Certains disaient qu’il était irréaliste d’attendre de grands changements en si peu de temps, tandis que d’autres étaient manifestement déçus que plusieurs des grands problèmes de la vie publique n’aient pas reçu un début de traitement. Cependant la plupart semblaient s’accorder pour dire que quelque chose de fondamental avait changé. Ils croient que les gens se sentent plus libres de s’exprimer, et qu’une certaine crainte diffuse s’est dissipée. Et pendant cette visite, beaucoup s’exprimaient très publiquement alors que se déroulait la campagne pour les élections parlementaires.
L’Ukraine était un pays très coloré, avec les militants de chaque parti très visibles dans toutes les villes, grandes ou petites. Chaque ville avait ses petites tentes aux couleurs de chaque parti (orange, bleu, vert, jaune…) et sur chaque pont, toute la journée, des gens agitaient de grands drapeaux pour chacun des partis. Le choix ne manquait pas pour les électeurs, avec quelque 45 partis cherchant à entrer au Parlement (seuls 5 y réussiraient !). Cette cacophonie créait une évidente confusion et de la déception aussi pour beaucoup. Les alliés politiques d’hier étaient apparemment divisés maintenant. Cela rappelle un Ukrainien disant que là où se tiennent 2 Ukrainiens, on trouve 3 dirigeants !
La pastorale des les jeunes
Pour l’Église aussi cette période n’est pas facile à plus d’un égard. Les divisions demeurent à la fois à l’intérieur de chaque Église et entre elles. Et bien sûr il y a toujours la tentation de mêler questions religieuses et questions politiques d’une manière qui ne rehausse la réputation ni d’une sphère, ni de l’autre. Un jeune prêtre orthodoxe expliquait comment il a commencé des rencontres hebdomadaires pour les jeunes il y a environ un an dans une nouvelle paroisse du centre de Kiev. À l’approche des élections, il a fixé la règle que si certains voulaient parler politique, ils ne pouvaient le faire que dehors, dans la rue ! Il semble que dans l’Église orthodoxe, le travail avec les jeunes commence à se développer désormais. Récemment, environ 200 jeunes de toute l’Ukraine se sont réunis dans le fameux monastère des Grottes à Kiev pour partager leurs expériences sur la manière de s’engager envers autrui. Beaucoup mettent l’accent sur le travail social pour les plus démunis. Plusieurs projets ont trait au problème grandissant du sida, au trafic et à l’exploitation des jeunes femmes. Plusieurs paroisses orthodoxes de Kiev ont maintenant d’actifs groupes de jeunes. Dans un monastère, le jeune abbé accueille environ une centaine de jeunes chaque semaine pour des rencontres sur différents thèmes qui les intéressent.
Parmi les handicapés
Pendant la visite à Vinnytsa, une ville à environ 250 km de Kiev, Iryna, une jeune femme handicapée physique, qui a participé à la rencontre de Milan, accueillait le frère. Elle voulait lui montrer ce qu’elle réalise avec d’autres pour ceux qui les entourent. À Milan elle a fortement marqué ceux qui l’écoutaient lorsqu’elle a insisté sur l’importance de donner de son temps libre pour d’autres. Elle enseigne dans un centre pour enfants handicapés physiques et mentaux. Il était très réconfortant de voir les visages souriants de bon nombre de ces enfants, dont la vie n’est souvent pas facile du tout, et l’attention qu’elle et son équipe leur accordent. L’un des problèmes pour eux, c’est que, passé un certain âge, les enfants ne peuvent plus venir au centre et qu’ils sont souvent laissés à eux-mêmes ou aux soins de leur famille. Iryna a fondé une petite organisation pour essayer de travailler à l’amélioration des conditions de vie des handicapés plus âgés.
En Ukraine de l’ouest, il y a eu des rencontres avec de nombreuses personnes présentes à Milan ou à d’autres rencontres de Taizé, surtout des jeunes des Églises catholiques et gréco-catholiques. Dans la cathédrale gréco-catholique de Ternopil, un « Chemin de Croix » était conduit par des jeunes, une forte tradition du temps du Carême. Il comprenait quelques chants de Taizé en ukrainien. Des centaines de personnes étaient là, et la plupart des jeunes sont restés pour une rencontre dans l’église après la prière. Dans un village près de Lviv, il y a eu une petite rencontre avec des jeunes dont quelques-uns pensent venir à Taizé en été avec leur prêtre.