TAIZÉ

Pâques 2020

Cinquante ans d’une joyeuse nouvelle

 
Cette année, dans le contexte particulier que le monde traverse, nous nous souvenons à Taizé qu’à Pâques 1970 avait été annoncée une « joyeuse nouvelle », première étape de la préparation d’un « concile de jeunes » qui fut ouvert en 1974.

Quinze jours avant Pâques, une vingtaine de jeunes de tous les continents s’étaient réunis autour de frère Roger pour élaborer cette annonce. Ils la rendirent publique l’après-midi de Pâques dans l’église de la Réconciliation. En voici le texte :

Le Christ Ressuscité vient animer une fête au plus intime de l’homme. Il nous prépare un printemps de l’Église : une Église dépourvue de moyens de puissance, prête à un partage avec tous, lieu de communion visible pour toute l’humanité. Il va nous donner assez d’imagination et de courage pour ouvrir une voie de réconciliation. Il va nous préparer à donner notre vie pour que l’homme ne soit plus victime de l’homme.

Ces quelques phrases, approfondies l’une après l’autre, ont servi de base à la prière, à la réflexion et à l’engagement des jeunes, chaque année à Pâques pendant la période de préparation au concile des jeunes entre 1970 et 1974.


Concile des jeunes. Frère Roger avec M. Roncalli, frère du pape Jean XXIII
(Photo : Droits réservés)


Célébration du Christ ressuscité

Pour indiquer que la préparation du concile des jeunes sera centrée autour du mystère pascal et pour donner une base à la recherche des jeunes, frère Roger a publié à Pâques 1970, en même temps que la joyeuse nouvelle, une sorte de confession de foi sous la forme d’une triple célébration du Christ ressuscité.

Nous vivrons la préparation du concile des jeunes dans une triple célébration du Christ ressuscité, source jaillissante qui active les forces vives :


Nous célébrons le Christ ressuscité dans l’eucharistie. Elle nous donne de partager la vie du Christ ressuscité et de communier au mystère pascal : participer aux épreuves du Christ qui, jusqu’à la fin du monde, souffre dans son corps, l’Église, et dans les hommes, nos frères ; vivre au plus intime de nous-mêmes la fête toujours offerte par le Christ ressuscité, lui qui seul transfigure les profondeurs de l’homme. L’eucharistie est là pour nous qui sommes faibles et démunis. Nous la recevons dans l’esprit de pauvreté et la repentance du coeur. Dans notre marche à travers le désert, vers une Église de partage, l’eucharistie nous donne le courage de ne pas accumuler la manne, de renoncer aux réserves matérielles et de partager non seulement le pain de vie mais aussi les biens de la terre.

Nous célébrons le Christ ressuscité par notre amour de l’Église, en un amour qui allume un feu sur la terre. Si l’Église est d’une part comme un fleuve souterrain qui, en un mouvement secret et caché, assure de lointaines continuités depuis la première Pentecôte, elle est aussi une « cité placée sur la montagne pour être vue de tous les hommes ». À travers la visibilité de notre amour fraternel, à travers son unité reconstituée, l’Église est appelée à devenir un inégalable ferment de fraternité, de communion et de partage pour toute l’humanité : c’est là l’essentiel de sa vocation oecuménique. À la veille de sa mort, le Christ priait pour que notre unité permette aux hommes de croire.

Nous célébrons le Christ ressuscité dans l’homme, notre frère. Vivant de valeurs pauvres, la prière, la confiance réciproque, nous découvrons que « l’homme est sacré par l’innocence blessée de son enfance, par le mystère de sa pauvreté ». En l’homme, nous voyons le visage même du Christ, « surtout lorsque les larmes et les souffrances l’ont rendu plus transparent, ce visage ». Aussi irons-nous jusqu’à donner notre vie pour que l’homme ne soit plus victime de l’homme.

Dernière mise à jour : 15 avril 2020