les relations politiques et économiques internationales. Répondre à cette demande est une des conditions pour que des jeunes africains puissent envisager sereinement de contribuer à la construction de l’avenir chez eux.
Je me réjouis beaucoup d’aller à la fin du mois en Afrique, à Cotonou, au Bénin. Nous y aurons une rencontre internationale de jeunes, une étape de notre pèlerinage de confiance sur la terre.
Huit ou neuf mille jeunes de divers pays africains, parmi eux aussi un petit groupe d’européens, vont passer cinq jours ensemble. Comme à la rencontre européenne ils seront accueillis par les paroisses et logés en familles. Et nous allons nous réunir sous un chapiteau pour prier ensemble.
Je m’en réjouis beaucoup, parce que l’Afrique est un continent jeune, dans les églises il y a une grande vitalité. Nous voudrions nous laisser toucher par cette vitalité. Nous chercherons dans des échanges et des partages quels sont les signes d’espérance qui permettent aux jeunes africains d’envisager l’avenir avec confiance.
Déjà sept frères de notre communauté sont sur place, avec des sœurs de Saint André et une équipe de jeunes volontaires. Nous serons à l’écoute des jeunes africains que nous rencontrerons. J’espère qu’ils vont nous inspirer pour découvrir quelles interrogations seront à la base des rencontres à Taizé l’année prochaine.
Et maintenant Marie, du Tchad, va nous parler. Comme d’autres jeunes de l’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, elle est venue pour trois mois à Taizé.
Marie : Au Tchad nous sommes heureux de vivre en paix entre chrétiens et musulmans, dans les quartiers, les universités, les écoles. Mais cela n’empêche pas que nous soyons aussi confrontés au défi du fanatisme religieux et d’actes terroristes.
Face à ces problèmes, les responsables des différentes religions se réunissent régulièrement pour dialoguer. Nous aussi, dans les divers mouvements de jeunes de l’Église, nous enseignons l’amour et le bien vivre avec les autres.
Personnellement je suis engagée dans un mouvement appelé Kemkogi, ce qui signifie « un seul coeur ». Nous travaillons avec des enfants démunis, orphelins, abandonnés, pauvres, sans faire de différence entre les chrétiens et les musulmans.
A côté d’une aide matérielle que nous pouvons parfois apporter, le but principal est d’encourager les jeunes qui sont souvent désespérés, et de leur donner de l’espoir et de la confiance pour leur avenir. J’aimerais confier à votre prière les jeunes du Tchad et de toute l’Afrique.
Margaux : Il y a des fleurs pour ceux de l’Argentine, Chili, Bolivie, Brésil, Colombie, Guatemala, Honduras, République Dominicaine, El Salvador, Porto Rico, Martinique, Haiti et Mexique.
Pour ceux d’Ouganda, Tanzanie, Kenya,Tchad, Bénin, Sénégal, Soudan et Égypte.
Pour ceux de Russie, Estonie, Finlande et Suède.
Pour ceux de Lituanie, Pologne, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Grande-Bretagne et Irlande.
Pour ceux de l’Ukraine, Hongrie, Tchéquie, Autriche, Suisse et France.
Pour ceux de la Roumanie, Serbie, Bulgarie, Croatie, Slovénie, Italie, Espagne et Portugal
Pour ceux de l’Australie, États-Unis et Canada
Pour ceux de Corée, Chine, Taïwan, Hong Kong, Macao, Philippines, Indonésie, Myanmar, Vietnam, Inde, Afghanistan, Émirats arabes unis, Liban, Syrie et Irak.
Picture by Christ Beunk (Netherlands)