TAIZÉ

L’Islam au Bangladesh

 
Cet été, un des frères qui vivent au Bangladesh a partagé avec les frères à Taizé son expérience des années passées dans le monde musulman.

Je vis depuis 30 ans dans le monde musulman. Le Bangladesh est un pays musulman, c’est le troisième pays musulman du monde. Le premier est l’Indonésie, le second est l’Inde et en troisième vient le Bangladesh bien qu’il soit en train d’être rattrapé par le Pakistan quant au nombre de musulmans : 130 millions.

Le Bangladesh apparaît beaucoup plus qu’au début comme un pays musulman. Quand nous sommes arrivés, on n’avait pas du tout cette impression.

En 1975 on sortait de la guerre d’indépendance avec le Pakistan, cette partie de l’empire indien à majorité musulmane qui s’était séparée de l’Inde. C’était une indépendance non pas pour des questions religieuses ou territoriales mais linguistiques. La guerre d’indépendance a été faite pour affirmer le droit de parler bengalais et non l’urdu qu’on voulait imposer comme langue nationale. Le nationalisme bengalais est basé sur la langue. Trois ans après la fin de la guerre d’indépendance, le pays était officiellement laïc, la langue jouait le rôle unificateur du pays. L’islam était là mais n’apparaissait pas de façon publique.

La première fois où j’ai été très étonné, c’était lors d’un grand rassemblement du parti de l’indépendance : l’appel à la prière avait été entendu et on a interrompu la réunion politique, celui qui parlait a dit qu’il allait faire ses prières. C’était en 1977. En 1978 l’islam a repris une présence visible. Maintenant, quand l’appel à la prière retentit, le bus s’arrête et permet à ceux qui le veulent d’aller prier. Pour le moment ceux qui ne veulent pas aller prier ne sont pas obligés de le faire. Petit à petit l’islam est devenu plus public.

Le grand changement a été en 1978 quand le président de l’époque a fait un amendement à la Constitution et y a introduit comme préambule le premier verset du Coran : « Au nom du Dieu tout puissant et miséricordieux ». L’islam a été introduit comme religion d’Etat ou soutenue par l’Etat. Mais la liberté religieuse a été gardée, ce qui est important, et ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays musulmans : personne ne peut être arrêté ou jugé s’il abandonne l’islam.

Dernière mise à jour : 22 septembre 2006