TAIZÉ

Février 2007 en Afrique de l’Est

 
Au cours du mois de février 2007, deux frères de la communauté, dont un est originaire de la République Démocratique du Congo, ont effectué des visites en Afrique de l’Est.

En République Démocratique du Congo

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Nous voici arrivés à Lubumbashi , la "capitale du Cuivre", située à plus de 2000 km de Kinshasa, la capitale politique du pays. À notre arrivée à l’aéroport, nous ne nous attendions pas à un accueil pareil. Cela dépassait tout ce que j’avais imaginé. Des jeunes et des moins jeunes avaient fait le déplacement pour nous accueillir. Certains avaient même amené des fleurs ! Quel bonheur d’être accueilli par les amis qui nous connaissent mais aussi par tant des jeunes dont la plupart ne connaissait même pas notre communauté. Il y a même la télévision locale qui a couverte notre passage en passant tous les jours un extrait de nos rencontres et de nos visites.

Nous avons rencontré des gens qui nous ont raconté les premiers contacts avec Taizé autour des années 70. De ces rencontres est né "la pastorale des jeunes" qui est le noyau de la formation des jeunes. Certains jeunes nous ont accompagné tout le temps pour faire des visites ou pour rencontrer les responsables religieux, comme par exemple au séminaire de Kafutu. À Kafutu, l’échange avec l’évêque, et plus tard avec les futurs prêtres s’est déroulé dans un climat très cordial.

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À Lubumbashi, la visite d’un centre d’accueil pour "filles à risque" (en d’autres termes les filles de la rue) tenu par des soeurs ursulines en a ému plus d’un. Surtout le fait de voir ces très jeunes filles dont certaines avaient peut-être 7 ans avec un regard rayonnant de joie et de reconnaissance envers les soeurs. Quelle harmonie ! Je pense qu’elles ont trouvé en ces soeurs ce qui leur manquait, la présence des parents. Quelle souffrance pour ces filles quand nous écoutions la soeur nous relater toutes les souffrances et les difficultés de ces jeunes filles dont certaines ont subi des violences de toutes sortes.

Le vendredi, les jeunes avaient organisé un petit échange dans l’église luthérienne suivi de la prière autour de la croix. Il y avait une trentaine de personnes. Le pasteur était touché de voir les jeunes de différentes confessions prier ensemble autour de la croix.

Le samedi, il y avait une journée de réflexion centrée sur l’appel de Pierre à la pêche miraculeuse sur l’évangile de Luc (5, 1-11). La courte introduction biblique était suivie d’un temps d’échange sur la responsabilité que revêt cet appel du Seigneur à Pierre : "Va au large et jette les filets pour la pêche" Cet échange était très important pour ce pays qui est en train d’écrire une nouvelle page de son histoire depuis la tenue d’élections libres et démocratiques. Il y a beaucoup de défis à relever dans ce pays pour faire sortir le peuple de la misère dont il est victime. Cette rencontre était primordiale pour que les jeunes puissent s’exprimer. Lorsqu’on sillonne la ville de Lubumbashi et qu’on voit la richesse que regorge le sous-sol (le cuivre) alors que la population vit dans une pauvreté sans précédent, c’est tout simplement écoeurant. Tant des jeunes sont obligés de travailler parfois dans des conditions inhumaines pour gagner un peu d’argent ; Certains travaillent sans protection aucune dans les mines d’uranium et qui sont exposés aux radiations.

En Tanzanie

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Nous avons été bien accueillis en Tanzanie. Les jeunes sont venus avec le prêtre à l’aéroport. Jeudi soir, nous avons participé à la prière régulière des étudiants en médecine ; nous avons été présentés aux jeunes et nous avons eu l’occasion de leur parler brièvement du pourquoi de notre visite. Le lendemain, nous avons eu la rencontre de préparation de notre journée de réflexion et de prière.

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La journée a commencé par une messe célébrée par l’évêque auxiliaire. Il a été une fois à Taizé. Il s’était fait accompagner de ses parents. Ensuite nous avons eu une introduction biblique sur le texte de Luc 5,1-11, l’appel de Pierre. Dans les petits groupes, l’échange était de toute beauté. Je pense que les jeunes étaient très touchés par l’appel à aller vers les autres et aussi par les questions, entre autres la question sur le don de sa vie pour les autres.
Quel bonheur de retrouver les jeunes que nous avons rencontrés une fois à Taizé ! Certains ont déjà fini les études et travaillent comme médecin, infirmiers… Préparer la visite demandait à ces jeunes un travail énorme : venir après les cours tout en préparant en même temps les examens, pour certains. Quelle admiration de voir ces jeunes visiblement fatigués donner le peu de forces qui leur restaient pour la réussite de la journée…

Nous avons été comblés de bonheur par l’accueil du cardinal et aussi des sœurs franciscaines dont l’une venait du Rwanda. Elle nous a parlé un peu de la situation dans son pays. Bien sûr, partout la même question revenait : comment va la situation au Congo ? Une occasion pour moi de les rassurer sur la situation dans ce pays.

Demain, nous partons pour Nairobi.

