Le Pape François
Chers jeunes,
Depuis plus de quarante ans, la communauté de Taizé prépare chaque année une rencontre européenne dans une grande ville du continent et plusieurs générations de jeunes y ont participé. Le Pape François est heureux, cette année encore, de se joindre à vous par la pensée et par la prière. La situation sanitaire ne permettant pas, cette fois-ci, un tel rassemblement, vous avez fait preuve de créativité et d’imagination : bien que dispersés, vous êtes reliés d’une manière inédite grâce aux nouveaux moyens de communication. Et du même coup vous élargissez cette rencontre à des jeunes de tous les continents. Que ces journées pendant lesquelles vous priez ensemble et vous vous soutenez les uns les autres dans la foi et la confiance, vous aident à « espérer à temps et à contretemps », comme le souligne le thème du message qui vous accompagnera au long de l’année 2021.
Le fait même de vous “rencontrer”, même si exceptionnellement vous le faites d’une manière virtuelle, vous met déjà sur le chemin de l’espérance. Comme le Saint Père l’a redit dans son encyclique “Fratelli Tutti”, « Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. » ( n. 8). Ne soyez pas de ceux qui sèment le désespoir et suscitent une méfiance constante, ce serait neutraliser la force de l’espérance qui nous est offerte par l’Esprit du Christ ressuscité. Au contraire, laissez-vous habiter par cette espérance, elle vous donnera le courage de suivre le Christ et de travailler ensemble avec et pour les plus démunis, en particulier ceux qui ont du mal à affronter les difficultés du temps présent. « L’espérance est audace, elle sait regarder au-delà du confort personnel, des petites sécurités et des compensations qui rétrécissent l’horizon, pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne. Marchons dans l’espérance ! » (Fratelli Tutti, n. 55). Puissiez-vous, tout au long de cette année, continuer à développer une culture de la rencontre et de la fraternité et à marcher ensemble vers cet horizon d’espérance dévoilé par la résurrection du Christ.
Le Saint-Père bénit chacune et chacun d’entre vous, chers jeunes, il bénit aussi les frères de la communauté de Taizé, ainsi que vos familles et tous ceux qui à travers le monde participent avec vous à cette rencontre internationale.
Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État de Sa Sainteté
Le Patriarche œcuménique Bartholomée
Chers jeunes,
L’année 2020 qui se termine a porté avec elle son lot d’incertitudes, de souffrances et de tristesses. À l’aube de 2021 nous voyons enfin l’éclat d’une lumière, succincte et fragile, une sortie de crise qu’il nous faudra néanmoins attendre avec patience. De telles crises, notamment lorsqu’elles sont à ce point mondiales, sont autant de révélateurs de la fragilité de notre humanité et de notre profonde dépendance par rapport à cet amour de Dieu qui n’a de cesse de nous embrasser, quand bien même nous en aurions perdu la certitude.
Nous vous saluons très chaleureusement et vous félicitons de prendre le temps, malgré cette pandémie de Covid-19 et de participer, en personne ou virtuellement, à la 43e rencontre européenne organisée par la Communauté de Taizé dans un format exceptionnel. Nous prions très sincèrement que ce message vous trouvera toutes et tous en sécurité et en bonne santé. Que le Seigneur étende sa main bienveillante sur notre planète et tous ses habitants afin de nous délivrer au plus vite de cette épreuve. En préparant ces quelques mots de salutation et d’encouragement, nous avons été invités à plus d’humilité et de modestie. Chaque année, nous avons la joie de vous faire parvenir un message de l’Église Mère de Constantinople, le Patriarcat œcuménique, et nous sommes pris d’un vertige face à l’immensité tragique de ce qu’a été 2020 et du jugement que les futures générations porteront sur ces événements.
Aussi, en ces jours de renouveau, où le temps avance et se retourne sur lui-même, nous accueillons le mois de janvier avec d’autant plus d’espoir que nous souhaitons tous goûter à ce monde d’après. Or, nous ne pourrons prendre la mesure de l’épreuve que nous sommes en train de traverser qu’en exprimant notre reconnaissance pour les nombreux sacrifices qui jalonnent ce chemin de sortie de crise, pour l’incroyable résilience de nos frères et sœurs, ainsi que pour le talent et le savoir offerts sur l’autel du bien commun. En d’autres termes, dans le creuset de cette catastrophe mondiale a été forgée la force d’une espérance renouvelée.
