16 août 2015

Messages reçus de la part des responsables religieux

À l’occasion du dixième anniversaire de la mort de frère Roger, le 16 août 2015, plusieurs responsables d’Églises ont envoyé un message d’amitié, depuis Rome, Istanbul, Moscou ou Genève entre autres. D’autres messages sont arrivés et vont être mis en ligne prochainement.

Le Pape François
Le Patriarche œcuménique Bartholomée
Le Patriarcat de Moscou
L’Archevêque de York
Le Secrétaire Général de la Fédération luthérienne mondiale, Rev. Martin Junge
Le Secrétaire général du Conseil Œcuménique des Églises, Rev. Olav Fykse-Tveit
Le Secrétaire Général Adjoint de l’Alliance Évangélique Mondiale, Rev. Wilf Gasser
Le Secrétaire Général du Forum chrétien mondial, Rev. Larry Miller
Le Secrétaire Général de l’Alliance baptiste mondiale, Rev. Neville Callam
L’Archevêque d’Uppsala, Primat de Suède, Rev. Antje Jackelén
La Fédération des Églises protestantes de Suisse, Dr. Martin Hirzel
L’Église protestante unie de France, Pasteur Laurent Schlumberger
L’Archevêque Vieux-Catholique d’Utrecht
L’Église Réformée Évangélique du Canton de Vaud (Suisse)
Ordre Jogye du Bouddhisme Coréen


Le Pape François

En cette année où la Communauté de Taizé célèbre trois anniversaires, le soixante-quinzième de sa fondation, le centième de la naissance de Frère Roger et le dixième de la mort de ce dernier, je m’associe à votre action de grâce à Dieu, Lui qui suscite toujours de nouveaux témoins fidèles jusqu’au bout. J’ai confié à mon Vénéré Frère le Cardinal Kurt Koch le soin de vous transmettre, ainsi qu’à tous les membres de la Communauté, l’assurance de mon affection.

Comme l’a dit le Pape Benoît XVI aux jeunes, à l’occasion de la Rencontre européenne organisée par la Communauté de Taizé à Rome en 2012, Frère Roger fut un « témoin infatigable de l’Évangile de paix et de réconciliation, animé par le feu d’un œcuménisme de la sainteté » (Discours du 29 décembre 2012).

C’est ce feu qui l’a poussé à fonder une communauté qui peut être considérée comme une véritable « parabole de communion » qui, jusqu’à aujourd’hui, a joué un rôle si important pour construire des ponts de fraternité entre les chrétiens.

Cherchant avec passion l’unité de l’Église, Corps du Christ, Frère Roger s’est ouvert aux trésors déposés dans les diverses traditions chrétiennes, sans pour autant accomplir de rupture avec son origine protestante. Par la persévérance dont il a fait preuve durant sa longue vie, il a contribué à modifier les relations entre chrétiens encore séparés, traçant pour beaucoup un chemin de réconciliation.

Nourri par l’Écriture Sainte, Frère Roger se référait aussi à l’enseignement des saints Pères de l’Église, il puisait aux sources chrétiennes et savait les actualiser auprès des jeunes.

Frère Roger comprenait les nouvelles générations ; il avait confiance en elles. Il a fait de Taizé un lieu de rassemblement où des jeunes du monde entier se sentent respectés et accompagnés dans leur recherche spirituelle.

Frère Roger a aimé les pauvres, les déshérités, ceux qui, apparemment, ne comptent pas. Il a montré, par son existence et par celle de ses frères, que la prière va de pair avec la solidarité humaine.

Je rends grâce à Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, pour la vie donnée de Frère Roger, jusqu’à sa mort violente. Puisse la Communauté de Taizé maintenir toujours ardents le témoignage qu’il a rendu au Christ ressuscité et l’appel qu’il a sans cesse renouvelé à « choisir d’aimer ».


Le Patriarche œcuménique Bartholomée

2015 est une année jubilaire pour votre communauté et nous souhaitons vous féliciter à cette occasion. Au croisement du centenaire de la naissance du Frère Roger et du dixième anniversaire de son décès, cet intervalle spirituel est aussi marqué par les soixante-quinze ans de votre communauté.

