En avril - mai, des frères de la Communauté ont fait une série de visites en l’Afrique de l’Ouest : au Bénin, Togo, Ghana, et Nigeria, avec, entre autres, un week-end avec des étudiants au Centre Paul VI à Cotonou, et une retraite au monastère bénédictin de Toffo. Un des frères est originaire du Togo. La dernière semaine d’avril, il a été rejoint pour deux semaines par un des frères qui fait partie de la fraternité de Taizé à Dakar.
Au Ghana
« Au Togo je n’ai pas pu vous envoyer des nouvelles à cause des problèmes d’électricité. Maintenant, je vois qu’au Togo nous ne sommes pas les seuls à avoir des problèmes d’énergie ! Ici au Ghana, c’est la même chose, seulement c’est mieux organisé : les gens savent quel jour ils auront de l’électricité et quel jour ils n’en auront pas, et ils peuvent s’organiser en conséquence. Nous avons eu une rencontre aujourd’hui avec plus de 1200 jeunes de tout le diocèse d’Accra réunis pour la journée des vocations. Ils m’ont invité à parler à tous les jeunes et les responsables venus de différents décanats. Pour certains des prêtres présents, ce sont nos chants qu’ils apprennent au séminaire… Je suis allé pour la messe avec un des prêtres dans une station secondaire à une heure d’Accra. C’est une église en construction dans un village très animé, avec les tam tam. Au début de la célébration, une belle procession. Pendant la messe, il fallait chasser de temps en temps les poules pour qu’elles ne montent pas dans le chœur. Ce fut une si belle célébration ! »
Patrick, de l’église des SS. Martyrs de l’Ouganda à Lomé, Togo, écrit : Chez nous à Lomé, nous avons eu la visite des frères de Taizé qui ont partagé avec nous tant de choses sur la communauté et le pèlerinage de confiance sur la terre. J’ai été très touché de voir sur leur court DVD les jeunes de toutes parts dans le monde ensemble sur la colline pour ranimer leur foi en Dieu, le Dieu d’Abraham. Et de voir ce brassage des chrétiens de tant d’Églises différentes.
Togo et Bénin
Je suis tout juste de retour du Togo et du Bénin…. Ce sont deux pays jumeaux, un même pays en fait, avec un passé récent très différent. Beaucoup de rencontres ont eu lieu dans des communautés ou des églises.
Au Bénin, dans le groupe ethnique des Fon, on dit : « Le pied fait l’homme », c’est-à-dire le lien fait l’homme. Là il y a une sagesse. Le lien est la voie de la communion. En peu de mot les Béninois ont exprimé le sens de notre pèlerinage.
La première découverte à laquelle m’ont conduit mes « pieds » est celle d’un accueil étonnant. Au Bénin, comme au Togo, on accueille en disant : « Bonne arrivée ! ». On est loin d’une phrase toute faite. Ces peuples savent ce qu’avoir soif veut dire, ainsi les premiers mots de salutation se réduisent à la plus simple expression : on est invité à s’asseoir et très vite l’eau est servie. L’eau étanche la soif et met à l’aise, elle confirme qu’on est « bien arrivé ». Puis la « bonne arrivée » est dite de nouveau, on se salue ou on s’embrasse encore, mais cette fois-ci posément, en se regardant, en serrant bien les mains.
Touché par ces gestes d’accueil, j’ai posé beaucoup de questions sur ce « rite de l’eau » et j’ai découvert que tant de moments clés de la vie sont sanctionnés par l’eau : l’accueil, la résolution des conflits, les contrats, le pardon… Dans ces temps où les moyens d’expression tendent à niveler les relations humaines, l’Afrique, continent des « palabres », peut nous rappeler que l’humain se construit non seulement par des paroles, mais aussi par des gestes simples, des symboles forts.
Le « pied » nous a fait découvrir tant d’institutions et de communautés qui animent une espérance… Des jeunes de Cotonou, après un séjour à Taizé, ont compris que l’Église locale les attendait et que leur chant et leur service pouvaient animer la vie de leurs communautés paroissiales. Leurs chants sont ceux de Taizé, quelques-uns adaptés aux langues locales, mais d’autres ont été composés par eux-mêmes, toujours avec un fort contenu biblique et spirituel. Rien de superficiel. Leur fort, c’est la musique et le chant.
…. j’ai découvert le Projet Ayodele. En dix ans, ce qui avait commencé par un petit élevage de 300 poules pondeuses est devenu une belle ferme où les moutons sans cornes, aux oreilles pendantes, côtoient de petites chèvres, des porcs, des zébus et plusieurs milliers de volailles et de lapins énormes… Le noyau d’habitation ou d’élevage est entouré de 30 hectares de belles terres où poussent le maïs, l’ananas, le manioc et une plantation de teck. Aujourd’hui, à la famille d’origine se sont jointes plusieurs familles dont tous les enfants fréquentent l’école du village voisin. Cette ferme magnifique est une rescapée d’un grand nombre d’autres financées par le « Fonds européen de développement » il y a dix ans. Elle a réussi grâce au savoir-faire d’un jeune couple, épaulés par des jeunes qui « en veulent ».