« Déposons tous les soucis de ce monde », chantons-nous durant la divine liturgie. Le fruit de notre espérance dépend de notre capacité à remettre entre les mains du Seigneur nos souffrances et celle de toute l’humanité. Car le Christ s’est offert lui-même « pour la vie du monde », c’est-à-dire pour récapituler ses petitesses, ses limites, sa médiocrité et tout transfigurer au travers de son sacrifice glorieux. C’est ainsi que la croix est devenue un signe d’espérance et non plus de honte. Le saint apôtre Paul de proclamer : « Car le langage de la Croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu (...) il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Évangile. Alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens. » (1 Co 1, 18-23). Espérer contre toute espérance n’est rien d’autre qu’une vie en Christ à laquelle nous vous invitons à offrir vos talents. Le message du Saint et Grand Concile de l’Église orthodoxe se conclut en effet ainsi : « Les jeunes ne sont pas seulement l’avenir de l’Église, mais aussi une force et une présence créatrices. » (§11)
Aussi, nous continuons à prier pour vous et vous bénissons. Que la grâce de l’unité rayonne en chacun et chacune d’entre vous, et qu’elle soit porteuse de l’espérance qui soutient la vie de l’Église, pour que vous soyez de dignes ouvriers de la vigne du Seigneur.
Le Patriarcat de Moscou
Cordiales salutations à tous les participants de cette nouvelle Rencontre européenne de Taizé, traditionnellement organisée pendant les fêtes de la Nativité du Seigneur Jésus Christ suivant le calendrier grégorien.
La rencontre de cette année, autour du thème de l’espérance, a lieu dans des circonstances tout à fait extraordinaires, qui nous renvoient, une fois de plus, aux sources de « notre espérance » (I P 3,15). A première vue, comment garder l’espérance alors que la pandémie fait rage depuis près d’un an, au milieu des souffrances physiques, psychologiques et spirituelles qu’elle a provoquées, avec en arrière-plan les profondes ruptures socio-économiques de la crise actuelle ? L’année qui se termine a été un temps inattendu de mise à l’épreuve, une période où les fidèles du Christ ont été brutalement confrontés à des questions complexes : comment situer notre foi face aux cruelles réalités du monde, si manifestes dans les temps de malheur ? Quel sens ont nos prières qui ne semblent pas influer sur l’issue de l’épidémie ? Quel est le rôle des communautés ecclésiales dans notre vie, peuvent-elles rester unies dans le contexte de restrictions parfois très dures, ne nous permettant pas de nous réunir physiquement ?
Ces questions nous obligent à un examen de conscience, à envisager différemment le lien entre les grandes vertus chrétiennes de foi et d’espérance. L’espérance chrétienne découle directement d’une remise totale de soi, de sa vie et de son travail dans les mains de Dieu ; alors seulement sa douce lumière ne s’affaiblira pas dans les ténèbres de ce monde. Dans une situation qui a révélé toute la petitesse, toute l’insignifiance de nos efforts, même dans la lutte contre un virus invisible à l’œil, toutes les fausses espérances dans des formes d’organisation politique et sociales, dans des leaders, dans la puissance des armes ou dans le pouvoir de la science pour résoudre tous les problèmes, ont été mises en évidence avec plus de clarté que jamais. Mais c’est justement dans cette situation que nous sommes appelés à nous mesurer aux grandes figures de l’Écriture Sainte, personnifiant l’espérance, à Abraham, par exemple qui, selon l’apôtre Paul, « espéra contre toute espérance... c’est pourquoi cela lui fut imputé à justice » (Rm 4,18-22).
Ayant ainsi repris conscience de la dimension théocentrique et christocentrique de l’espérance, nous pouvons aller plus loin, découvrant l’immense force créatrice de cette vertu, apparemment modeste et discrète. Comme l’écrivait le grand poète Charles Péguy, l’espérance est « source de vie, parce qu’elle ne cesse de détruire l’habitude. Elle est semence de toute naissance spirituelle. Elle est source et fontaine de grâce parce qu’elle est celle qui ne cesse d’ôter l’habit mortel de l’habitude ». L’espérance permet de dépasser les limites de l’ordinaire, de la routine, du pétrifié, de s’ouvrir vraiment au souffle du Saint-Esprit. Les signes de Son action se sont manifestés et se manifestent dans ces temps terribles de pandémie. Combien de « héros invisibles » - médecins, infirmières, vendeurs, travailleurs sociaux – servent modestement leur prochain dans le contexte extraordinaire de ces derniers mois ! Combien de prêtres, de moines, de laïcs, de fidèles de nos Églises exercent leur vocation en risquant parfois leur vie ou leur santé ! Combien de communautés, malgré d’inévitables difficultés financières, ont mis en place d’importants programmes d’aide à ceux qui souffrent, aux plus faibles, aux membres les plus vulnérables de la société !