La convergence de ces trois événements marque parfaitement l’indissoluble destinée entre la figure charismatique de votre fondateur, le Frère Roger, et le courage spirituel qu’il a démontré en rendant tangible sa vocation œcuménique. Il ne s’agit pas uniquement d’avoir une vision, encore faut-il être capable de lui donner un corps et une âme. Ainsi, inspiré par la force de l’impérieuse nécessité de l’unité des chrétiens, Frère Roger a non seulement travaillé la matière extérieure d’une communauté authentiquement multiconfessionnelle, mais il a aussi été le promoteur d’un œcuménisme spirituel qui se caractérise par une attention particulière portée aux jeunes.

L’unité des chrétiens est une évidence à laquelle nous sommes attachés par un engagement irréversible. Or, lorsque le temps passe, que les décennies se suivent, que l’enthousiasme du commencement s’essouffle, il est nécessaire de s’interroger sur les raisons de l’unité. Outre l’injonction du Christ dans l’Évangile selon saint Jean, « Soyez un ! » (Jn 17, 21), déterminant à elle seule notre recherche du rétablissement du lien de communion, il est indispensable de comprendre l’actualité sans cesse renouvelée de ce commandement. Certes, les conditions historiques évoluent. En revanche, notre indéfectible attachement au rapprochement des chrétiens, à l’unité de nos Églises tient à l’émergence d’un kairos œcuménique, par lequel la catholicité ecclésiale se manifesterait.

Le Frère Roger vous a laissé comme testament spirituel l’espérance. Or, le regard de cette dernière est toujours porte vers l’avenir, c est-à-dire qu’elle s’enracine dans les générations les plus jeunes. Nous tenons à saluer l’importante mission de la Communauté de Taizé à l’égard de cet œcuménisme de la vie qui trouve sa source dans un esprit de fraternel échange, dans la fidélité à l’Écriture sainte et aux Pères de l’Église.

Nous terminerons ce modeste message en vous rappelant ces mots du théologien orthodoxe Olivier Clément : « La ’confiance’ est un mot clé à Taizé. Les rencontres animées par la communauté, en Europe et sur d’autres continents, font partie d’un pèlerinage de confiance sur la terre. Le mot ’confiance’ est peut-être l"un des mots les plus humbles, les plus quotidiens et les plus simples qui soient, mais en même temps l’un des plus essentiels. »

Aussi, est-ce dans cet esprit de « confiance » dans le Seigneur, que nous vous félicitons une nouvelle fois à l’occasion de cette année jubilaire pour votre communauté et nous prions le Christ notre Dieu pour qu’il fasse croître dans l’espérance votre essentielle mission au service de l’unité des chrétiens.


Le Patriarcat de Moscou

En cette journée toute particulière pour la communauté - commémoration solennelle de son fondateur, le frère Roger -, je vous salue de tout cœur au nom du patriarche de Moscou et de Russie Cyrille ainsi qu’en mon nom propre.

C’est entièrement et sans la moindre réserve que la vie de frère Roger, tragiquement interrompue il y a dix ans, a été consacrée au service de Dieu et des hommes, en pleine conformité avec l’enseignement du Christ « Ainsi votre lumière va-t-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5, 16).

Lors de la Seconde guerre mondiale frère Roger a souvent risqué sa vie pour en sauver d’autres, volant au secours non seulement des chrétiens mais de tous ceux qui en avaient besoin car « Là, il n’est plus question de Grec ou de Juif… » (Col 3, 11). Aux yeux de tant de ceux qui ont souffert frère Roger s’identifie au « bon samaritain » de l’Évangile.

Pendant de nombreuses années le frère Roger a porté et annoncé la Bonne Nouvelle, il a aidé ceux qui étaient désorientés à trouver des repères dans un monde en plein changement. Il a montré l’exemple d’un bonheur authentique trouvé grâce à une vie bâtie sur la foi et la pureté. Frère Roger était l’incarnation même de la simplicité et de l’humilité que nous enseigne l’Évangile. Il a su chercher et trouver de nouvelles formes de prédication afin de mieux faire entendre la Vérité Divine aux cœurs dans le désarroi. Véritable lumière du christianisme, le frère Roger faisait de son mieux pour ne pas être l’objet d’une attention excessive de la part des autres. Cependant, « une ville ne se peut cacher, qui est sise au sommet d’un mont » (Mt 5, 14). En effet, l’œuvre de frère Roger l’a rendu célèbre dans le monde entier. En 1988 frère Roger se voit décerner le prix UNESCO de l’éducation pour la paix.

