Pendant dix jours j’ai fait des visites en Espagne. Les trois premiers jours j’étais à Madrid. Après je suis allé vers le nord en m’arrêtant à Valladolid, Burgos, Vitoria, Bilbao, Santander, Oviedo et finalement, sur le chemin du retour, à Segovia. Malgré le froid et la pluie, l’accueil était comme souvent en Espagne très chaleureux.
A Madrid j’ai rencontré des groupes qui prient avec une longue fidélité. Le premier soir je suis allé à une paroisse qui se trouve dans la partie sud de Madrid. Le nom du quartier est Carabanchel Alto. C’est un quartier de travailleurs. C’était beau de découvrir que les gens de cette paroisse prient chaque vendredi soir avec les chants de Taizé depuis près de trente ans. "Même s’il n’y a que 4 personnes", ont-ils dit, "nous prions ensemble et cela est un grand soutien". La deuxième soirée j’ai participé a une prière qui depuis dix-sept ans est animée dans une paroisse au centre de Madrid, dans la paroisse de Coeur de Marie. Ces groupes sont un témoignage pour nous. Ils sont conscients que, dans la prière, ce qui compte n’est pas que chaque fois que nous prions il se produise quelque chose d’extraordinaire mais qu’à la longue c’est la fidélité qui va ouvrir le chemin.
Même s’il y a ces signes d’une longue fidélité, j’ai vu comment la situation de l’Eglise en Espagne est difficile : comment faire pour communiquer une bonne nouvelle dans une société qui a profondément changé et qui change sans cesse ? Comment faire pour que les jeunes aient d’abord une rencontre personnelle avec le Christ ?
L’accueil de l’archevêque de Oviedo était particulièrement chaleureux. Le jour avant que j’arrive il m’a téléphoné pour m’inviter à la messe de la Cathédrale. Après la messe, nous avons longuement parlé dans son bureau. Je croyais que ce serait tout, mais il m’a dit qu’il avait réservé tout l’après-midi pour être avec moi. Alors, après le repas de midi, avec quelques prêtres responsables pour la pastorale des jeunes et le séminaire, l’archevêque a participé à une rencontre au séminaire qui était ouverte à tout le monde. La salle était pleine de jeunes, d’adultes et aussi de tous les séminaristes du diocèse. Le soir il y avait une prière dans une paroisse. Là encore il y avait beaucoup de monde. L’archevêque est resté aussi pour la prière.
Face à la situation de l’Eglise en Espagne nous n’avons pas de solutions. Personne n’a la "clé". Mais je crois que c’est important de faire des visites. Car par ces toutes simples visites nous pouvons offrir notre soutien.
2007
Les Îles Canaries ont toujours été marquées par la distance qui les sépare de la péninsule : arriver jusque-là demande environ trois heures d’avion. L’accueil est toutefois sans précédent à chaque endroit, même si la distance entre les villages et les îles semble s’étendre encore plus quand le paysage est tellement désertique. Les îles de Fuerteventura, Lanzarote et Grande Canarie ont accueilli des moments de prière et de rencontre dans de belles églises, remplies par toute une diversité de gens engagés dans leurs communautés locales, agents de la pastorale, communautés religieuses, et des jeunes qui, malgré la période des examens, ont pu faire une halte pour se réunir dans la prière, démontrant ainsi une grande disponibilité.
Parmi eux, beaucoup se souvenaient de la dernière visite des frères sur ces terres, d’autres se rappelaient combien la semaine passée à Taizé dans les années 1970-1980 les avait marqués. Une question commune à tous, à la fin de chaque rencontre, était : Pourquoi ne pas créer dans notre Église locale un temps et un espace de prière et de rencontre qui puisse nous réunir de manière très gratuite et nourrir nos engagements personnels et communautaires ?
Le parcours de visites a continué dans la péninsule, dans les villes de Ségovie, Soria et le village très prospère d’Ólvega, où les prières communes et les rencontres ont été d’une grande beauté dans de très anciennes églises romanes. Parmi ceux qui sont très engagés dans l’Église, apparaissent de grandes questions : Comment motiver et accompagner les nouvelles générations pour continuer leur pèlerinage dans la foi ? Comment proposer un espace de créativité au sein de la communauté paroissiale ? On sent que toute une tradition d’Église dans les petites villes et villages s’entremêle avec un appel urgent à chercher comment accompagner les jeunes dans leur recherche personnelle.