Méditation de frère Matthew
L’espérance comme résistanceJeudi 12 juin 2025 Vous êtes nombreux à être venus de différentes régions d’Allemagne pour être avec nous durant cette semaine où nous célébrons la venue de l’Esprit Saint à la Pentecôte. Il y a aussi parmi nous des jeunes venus d’autres pays. Un salut tout particulier à ceux qui viennent des îles Åland, l’archipel situé entre la Finlande et la Suède, ainsi qu’aux jeunes arrivés récemment de régions encore plus lointaines : du Nicaragua, du Mexique, du Pérou, du Kenya, d’Indonésie, Inde et Thailande… Et nous disons au revoir aux Malaisiens qui ont été parmi nous durant le mois écoulé. Vous avez sans doute lu dans la lettre « Espérer contre toute espérance » combien il a été important pour moi d’écouter des jeunes venant d’Ukraine, du Liban, de Cisjordanie et du Myanmar, vivant des situations de guerre, afin de comprendre ce que signifie l’espérance face aux immenses défis qu’ils ont à affronter. Il était très frappant d’entendre combien la foi en la Résurrection de Jésus joue un rôle central pour eux. Croire en la Résurrection de Jésus demande beaucoup de courage et d’audace. Cela signifie s’efforcer de ne pas être paralysés par la présence de la mort et de la destruction qui nous entourent aujourd’hui. Je me souviens d’une jeune femme du Myanmar qui m’a dit qu’elle savait que Dieu ne les abandonnerait jamais, et que, en vivant un jour à la fois, l’Esprit Saint la consolait et lui ôtait les soucis inutiles. Elle a ajouté : « Je peux tout dire dans la prière, et cela me permet de me battre pour l’espérance ». Cette idée de « se battre pour l’espérance » m’a profondément touché. Quand on voit ce qui se passe dans certaines régions du monde aujourd’hui, sommes-nous prêts à mener ce combat ? La semaine dernière, une bibliste française [1] a donné un cours à nos frères. Elle a parlé de ce qu’elle a appelé « être en résistance d’espérance ». L’espérance n’est-elle pas un acte de résistance, voire de rébellion, qui nous rend capables de voir le bien présent au milieu de toutes les contradictions ? Paul écrit aux Romains : « L’espérance ne déçoit pas, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5,4). L’Esprit Saint nous rend capables d’espérer, en nous rappelant que rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus. Dans quelques jours, vous allez rentrer chez vous. Que retiendrez-vous de votre séjour à Taizé ? Qu’avez-vous appris sur la prière, la vie communautaire et l’écoute de la parole de Dieu ? Le chemin à venir ne sera peut-être pas facile, mais si vous continuez à avancer ensemble, alors votre espérance sera renouvelée. Regardez dans vos écoles, vos paroisses, vos groupes d’étudiants, ce qu’il est possible de vivre ensemble. Demain soir, rejoignez-nous dès 20h ici dans l’église pour une prière silencieuse pour la paix dans le monde. Cette prière peut être un signe de solidarité avec les peuples d’Ukraine et de la bande de Gaza, que nous ne devons pas oublier. Nous nous souvenons aussi des peuples du Soudan, d’Haïti et du Nicaragua. Continuez à prier pour la paix en rentrant chez vous. Que l’Esprit de paix souffle en ce temps de Pentecôte, en donnant courage et force à ceux qui vivent dans des zones de guerre, et en inspirant des décisions audacieuses et créatives aux responsables politiques, en vue de solutions justes et durables. Nous avons été invités pour notre rencontre européenne annuelle du 28 décembre au 1er janvier [https://www.taize.fr/fr_rubrique3933.html] par l’archevêque de Paris et les évêques de la région île-de-France, ainsi que par des responsables protestants et orthodoxes. Cette rencontre sera un signe de notre désir de paix et de fraternité dans la famille humaine, oui, d’une espérance contre toute espérance. Rejoignez-nous à Paris ! Un dernier point : ce samedi, un jeune homme originaire d’Allemagne, qui s’appelle Manuel, va recevoir l’habit de prière de notre communauté lors de la prière du soir. Après avoir passé un certain temps ici comme volontaire et avoir aussi préparé la rencontre européenne à Rostock il y a quelques années, il est rentré chez lui pour terminer ses études. En février de cette année, il a demandé à revenir à Taizé afin de réfléchir à l’appel à devenir frère dans notre communauté. Ce samedi, Manuel fera ce premier pas sur le chemin d’un engagement de toute une vie à la suite du Christ. Nous l’accueillons avec joie ! Merci de prier pour lui.
[1] Anne-Marie Pelletier |