J’ai eu le bonheur d’avoir à plusieurs reprises rencontré frère Roger, mon cœur garde de lui l’image radieuse du sacrifice chrétien.

La communauté de Taizé a été l’œuvre de la vie de frère Roger. Il l’a créée pour les jeunes, pour que tous puissent s’unir autour des idéaux de l’Évangile. Taizé est devenue une authentique école de fraternité chrétienne pour la jeunesse de nombreux pays. La communauté a grandement contribué à faire renaître en Europe l’intérêt et la curiosité à l’égard des écrits des Pères de l’Église et de la vie monastique.

Chers frères, chères sœurs, nous célébrons le 75e anniversaire de votre communauté ainsi que le centenaire de la naissance de son fondateur : je vous souhaite de tout cœur de dignement perpétuer l’œuvre initiée par le frère Roger, de vous renforcer dans la foi en le Sauveur et de manifester cette foi par la compassion et l’amour chrétiens.

Que la bénédiction de Dieu soit sur vous tous !
Dans l’amour du Seigneur,

+ Hilarion, métropolite de Volokolamsk, Président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du patriarcat de Moscou


Dr John Sentamu, Archevêque d’York, représentant de la Communion anglicane

(Allocution prononcée à la fin du repas de midi à Taizé le 16 août 2015)

Représenter des millions de gens à travers le monde ? Je me dis, comment faire ? C’est vraiment une tâche impossible !

Je crois que je vais revenir à un peu d’histoire. En 1974, alors que j’étais étudiant en théologie à Cambridge, je me trouvais avec un couple de Néo-Zélandais qui allèrent à Taizé. Ils en revinrent avec des enregistrements, de la musique, plein de choses. Et quand ma fille Grace est née, elle a écouté les chants de Taizé. Mais moi je n’y suis jamais allé.

Combien d’entre vous ont entendu parler de Taizé mais n’y sont jamais venus ? Vous en avez entendu parler pendant des années, beaucoup d’années. Vous avez chanté leurs chants pendant des années… Levez la main, s’il vous plaît ! Soyez sincères. Vous n’êtes jamais venus. J’étais l’un de ceux-là. Jusqu’au jour où ma fille Grace vint à Taizé comme permanente et y resta pendant neuf mois en travaillant à la cuisine. Combien de vous avez apprécié la nourriture depuis que vous êtes ici ? Eh bien, ma fille était chargée de la cuisine et personne n’a été empoisonné durant ces neuf mois. Pendant qu’elle était là j’ai pense : eh bien il est grand temps que je me rende à Taizé ! Que je découvre ce qui nous accroche avec les chants. Nous parlons beaucoup avec les jeunes, nous avons des prières de Taizé, mais nous n’y sommes jamais allés ! Ainsi j’ai fini par venir.

Alors bien sûr les frères, qui pour la plupart parlent français, me dirent : « Heureux de vous connaître ! » et ils m’ont appelé le « père de Grace ». Donc ici on m’a connu comme le père de Grace, et j’ai passé un temps magnifique, fantastique. Ensuite j’ai amené trois grands groupes de jeunes quand j’étais évêque de Stepney et ensuite de Birmingham. Ensuite en 2005 on a annoncé que j’étais Archevêque d’York et je suis venu fin juillet début août pour une semaine extraordinaire. Et j’ai dîné avec frère Roger dans sa chambre. Je lui ai demandé de prier pour moi et voici la prière qu’il a dite et qui est devenue la prière que j’utilise quand j’ordonne un évêque, un pasteur, un agent pastoral de l’Église : « Que le Seigneur vous garde dans la joie, la simplicité, la miséricorde selon l’Évangile » ; et il m’a béni. Et à ma surprise il m’a dit alors : « Voulez-vous s’il vous plaît me bénir aussi ? » Alors j’ai dit une petite prière. Et, mes amis, la semaine suivante, il a été tué.