Remerciant le Seigneur de l’action de Sa grâce, même face à la mort, aux souffrances et aux destructions, aspirons à agir en « ouvriers pour la vérité » (III Jn 1,8), en « ouvriers de Dieu » (I Co 3,9). Priant pour le repos de l’âme de ceux qui sont morts pendant la pandémie, pour la guérison des malades et la consolation de ceux qui souffrent, réfléchissons à ce que à quoi le Christ nous appelle dans ces circonstances particulières. Que la force de l’espérance, enracinée dans la personne et dans la doctrine de notre Seigneur et Sauveur, soit le phare qui illumine notre chemin en ces temps difficiles.
Je souhaite que cette rencontre de Taizé profite spirituellement à tous, et j’invoque sur vous la bénédiction divine.
Hilarion, Métropolite de Volokolamsk, Président du Département des relations ecclésiales extérieures du Patriarcat de Moscou
L’Archevêque de Canterbury, Justin Welby
« N’ayez pas peur, car je vous annonce une bonne nouvelle qui sera une source de grande joie pour tout le peuple » (Luc 2,10)
Lorsque les anges sont apparus aux bergers dans les champs près de Bethléem, les bergers étaient terrifiés. Mais les anges leur ont apporté un message de réconfort et de joie. Ils furent réconfortés de leur peur et reçurent la très heureuse nouvelle de la naissance du Sauveur, Jésus Christ.
C’est avec plaisir que j’envoie mes vœux à la communauté de Taizé et à tous ceux réunis à Taizé ou en ligne pour la rencontre européenne de cette année. Il est dommage que votre rencontre ne puisse se tenir à Turin comme prévu, mais il est important que nous fassions tout notre possible pour protéger la santé de tous en cette période.
Partout dans le monde, les gens font face à une menace invisible en la forme du virus Covid-19 qui, cependant, devient visible dans les maladies et la souffrance. La pandémie impacte les vies de personnes à la santé solide et qui ne sont pas habituées à voir leurs activités limitées. Dans ces circonstances, la peur peut s’installer - peur de la maladie et de la mort, ou pour notre avenir et notre bien-être.
Pourtant, nous nous souvenons du message de l’ange : un message de réconfort et de joie : “N’ayez pas peur”. Alors que je regarde tout autour du monde je vois une création belle et fragile, faite et aimée par Dieu. Je vois dans le peuple de Dieu à travers le monde une résilience et une espérance, en dépit des difficultés et je prie pour que les jeunes rassemblés virtuellement à travers l’Europe en ces jours les plus courts de l’année, trouvent joie et réconfort dans les célébrations de Noël lors desquelles “la lumière luit dans les ténèbres” (Jean 1,5). Je prie aussi pour que, en recevant le message de l’ange, nous puissions tous devenir nous-mêmes des messagers de réconfort et de joie pour ceux autour de nous qui sont remplis de peur ou dont l’espoir faiblit. “Car Dieu, qui a dit : La lumière brillera du sein des ténèbres ! a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ.” ( 2 Corinthiens 4,6).
Meilleurs vœux à tous en ces fêtes de Noël. Que Dieu donne à chacun de vous son réconfort et sa joie, son espérance et sa paix.
Le Secrétaire Général par intérim du Conseil Œcuménique des Églises, Père Ioan Sauca
Chers sœurs et frères en Christ,
C’est avec joie que je vous écris aujourd’hui pour transmettre les salutations du Conseil œcuménique des Églises à la communauté de Taizé et en particulier aux nombreux jeunes qui sont sur le point de rejoindre votre rassemblement annuel de jeunes, bien que dans un format différent, en ligne.
En effet, la pandémie de Covid-19 a changé nos réalités de vie bien plus que nous n’aurions pu l’imaginer au départ, et nous continuons tous à nous adapter à de nouvelles façons de travailler, de partager et de prier ensemble.
En tant que Conseil œcuménique des Églises, nous constatons également que la pandémie a amplifié et exposé de nombreuses facettes de l’injustice et de l’oppression dans le monde, affectant notamment les jeunes du monde entier à travers les défis du chômage, l’accès à l’éducation, l’accès aux soins de santé et aux besoins essentiels, l’urgence climatique, la santé mentale, la violence et les conflits.
