Nous sommes au milieu d’un bel été et je voudrais ce soir dire mon admiration à celles et ceux qui restent longtemps sur la colline, les permanents qui sont ici pour un an et les volontaires de quelques semaines. Par leur engagement ils soutiennent tellement les rencontres.
Parmi eux se trouvent environ 120 jeunes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et du Proche-Orient. Pour la plupart c’est la première fois qu’ils sont en Europe. Tout est autre : la nourriture, le climat, la manière de vivre les relations humaines. Nous leur disons un grand merci de s’aventurer jusqu’ici. Nous voudrions être à leur écoute pour mieux comprendre leurs pays et comment ils y vivent en chrétiens.
Cet été la présence de chrétiens arabes est marquante, d’Egypte, de Palestine, de Jordanie, du Liban. Ils connaissent souvent des tensions dans leurs pays. Pour les accueillir nous nous sommes mis à chanter en arabe « Ubi caritas Deus ibi est ». Quel étonnement pour beaucoup de découvrir que en arabe Dieu se dit « Allah », et que, depuis toujours les chrétiens et les musulmans utilisent le même mot.
Nous voudrions être proches de ces jeunes chrétiens arabes. Fin septembre nous irons à quelques frères et une centaine de jeunes européens et moyen-orientaux en Égypte, vivre quelques jours de partage et de prière avec cent jeunes égyptiens.
Des frères font aussi des visites au Liban. Ils y découvrent de nombreuses initiatives qui permettent un dialogue entre chrétiens et musulmans. Nous sommes ici heureux d’accueillir actuellement deux jeunes musulmans du Liban, Mohamad et Ali. Je les remercie d’avoir le courage de venir vivre dans un lieu chrétien.
Tous ensemble, nous pouvons réaliser sur la colline une vie de partage. La simplicité que vous acceptez aide énormément : les longues queues pour les repas, être à genoux ou assis par terre dans l’église, le manque de wifi... Bref : partager les mêmes conditions simples est propice pour créer de l’amitié.
Vous avez reçu au début de la semaine les propositions pour 2017. La deuxième invite justement à « simplifier notre vie pour partager ». Pour nous, les frères, une simplification continuelle et un esprit de partage sont fondamentaux. Cela nous entraîne à devenir comme un microcosme d’une fraternité universelle.
Pour les premières communautés chrétiennes le partage matériel faisait partie intégrante de leur foi au Christ. Si nos communautés, nos paroisses, nos mouvements pouvaient donner plus d’attention et d’énergies à un tel partage, nous serions un signe plus clair de l’Évangile !
Dans le Christ Jésus, Dieu est venu partager notre condition humaine jusqu’à la mort, et même une mort violente sur la croix. Et Jésus est ressuscité. Quand nous mettons notre confiance en lui, il fait de nous des témoins de son amour. Il nous inspire des gestes de partage face à la souffrance humaine, à l’humiliation de la pauvreté, aux épreuves des sans-abris et des migrants.
Ayons le courage d’aller vers les autres, même avec très peu de moyens, avec presque rien. Partager notre temps est déjà important dans un monde qui nous pousse à être efficace et à ne pas perdre du temps. Cherchons un style de vie simple. Cela nous aide à mieux apprécier le don et la beauté de la création.
Il est vrai que nous pouvons avoir peur de partager ce que nous avons. Mais quand nous dépassons nos résistances nous découvrons une joie.
Nous le voyons chaque année lors de la rencontre européenne que nous organisons après Noël dans une grande ville du continent. L’hospitalité offerte à des milliers de jeunes donne une grande joie à ceux qui sont accueillis comme à ceux qui les hébergent. Ainsi l’accueil à Bâle pour la prochaine rencontre européenne s’annonce très chaleureux.
Dans la mesure où nous cherchons la proximité du Christ, nous devenons libres pour une vie de partage. Mais il est alors essentiel d’enraciner notre engagement dans l’amour de Dieu pour nous. Pour cela nous nous retrouvons ici trois fois par jour dans l’église. Il s’agit de puiser à la source de l’amour : nous tourner vers le Christ qui a ouvert cette source sur la croix, accueillir l’Esprit Saint qui fait couler cette source en nous de jour et de nuit.
A Taizé nous sommes très reconnaissants de l’encouragement que le pape François nous donne pour une vie dans la joie, la simplicité et le partage avec les plus pauvres.
Il m’a déjà accueilli trois fois pour un entretien personnel. Cette semaine je lui ai écrit pour lui raconter ce que nous vivons cet été. Je voudrais vous demander de prier pour lui chaque jour. Même un soupir en une fraction de seconde y suffit. Au delà des croyants catholiques et même au-delà des chrétiens il soulève une espérance de paix dans l’humanité.
Bonsoir. Je m’appelle Razan, j’ai 22 ans, je suis de Bethleem, en Palestine. Je suis étudiante en ergothérapie à l’université de Bethléem. Je viens de l’église Don Bosco. Don Bosco n’est pas seulement une église, c’est aussi une école et une communauté qui réunit musulmans et chrétiens dans diverses activités.Ici à Taizé, bien que nos pays, nos cultures et nos croyances religieuses soient divers, nous vivons en paix et nous sommes en mesure de partager nos vies. C’est que nous avons tout laissé derrière nous, en particulier le monde bruyant, pour être les uns avec les autres.
Jésus a dit : va, vends ce que tu possèdes puis viens et suis-moi. Il a dit cela parce que la richesse et la paix sont à l’intérieur de nos cœurs. La vie n’a pas de sens si elle n’est pas partagée. Tout acte disparaît, s’il n’est pas accompli au service des autres.
Quand nous tous rentrerons chez nous, rappelons-nous de vivre dans la simplicité. Prions les uns pour les autres, pour ceux que nous avons rencontrés ici, afin que chacun d’entre nous devienne dans sa propre société porteur de paix et de simplicité du cœur.
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