Alors que l’été touche déjà bientôt à sa fin, c’est une joie particulière pour nous les frères de vous accueillir cette semaine à Taizé, qui est la plus grande de l’été. Avec les sœurs et les volontaires qui vivent auprès de nous, nous étions bien tristes, au printemps, de devoir fermer l’accueil : alors nous sommes très heureux de vous revoir si nombreux cette semaine.
Dans le contexte difficile que nous connaissons tous, il est très important de se retrouver, de prier et d’échanger ensemble, et de nous écouter mutuellement. Bien sûr, nous aimerions que la pandémie soit derrière nous - hélas ce n’est pas le cas - mais nous sommes d’autant plus reconnaissants de pouvoir vivre ces belles rencontres d’été.
J’aimerais remercier particulièrement les intervenants qui animent, ces jours, les ateliers au programme de la semaine de réflexion pour les jeunes de 18 à 35 ans : vos expériences et vos témoignages nous interpellent et nous invitent à ne pas nous laisser décourager par l’ampleur des défis du moment.
Oui, beaucoup de gens font face courageusement, en cette période, à de nombreux défis. Je pense à celles et ceux qui ont vécu l’épreuve de la maladie, ou qui ont perdu un proche, parfois sans pouvoir lui dire au revoir. Je pense aussi aux soignants si exposés, au personnel hospitalier. Et n’oublions pas, dans notre prière, celles et ceux qui exercent des responsabilités dans la vie publique.
Ici à Taizé, nous rencontrons bien des jeunes qui ont souffert, les mois passés, de la solitude ou qui se posent avec anxiété des questions sur leur avenir. Aux souffrances liées à la pandémie, s’ajoutent pour beaucoup l’inquiétude devant l’urgence climatique et les désastres environnementaux, qui se sont multipliés cet été en de nombreux lieux de notre planète.
Et tant de peuples du monde semblent traverser des épreuves qui n’en finissent pas ! Ce soir, nous avons prié pour les personnes qui tentent ces jours-ci de quitter l’Afghanistan : oui, gardons dans notre prière ces femmes, ces hommes et ces enfants dans le désespoir à Kaboul, et les victimes de l’attentat de cet après-midi près de l’aéroport. Prions aussi pour le peuple haïtien bien aimé éprouvé encore une fois par un grave tremblement de terre, et pour d’autres peuples du monde encore.
Face à la lassitude et au désarroi de beaucoup, la question se pose : de quelle source vivons-nous ? Des siècles avant le Christ, déjà le prophète Isaïe montrait une source quand il écrivait : « Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leurs forces, ils courent sans lassitude et marchent sans fatigue. »
Cette source est déposée en chacun de nous. A nous de la désensabler toujours à nouveau en nous efforçant de mettre notre confiance en Dieu, en son amour qu’il renouvelle sans cesse.
Cette démarche de confiance peut nous aider à tout assumer de notre existence, même les événements difficiles : la recevoir comme un don et nous ouvrir toujours plus à ceux qui nous sont confiés. Alors peut se réaliser un retournement : nous ne vivons plus centrés sur nous-mêmes. En accueillant la présence de Dieu dans notre cœur, nous préparons aussi le chemin de sa venue pour beaucoup d’autres.
Cette année, nous réfléchissons avec vous au thème “Espérer à temps et à contretemps”. Dans ce message pour 2021, vous pourrez lire cette phrase : « Croire, n’est-ce pas d’abord faire confiance à une présence qui est à la fois au tréfonds de notre être et dans tout l’univers, insaisissable et pourtant bien réelle ? »
Cette présence ne s’impose pas à nous de l’extérieur, même si nous pouvons en percevoir des signes dans les événements de notre vie et dans les personnes qui nous entourent. Cette présence bienveillante est toujours là, malgré les doutes et même si nous avons l’impression de ne comprendre que très peu qui est Dieu.
Frère Roger, qui a initié la vie de notre communauté il y a plus de 75 ans, le disait souvent : même si nous ne comprenons que très peu de l’Évangile, nous pouvons chercher à en saisir davantage à partir d’une parole qui nous est devenue importante et que nous essayons de mettre en pratique.
Et peu à peu nous entrons dans la confiance de Jésus lui-même : comme lui nous sommes enfants de Dieu, qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer, et qui pourtant est là, tout près de nous. Par son Esprit, il demeure en nous. Et, dans cette même confiance du Christ, nous pourrons trouver une force d’âme qui donne élan à notre vie.
Après cet été, le pèlerinage de confiance, que nous avons commencé il y a bien des années, va continuer. Les rencontres internationales vont se poursuivre à Taizé, vous êtes toujours les bienvenus si le contexte sanitaire nous permet de nous rassembler.
À la fin de l’année, du 28 décembre au 1er janvier 2022, nous aurons notre prochaine rencontre européenne à Turin, en Italie. Même s’il est difficile de dire encore à quoi ressemblera cette rencontre, nous vous y invitons déjà et les frères qui seront sur place à partir du mois de septembre nous donneront bientôt des nouvelles !
Le pèlerinage de confiance aura une étape en Terre Sainte du 8 au 15 mai 2022. Cette nouvelle étape est préparée en collaboration avec l’Institut œcuménique de Tantur à Jérusalem et plusieurs Églises de Terre Sainte.
L’été prochain, nous prévoyons déjà à Taizé deux événements particuliers : du 13 au 17 juillet 2022, la cinquième rencontre d’amitié entre jeunes chrétiens et musulmans. Et, du 21 au 28 août 2022, aura lieu la prochaine semaine de réflexion pour les 18-35 ans.
Encore un mot. Ces derniers temps, en cherchant à répondre à la question “Qu’est-ce que Dieu attend de notre communauté en cette période de grands changements dans le monde et dans l’Église ?” le projet est né d’échanger plus profondément sur notre vie et sur notre futur avec quelques personnes extérieures à notre communauté. Deux femmes et deux hommes de différentes origines confessionnelles et exerçant diverses responsabilités ecclésiales sont ainsi arrivés parmi nous pour une “visite fraternelle” et nous aurons des entretiens avec eux ces jours. Je confie cette démarche, nouvelle pour nous, à votre prière.