Alors, où trouver l’espérance au milieu de toutes ces incertitudes ?
En voyant votre thème de cette année « Espérer à temps et à contretemps », permettez-moi de vous offrir un mot de réconfort et de solidarité, et de réfléchir sur trois aspects de notre vie commune ces jours-ci : la prise de conscience, l’affirmation et l’accompagnement.
Prise de conscience des enjeux qui touchent les jeunes et toutes les générations
La pandémie de Covid-19 a révélé peut-être plus clairement que jamais les disparités de notre monde d’aujourd’hui : en termes de revenus et de richesse, d’accès aux soins de santé, de résultats disparates basés sur l’origine ou le genre. En même temps, tant de regards se sont ouverts à cette réalité, qui à son tour a créé des opportunités pour que l’Église vive son appel prophétique. C’est le moment d’être éveillés et proactifs. La prise de conscience, le discernement des signes de notre temps, sont essentiels pour aborder les problèmes des inégalités et de l’injustice autour de nous, et nous avons vu de nombreux mouvements de solidarité surgir, notamment menés par des jeunes, maintenant que beaucoup reconnaissent la nécessité du changement.
Affirmation du leadership des jeunes
Les jeunes jouent un rôle essentiel dans la transformation de Dieu dans toute sa création. En tant que Conseil œcuménique, nous constatons que les jeunes sont non seulement des leaders de l’avenir, mais aussi d’aujourd’hui. Alors, puissiez-vous tous vous sentir encouragés à disposer de votre voix et de votre pouvoir, à exprimer votre opinion et à rappeler aux autres générations votre rôle dans la construction d’un avenir plus pacifique, durable et équitable pour tous.
Accompagnement
Nous sommes tous interconnectés et interdépendants, comme une seule humanité et comme une partie d’une seule création. Lors de notre Pèlerinage de justice et de paix, nous avons appris cette année en particulier que la solidarité, à différents niveaux, va au-delà des rassemblements physiques et en personne. Nous passons de la prise de conscience des signes du temps, à l’affirmation du leadership des jeunes, à une collaboration pour résoudre les problèmes qui nous concernent tous. En tant que jeunes, vous vous mobilisez, vous vous inspirez de la force de vos pairs et des autres, et vous créez des initiatives pour nous amener vers une “nouvelle normalité”. Comme nous le rappelle l’épître de Jacques (2, 14-17), notre foi doit nous conduire à agir - un appel collectif à la mission en tant que disciples du Christ.
Alors que votre rassemblement de cette année approche, en même temps que le temps de Noël, puissions-nous tous voir que le message d’espérance qui se trouve en notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vit aujourd’hui, tel qu’il était et tel qu’il sera. Je prie pour que vous continuiez à permettre au Saint-Esprit de faire son chemin à travers vous, que vous permettiez à l’amour de Dieu de toucher vos cœurs, la sagesse et la force de Dieu pour vous donner du pouvoir dans notre travail pour la justice et la paix, et le réconfort et la paix de Dieu pour vous accompagner tous les jours de votre vie.
Le Secrétaire du Forum Chrétien Mondial, Rev. Casely Baiden Essamuah
Au nom de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, je vous transmets les salutations fraternelles du Forum chrétien mondial à la communauté internationale des jeunes qui se réunit pour la nouvelle année à Taizé.
Cette année a sans aucun doute été témoin de changements sans précédent dans nos vies à tous, individuellement et collectivement. Pour une fois, nous pouvons dire qu’il y a eu quelque chose de mondial qui a eu un impact direct sur notre vie quotidienne. Et pourtant, au milieu de cette pandémie, il y a eu des oasis de bonne volonté et d’infaillibles actes de charité. Cette période où nous avons vécu le pire de la vie a aussi fait ressortir, chez certains d’entre nous, nos meilleurs anges.
Vous vous réunissez, même si c’est sous une forme différente, pour célébrer le don de la vie que nous partageons tous en ce moment, alors même que nous commémorons ceux qui ont perdu la vie. Vous vous réunissez pour réfléchir à notre avenir commun sur cette planète, en particulier à la lumière de tous les défis auxquels nous sommes confrontés. Vous vous réunissez, non pas seuls, mais ensemble, pour démontrer que vous pouvez faire beaucoup plus ensemble que seuls.