Au Kenya

« Ici nous continuons à tisser des liens. Il y aura plus de Kényans cet été sur la colline. Cela nous mobilisera… Nous sommes logés à Umoja, une grande paroisse populaire de la périphérie est de la ville. Nairobi a un centre-ville d’immeubles prestigieux et futuristes et une couronne de quartiers populaires entre lesquels se cachent les bidonvilles où s’entassent 2,5 millions de gens sur 5 % du territoire. Deux fois par jour la ville est en quasi apoplexie car la circulation est bloquée sur tous les grands axes… Nous passons donc toujours beaucoup de temps dans les transports, les embouteillages, les fumées d’échappement et les diverses musiques qui déversent leurs décibels… Le presbytère nous permet de découvrir la vie des prêtres diocésains… »

« Hier nous avons eu notre rencontre à Upper Hill, une paroisse animée par les Salésiens. 150 jeunes sont venus, beaucoup de quartiers pauvres, en particulier Kariobangi d’où nous avons accueilli des jeunes à Taizé ces dernières années. Beaucoup de jeunes découvraient ce coin de Nairobi, émerveillés par l’espace, la verdure, les fleurs, l’église… Il y avait deux mariages très grand style célébrés au début de notre rencontre… Le contraste entre les jeunes des bidonvilles et les invités en grandes tenues et grosses cylindrées, offrait un résumé saisissant de l’abîme qui sépare riches et pauvres, qui cohabitent parfois à quelques centaines de mètres seulement de distance. »

« Hier, nous avons passé pour la prière dans une paroisse de Kariobangi. Ces jeunes nous avaient beaucoup aidés lors de notre journée à Upper Hill samedi dernier, et nous voulions avoir un feed-back. Tous nous ont dit combien ils avaient été heureux de participer à cette rencontre. Avant cette rencontre avec les jeunes, nous avons visité les prêtres anglicans. Très intéressés à poursuivre le dialogue et pourquoi pas, envoyer des jeunes à Taizé. »

« Aujourd’hui, nous avons eu une journée assez mouvementée. Le matin, nous avons participé à la messe de mercredi de cendres. À notre grand étonnement, les prêtres nous ont demandé de les accompagner dans certaines écoles pour l’imposition des cendres aux écoliers des écoles catholiques, officielles et privées (une surprise pour moi). Je n’ai jamais vu quelque chose de pareil au Congo. Les élèves étaient très heureux même si certains ne savaient pas toujours qu’est-ce que cela signifie... Après, nous avons fait un tour avec les prêtres pour visiter des paroisses du doyenné est (le grand doyenné de Nairobi) en compagnie des prêtres dont l’un est responsable des jeunes au niveau de l’archidiocèse. Bel accueil dans les différentes paroisses. Quel contraste entre les paroisses visibles, riches et bien situées, et d’autres pauvres, au fond des bidonvilles !

Jeudi 22 : Nous voici arrivés à Kampala après plus ou moins 13 heures de bus. Nous avons été bien accueillis par des jeunes qui sont restes très tard pour être avec nous. »

En Ouganda

« La rencontre de dimanche à St Augustine Makerere University était de toute beauté. Les jeunes, pour la plupart des étudiants, l’avaient tellement bien organisée ! D’abord, il y avait une petite répétition de chants, puis la prière bien animée par des jeunes. Quel étonnement de voir combien les jeunes apprennent vite les chants ! Après une brève introduction biblique, toujours sur Luc 5,1-11 (nous avons gardé le même texte vu l’impact et l’intérêt qu’il suscite auprès des jeunes, qui sont touchés par ce message sur l’appel à être responsable dans notre monde soumis à toutes sortes de fluctuations). Ensuite il y a eu un temps de silence (plus ou moins 20 minutes) suivi d’un échange en petits groupes, puis un repas simple. Dans l’après-midi, une réflexion sur la Lettre de Calcutta suivie d’un temps de partage en petits groupes. La deuxième partie de la lettre touche beaucoup les jeunes. Parmi ceux qui nous ont aidés, et à qui nous disons un « grand merci », et même si ce n’est pas la coutume de citer les noms des jeunes, mentionnons Alex : étudiant en musique, professeur de musique et membre de « Youth Support Group », ce jeune a été un grand soutien pour nous ; en dépit de ses examens, il s’est donné corps et âme pour la réussite de cette journée. »

« Nous sommes partis ensuite trois jours à l’ouest, à Mbarara, au pays de Linyancoles, dans un groupe de pastoralistes… avec un jour dans une petite communauté de jeunes en voie de réinsertion, engagés dans la sensibilisation des lycéens au sida par la musique et l’animation de séminaires : « Behaviour Change Program » ou « Life in the Spirit »…

Un jour dans une communauté charismatique. C’est une réalité importante dans le pays et au-delà. Elle a huit ans d’existence et elle a une réelle créativité et générosité. Ensuite, nous nous sommes arrêtés chez les Poor Clares ou nous avons refait provision de silence !

À Kampala nous avons continué à tisser des liens avec les responsables de la pastorale des jeunes. L’aumônier national catholique va passer à Taizé pour la Semaine sainte.

Ce matin l’un de nous était dans une des deux cathédrales catholiques, l’autre dans la cathédrale anglicane et ensuite dans la cathédrale orthodoxe… Nous offrons avant tout notre présence… Ce n’est pas très impressionnant et les gens sont un peu surpris que nous n’ayons pas de plan, de projet de développement ou d’installation, ou de recherche de vocations…

Nous ne pouvons pas mesurer l’impact de ces moments offerts parfois sans pouvoir expliquer beaucoup plus sur Taizé… Pastorale de la présence, possible seulement parce que nous nous mettons dans les traces du Ressuscité… Demain nous rencontrons l’aumônier anglican de Makerere…

Dernière mise à jour : 6 mars 2007