Cette prière a accompagné ma marche depuis dix ans que je suis Archevêque : « Seigneur, garde-moi dans la joie, la simplicité, la miséricorde selon l’Évangile. ».

Une autre chose qui s’est enracinée en moi à Taizé c’est une de ces paroles magnifiques et profondes de frère Roger : « Le plus grand miracle de Dieu en nous c’est son continuel pardon. » C’est le plus grand miracle. Et, en fait, c’est ce qu’offre Taizé. Taizé nous invite à reconnaître que le plus grand miracle de Dieu en nous est son continuel pardon.

Vous avez été une communauté de confiance et de réconciliation et vous nous avez rendu capables de demeurer dans la joie, la simplicité, la miséricorde selon l’Évangile de Jésus, et de savoir que le plus grand miracle que Dieu accomplit en nous est son continuel pardon. Mes amis, je ne sais pas ce que je serais devenu si Dieu ne m’avait pas constamment pardonné ! Je suis un pécheur qui a besoin de ce continuel pardon, le plus grand des miracles.

Un dernier mot. Si vous voulez vraiment connaître Taizé et de quoi il retourne, puis-je vous conseiller de lire le livre de frère John ? Je viens de le lire durant mes trois récents voyages au Congo, à Samoa, aux Fidji : Une multitude d’amis. Je pense que c’est un grand théologien. Il lui faut me pardonner mais je pense que c’est le meilleur livre qu’il ait jamais écrit et je vous encourage à le lire car il va vous dire que le plus grand don que Dieu nous a fait c’est cette amitié en Christ. Vous êtes le cadeau de Dieu au Christ ! Nous avons tendance à penser dans l’autre sens, que Jésus est le plus grand cadeau que nous avons reçu du Père, mais selon Jean 17 nous sommes le cadeau du Père à son Fils. Lisez le livre de frère John !

Frère Alois, voulez-vous m’accorder encore 30 secondes ? Vous les jeunes, vous êtes restés assis un long moment : s’il vous plaît, levez-vous. C’est l’Africain qui parle en moi, s’il vous plaît, levez-vous ! Vous devez être fatigués !

Je pense que ceci aurait beaucoup réjoui frère Roger, lui qui n’attirait jamais l’attention sur lui-même, mais toujours sur Dieu, le Christ, l’Esprit, la communauté. Je vais vous demander de faire quelque chose qui n’est pas précisément dans le genre de Taizé : de crier ! Le psalmiste a dit : « Criez pour Dieu toute la terre ! » Nous voulons que le Seigneur entende que la communauté de Taizé transforme le monde dans l’esprit de confiance et que parce qu’Il règne il y aura cent autres années pour la communauté de Taizé. Les paroles sont très simples : « Le Seigneur règne », signifiant que le Seigneur est à la barre, o.k. ? Nous allons crier ces paroles trois fois :

Le Seigneur règne !
Le Seigneur règne !
Le Seigneur règne !

Alléluia !


Le Secrétaire Général de la Fédération luthérienne mondiale, Rev. Martin Junge

C’est avec une profonde gratitude que la Fédération Luthérienne Mondiale a reçu votre invitation à être présente au jubilé de Taizé, car vous, ensemble avec la communauté de Taizé et de nombreuses sœurs et frères dans la foi à travers le monde, célébrez une étape majeure de votre vie et votre ministère. D’autres engagements nous empêchent d’être présent mais nos pensées et nos prières sont avec vous pour ce jour si particulier.

Cette année 2015 est un jalon important dans la vie de Taizé, car elle marque le centenaire de la naissance de frère Roger, le 75e anniversaire du début de communauté et aussi le 10e anniversaire de la mort de frère Roger. Tous ces événements ont vraiment laissé une empreinte très spéciale dans le monde.