Notre monde a besoin de votre leadership, maintenant plus que jamais, et ne sous-estimez donc pas le pouvoir que vous avez lorsque vous vous réunissez, pour réfléchir, pour faire silence, puis pour agir.
Je prie pour que vous repartiez avec les moyens de faire face aux défis de la vie, dans une ère post-Covid, où il y aura plus d’équité dans le partage des ressources de cette planète. Chacun d’entre vous est aimé par le Créateur, lui qui nous a fait le plus beau des cadeaux, à Noël, en se donnant lui-même.
Le Secrétaire Général de la Fédération luthérienne mondiale, Rev. Martin Junge
Forts de la belle histoire de la naissance de Jésus dans l’étable de Bethléem, nous renouvelons notre espérance et notre joie en étant assurés de la volonté permanente de Dieu de venir dans ce monde et de s’enraciner en lui. Dieu trouve toujours un moyen d’être le Dieu-avec-nous, Emmanuel !
Ceci est également vrai en cette période de pandémie, où nous avons souffert avec de nombreuses personnes qui ont perdu leurs proches et ont dû relever le défi de ne pas se rencontrer ou se rassembler, comme nous pouvions le faire auparavant. Cela vaut également pour votre rencontre annuelle, qui se déroulera dans un format mixte, et non dans la ville de Turin, comme prévu. Pourtant, chers amis : Dieu entrera et vous trouvera en tant que communauté réunie pour discerner et être fortifiée dans un chemin d’espérance. C’est l’histoire de l’irruption de Dieu dans ce monde en Jésus-Christ !
Je me réjouis que vous vous réunissiez pour votre rassemblement annuel, en faisant tous les efforts pour continuer à vous engager les uns avec les autres, prier, réfléchir, célébrer et envisager l’avenir. Il y a un “défi prophétique” dans votre engagement à la réconciliation et, maintenant, dans votre résolution à vous rencontrer, preuve du don de la foi que Dieu a éveillé dans vos cœurs. Louange à Dieu pour votre témoignage ! Chers amis, en cette saison, nous sommes appelés à partager les dons dont nous avons été dotés. Au vu de ce qui se passe autour de nous, la question peut être pertinente : notre témoignage continu de la bonne nouvelle de l’Évangile de Jésus-Christ est-il à temps ou à contretemps ?
Reconnaissant les difficultés et la douleur, les défis et les contraintes auxquels nous pouvons être confrontés, je crois que c’est le meilleur moment possible pour vivre notre appel à partager les dons de la foi, de l’espérance et de l’amour dans un monde confus et fracturé. Chers sœurs et frères, nous sommes dans le bon moment, grâce aux dons de la foi qui nous sont conférés.
Je prie pour votre rassemblement, en faisant confiance à Dieu qui trouve toujours un moyen de se rendre présent, alors que vous vous engagez dans ce nouveau format. Qu’Il vous nourrisse, vous guide, vous inspire pour un pèlerinage continu d’espérance dans ce monde.
Le pasteur Christian Krieger, président de la Conférence des Églises européennes
Chers pèlerins de la confiance,
Je vous adresse les salutations fraternelles et les encouragements de la conférence des Églises européennes, et de ses 114 Églises basées dans plus de 40 pays. Je sais que vous aviez ardemment rêvé de vous rendre à Turin pour vous retrouver, pèlerins de tous les horizons européens, et célébrer ensemble ce Dieu qui nous bénit en devenant l’un des nôtres, en prenant sur lui la condition humaine pour l’accueillir et manifester aux yeux du monde l’indéfectible amour qu’il porte à chacun.
Je sais également combien ce rendez-vous annuel du pèlerinage de la confiance est important pour chacun de vous, pour l’approfondissement de votre propre foi, pour l’affermissement de la confiance qui est donnée à chacun de vous. Se déplacer, rencontrer l’autre, échanger avec l’étranger, partager avec quelqu’un de différent est une démarche de foi fondamentale. Ces actes permettent d’inscrire votre spiritualité personnelle dans l’horizon de l’Église de Jésus-Christ ; cette Église qui n’a pas de limite ni de frontière, mais un centre, celui posé par cette parole faite chair. Ainsi, rencontrer l’autre, notamment lorsqu’il s’agit de dépasser les frontières de ses habitudes, mais aussi celles des possibles et de l’inimaginable, devient un de ces lieux où le visage de Dieu se mêle au nôtre, pour bénir de sa présence notre humanité qu’il veut réconcilier.
