Nous sommes nombreux sur la colline ce week-end. Au même moment, quelques frères se trouvent aux États-Unis, à Saint-Louis, pour une rencontre de jeunes américains. Nous voudrions saluer les participants à ce week-end qui se tient dans une ville marquée récemment par de graves tensions ethniques, mais où il y a aussi des chercheurs de paix et de réconciliation. La rencontre finira dimanche par une marche de confiance à travers la ville. Nous voudrions leur dire combien nous nous sentons proches d’eux.
Tous nous avons été bouleversés par l’attentat qui s’est produit lundi soir à Manchester, d’autant plus qu’il visait des enfants et des adolescents.
Pour ma part, j’en ai été particulièrement frappé parce que je me trouvais alors à Berlin, pour une rencontre sur le rôle des religions pour la paix. Cette rencontre était organisée par le Ministre des Affaires étrangères d’Allemagne et réunissait une centaine de responsables de différentes religions, juifs, musulmans, chrétiens, d’Europe, du Moyen Orient et d’Afrique.
Il s’agissait d’exprimer que les religions ne sont pas source de violence mais qu’elles offrent un potentiel de fraternité. C’était un signe d’espérance qui s’est manifesté juste au moment d’un fait tragique.
Alors que la violence en arrive aujourd’hui à se montrer si brutale, il est essentiel de multiplier des signes de fraternité entre les religions. Voici trois semaines, nous avions ici à Taizé pour la première fois une rencontre d’amitié islamo-chrétienne, avec trois cents jeunes chrétiens et musulmans qui se sont découverts réciproquement et ont créé de multiples liens d’amitié.
Au mois de septembre, à quelques frères, nous irons avec une centaine de jeunes Européens faire un pèlerinage de quelques jours en Égypte. Nous retrouverons là-bas une centaine de jeunes Égyptiens. Nous chercherons à mieux connaître les chrétiens coptes orthodoxes de ce pays qui vivent dans un contexte musulman. De tels signes d’amitié sont fondamentaux.
Aujourd’hui, jour de l’Ascension, nous célébrons un événement qui n’est pas immédiatement accessible à la mentalité moderne. Avec les images qu’elle avait à sa disposition à l’époque, la Bible raconte que Jésus, quarante jours après sa résurrection, est enlevé au ciel. Ici, sur la droite de l’Église, un petit vitrail essaie de figurer ce que notre imagination ne peut pas se représenter.
Après la mort de Jésus les disciples traversent un moment d’inquiétude, ils sont désorientés. C’est seulement peu à peu qu’ils vont se mettre à croire que Jésus est vraiment ressuscité. Et peu à peu ils vont accepter que Jésus sera désormais auprès d’eux autrement, d’une manière invisible.
Au jour de l’Ascension, Jésus donne à comprendre à ses disciples, et à nous aussi, qu’il ne nous laisse jamais seuls, mais qu’il est présent invisiblement à travers son Esprit Saint, la force d’en haut qu’il va envoyer.
À l’heure de son départ, Jésus dit à ses disciples : « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre. » C’est comme s’il nous disait à nous aussi : c’est à vous maintenant de transmettre mon amour dans le monde, la force de l’Esprit Saint vous donnera le courage nécessaire.
Comme les disciples de Jésus, parfois nous devrons aller vers de nouveaux horizons, au loin ou tout proches, pour communiquer l’espérance de l’Évangile.
Au jour de l’Ascension, nous prions pour que l’espérance de la résurrection s’étende à toute l’humanité. Jésus a vaincu la mort. Il est vivant auprès de Dieu et accompagne chacun de nous. La souffrance, la maladie, la haine et la violence n’ont pas le dernier mot.
Ce soir, je voudrais encore vous dire toute autre chose. Demain, je repartirai pour l’Allemagne, et samedi matin plusieurs autres frères me rejoindront. Nous irons participer au 500e anniversaire de la Réforme, à Berlin puis à Wittenberg, la ville de Martin Luther.
Nous nous sommes réjouis d’y être invités car nous serons réunis non pas pour célébrer une division des chrétiens, mais pour célébrer ensemble le Christ, à la suite de tous ceux qui ont été ses témoins au long de l’histoire, parmi lesquels Martin Luther a une place toute particulière.
Samedi soir, à Wittenberg, nous animerons une prière en plein air, et je rappellerai à ceux qui seront là que l’Évangile porte en lui un message de fraternité universelle et que de nombreux jeunes rêvent que les chrétiens soient unis pour ne plus obscurcir ce message par leurs divisions.
Alors encore une fois je poserai la question que j’ai souvent posée : les Églises séparées ne devraient-elles pas oser se mettre sous un même toit sans plus attendre, avant même qu’un accord soit trouvé sur toutes les questions théologiques ? Que nous osions anticiper l’unité en nous retrouvant souvent ensemble, notamment dans des veillées de prière.
Je ferai une toute simple proposition. Les jeunes Suédois qui sont ici se rappellent que l’an dernier le pape François a fait une visite dans leur pays et il a prié ces paroles, jamais encore exprimées par un pape : « Esprit Saint, donne-nous de reconnaître avec joie les dons qui sont venus à l’Église par la Réforme. »
Alors ma proposition : Ces paroles du pape n’appellent-elles pas une réponse ? Son ouverture aux dons de la Réforme ne serait-elle pas une occasion d’exprimer en retour une prière de reconnaissance pour tout ce que les Églises protestantes reçoivent de l’Église catholique ?
Je termine. Il y a ici ce soir beaucoup de jeunes d’Allemagne, de Suisse et de France. A la fin de cette année, la rencontre européenne sera accueillie dans vos trois pays car, dans la région de Bâle, les trois pays se touchent. A Bâle nous chercherons comment continuer le chemin de réconciliation dont je viens de parler.
Et maintenant, Kris va lire la liste de tous les pays représentés ici et les enfants vont distribuer des fleurs.
Cris : Il y a des fleurs pour les jeunes de Corée, Chine, Hong Kong, Philippines, Indonésie, Vietnam, Inde, Syrie et Irak.
Pour ceux de l’Australie, des États-Unis et du Canada.
Pour ceux de Russie, Norvège, Finlande, Suède et Danemark.
Pour ceux de Lituanie, Pologne, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Belgique et Grande-Bretagne.
Pour ceux de la Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Autriche, Suisse et France.
Pour ceux de la Bosnie-Herzegovina, Italie, Espagne et Portugal.
Pour ceux d’Afrique du Sud, Ouganda, Kenya, Soudan, Érythrée, Sénégal, Madagascar et Égypte.
Pour ceux de l’Argentine, du Brésil et du Mexique.