En 1915, durant la dévastatrice Première Guerre mondiale, un enfant est né, qui deviendra un fort créateur de paix et un chercheur d’unité à cause de celui qui priait “Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé.” (Jean, 17:21) Des années plus tard, en suivant l’appel de Dieu, au début de la Seconde Guerre mondiale Roger Louis Schutz-Marsauche risquait sa vie pour offrir un refuge dans le petit village de Taizé à des chrétiens et à des juifs persécutés. Depuis ses débuts, la communauté de Taizé fondée par Frère Roger a été et continue d’être aussi un lieu de « rassemblement pour une nouvelle solidarité ». Depuis maintenant sept décennies, des centaines de milliers de femmes et d’hommes venant du monde entier, ayant différents parcours personnels et différentes expériences de foi ont été transformés par la spiritualité de Taizé simple et profondément enracinée dans la prière d’écoute, qui ouvre la voie à une rencontre étroite avec Dieu et, à travers elle, au service du prochain.

La vie de frère Roger a été un immense cadeau fait à ce monde ; sa marche main dans la main avec Dieu était visible dans ses actions, audible dans ses paroles, mais surtout, reflétait le fruit de l’amour que lui et la communauté de Taizé ont créé et continuent de créer, guidés par le Saint Esprit. La recherche constante et le travail pour l’unité, même dans les circonstances les plus difficiles, continuent d’être un exemple d’humilité et de force, d’abandon et de confiance dans l’amour infini de Dieu et dans l’intention divine que nous soyons tous un jour un dans l’unité du Saint-Esprit.

Il y a exactement dix ans, en apprenant la nouvelle de la mort brutale de frère Roger, alors qu’il était en train de prier entouré et accompagné par des centaines de personnes, ensemble avec Job dans la Bible et avec beaucoup de gens du monde entier, nous nous sommes demandés pourquoi les personnes de bien souffrent-elles ? Pourquoi Dieu autorise-t-il qu’un mal si grand arrive aux saints de Dieu ? Nous ne comprenons toujours pas. Mais notre confiance en un Dieu dont l’amour dépasse toute compréhension et notre espoir dans la promesse certaine de la résurrection nous soutiennent pour faire face aux épreuves même les plus difficiles.

Nous rendons grâces pour la vie et le ministère de frère Roger. Nous remercions pour le témoignage de la communauté de Taizé qui depuis dix ans maintenant, sous votre responsabilité, frère Alois, continue d’offrir des opportunités, en particulier aux jeunes, pour se retrouver en communion intime avec Dieu et pour travailler sans cesse pour la compréhension et la réconciliation entre les peuples et leur unité dans l’esprit de Dieu.

Au nom de la Fédération Luthérienne Mondiale - communion d’églises -, j’offre mes prières demandant la la plus riche bénédiction de Dieu sur la communauté de Taizé, qui ignore les frontières faites par les hommes, et qui aspire à être fidèle à une vie de joie, de simplicité et de miséricorde, guidée par le Saint-Esprit. Puissiez-vous continuer être lumière et sel de la terre.


Le Secrétaire général du Conseil Œcuménique des Églises, Rev. Olav Fykse-Tveit

Nous sommes réunis pour un moment poignant de commémoration. 75 ans après que cette extraordinaire vision ait pris vie, Taizé continue à attirer et à inspirer des jeunes par milliers à travers le monde. Taizé est un village, c’est une Communauté religieuse mais davantage que cela, c’est une demeure spirituelle – une halte précieuse au cours du voyage d’une vie et un lieu de rencontre avec d’autres sur le chemin. C’est également vrai, qu’ils se rencontrent ici ou ailleurs dans l’esprit de Taizé, lors de beaucoup d’autres occasions dans le monde. L’attrait de l’expérience d’une vie de simplicité et l’expérience de la prière est un témoignage extraordinaire sur la manière dont tant de jeunes vivent une nouvelle expression du slogan chrétien séculaire ’ora et labora’, ’prier et travailler’. Approfondissant ma spiritualité et inspirant mon action, Taizé a aussi joué un rôle en transformant mon propre itinéraire de foi. J’en serai toujours reconnaissant à Frère Roger et à la Communauté qu’il a fondée.

Sous votre conduite, cher Frère Alois, la Communauté a appelé à un "Pèlerinage de Confiance sur la Terre". Les jeunes ont répondu avec enthousiasme, motivés par le lien fort entre spiritualité partagée et pratique de la solidarité. Vous avez écrit : "Poursuivant le « pèlerinage de confiance sur la terre » qui rassemble des jeunes de nombreux pays, nous comprenons toujours plus profondément cette réalité : tous les humains constituent une seule famille et Dieu habite chaque personne humaine, sans exception."(Lettre de Kolkata).