Cette année le pèlerinage de la confiance, qui vous offre cette si essentielle rencontre avec l’altérité, est compliquée par la crise pandémique que le monde traverse. Depuis de longs mois, des mesures sanitaires empêchent l’amitié, la fraternité, la louange du créateur, la vie sociale et culturelle, de déployer pleinement leurs ailes. Depuis de long mois, cette crise sanitaire isole, affecte, endeuille, assombrit l’horizon, voire plonge dans le désespoir. Affrontant l’adversité de cette pandémie et confrontés à notre propre vulnérabilité, nous avons besoin de confiance et d’espérance.
Et plus globalement, notre monde en souffrance, en prise avec de nombreuses tensions, a lui aussi besoin de se laisser réconcilier pour retrouver des chemins de confiance. Face au défi que représente l’urgence climatique, face à la résurgence de tensions internationales, au développement des logiques de repli, au regard de l’incapacité des pays européens d’apporter une réponse humaine à nos frères et sœurs qui se noient en mer Méditerranée, devant les conséquences sociales et économiques de la présente crise pandémique, les chrétiens ont vocation à être porteurs de confiance et témoins d’espérance.
La confiance naît d’une parole donnée. Dans la bible, cette parole donnée se fait promesse de présence, de compagnonnage, de vie, de bénédiction. Même perturbé par les circonstances présentes, éprouvé par l’adversité de la vie, contesté par la finitude de l’existence humaine, notre pèlerinage de la confiance demeure porté par le souffle divin. En cette année si particulière, mes prières vous accompagnent et vous encouragent à explorer le lien digital, en attendant de pouvoir à nouveau célébrer la vie en vous rencontrant en personne, je l’espère l’an prochain.
L’Évangile de Noël nous annonce qu’à Bethlehem, Dieu a accueilli nos fragilités et pris sur lui notre vulnérabilité. Il l’a fait en devenant lui-même fragile, vulnérable, tributaire de la bienveillance d’autres. Que la promesse inhérente à cette naissance et le souffle d’espérance dont le Christ est porteur apaisent vos cœurs, illuminent vos esprits et dirigent vos pas vers celles et ceux qui sont confiés à notre compassion.
La Présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen
Depuis de nombreuses années, la communauté de Taizé a été pour moi une source d’inspiration, ainsi que pour des millions de personnes à travers le monde. À Taizé la foi n’est jamais vécue comme une frontière, un obstacle qui divise les gens. Au contraire, la foi est une invitation au dialogue. Dans cet esprit, les frères rassemblent chaque année des milliers de jeunes, pour découvrir ce qu’ils partagent en tant qu’êtres humains.
Cette année, plus encore que jamais auparavant, les hommes et les femmes de par le monde ont réalisé à quel point nos destins sont liés. Nous partageons la même fragilité. Toutes nos vies ont été secouées par la pandémie, d’une manière ou d’une autre. Et tous nos pays doivent faire face aux conséquences du changement climatique. En tant qu’êtres humains, nous sommes tous face à un même choix. Nous pouvons nous concentrer sur nos différences, nos désaccords et nos incompréhensions. Ou nous pouvons choisir d’unir nos forces pour le bien - c’est-à-dire pour protéger la dignité de chaque être humain et la beauté de la création.
Dans un moment de si grands défis pour l’Europe et le monde, il serait facile de désespérer. Mais comme Frère Alois nous l’a rappelé, des signes d’espérance nous arrivent des quatre coins du globe. Un nombre incalculable d’hommes et de femmes ont donné de leur temps et même risqué leur vie pour aider les personnes âgées, malades, seules. Des jeunes de toutes nationalités se sont mobilisés pour notre planète. Et ici en Europe, nous avons décidé de joindre nos forces pour soutenir les pays qui ont été frappés le plus rudement par la pandémie. Cette année de souffrance est devenue une année de solidarité.
“Personne ne se sauve seul” : pendant ce rassemblement vous réfléchirez au sens de ces mots. Pour les gens de foi, cela signifie que tout ce dont nous avons besoin pour être sauvés est la grâce de Dieu. Mais cela veut aussi dire que nous avons besoin les uns des autres - pour mettre fin à la pandémie, pour construire une économie plus verte et plus juste, pour mettre fin à la destruction de la Création.
J’espère que cette rencontre - même dans son format exceptionnellement virtuel - pourra être une opportunité pour tous de construire de nouvelles amitiés et de renforcer votre âme. Laissez-moi vous souhaiter à tous un joyeux Noël et une très heureuse année : une année de guérison, une année de solidarité et de joie.