Pour nous aujourd’hui il est vital d’aimer la profonde vérité spirituelle selon laquelle nous appartenons à une famille humaine unique et que nous faisons partie solidairement du grand réseau de la vie. La prise de conscience que notre interrelation est le commencement d’une confiance et d’une solidarité mutuelles réclame un changement et une transformation de la réalité ambivalente à laquelle nous faisons face. Nous avons besoin de ressentir profondément dans notre cœur que notre appartenance au Dieu Trinité entraîne notre appartenance mutuelle et à la création. Ceci est vrai aujourd’hui et le sera demain. Appartenir ensemble, cela signifie que notre futur est inextricablement lié au futur de l’autre. Il n’y a qu’un futur commun pour nous tous.

L’expérience de la vie en communauté est un reflet contraignant de l’interdépendance des êtres humains. Semaine après semaine à Taizé, des jeunes se réunissent avec les frères dans un rythme de vie commune, partageant la prière, l’étude biblique et la rencontre, partageant aussi les tâches pratiques qui rendent possible une vie ensemble confortable. L’enseignement de l’engagement vers un but commun nous montre que nos différents dons peuvent fleurir beaucoup plus s’ils sont développés avec ceux des autres en un cadre commun de prière et de travail . C’est souvent un défi pour nous ; cela nous transforme souvent. Mais à travers l’histoire du Christianisme les aspects les plus inspirants et les plus importants de notre foi et de notre mission dans le monde ont été discernés et exprimés en communauté.

Et ainsi les leçons apprises ici concernant l’engagement d’une vie ensemble et une vision partagée sont des dons profonds alors que nous sommes face aux incertitudes de notre futur. Une compréhension de la force d’une connexion étroite entre l’Église, l’humanité et toute la création est un impératif si nous voulons saisir la menace dévastatrice du changement climatique. C’est vital pour un monde marqué par une blessante inégalité et le manque de solidarité, où les conditions socio-économiques maintiennent toujours des millions dans une pauvreté abjecte. Cela est ressenti dans un monde où le manque de prise en charge sanitaire adéquate a des conséquences mortelles pour trop de gens infectés par des virus et des maladies qu’on pourrait prévenir. On vient tout juste de commémorer le 70ème anniversaire des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, un rappel sinistre des horreurs de la guerre et du danger permanent de la puissance nucléaire. Ces menaces sur la vie nous affectent sans discrimination et cela nous concerne tous. Vraiment nous avons besoin d’entendre cette phrase : " tous les humains constituent une seule famille et Dieu habite chaque personne humaine, sans exception."

Le pèlerinage peut définir le mouvement œcuménique d’aujourd’hui. L’appel de la Communauté de Taizé à un Pèlerinage de Confiance sur la Terre résonne en harmonie avec l’invitation de la 10ème Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises à Busan à s’embarquer dans un Pèlerinage de Justice et de Paix. En parlant d’un pèlerinage qui associe les dimensions spirituelles de la prière et du culte avec une action pratique pour la justice et la paix, nous sommes amenés à nous rappeler que la vie et l’identité chrétiennes font partie de quelque chose qui est plus grand que nous, quelque chose qui nous unit tous ensemble dans une solidarité mutuelle qui est comme une expression de la grâce et de l’amour de Dieu. Nous sortons d’une approche auto-centrée ou d’un "self-service" pour rejoindre la foi et la vie chrétiennes. Marcher ensemble dans ce pèlerinage demande et encourage une ouverture au dialogue, l’acceptation et la pratique de la responsabilité mutuelle et l’intégration des autres dans mon propre avenir. Cherchant une signification au-delà de soi-même et de nous-mêmes comme partie d’un groupe particulier, d’une église ou d’une tradition, nous découvrons la dimension pleine de vie d’une communion plus large avec ceux qui sont en marche sur le même chemin.

Pour moi c’est vraiment très significatif que nous célébrions en même temps le 75ème anniversaire de la fondation de la Communauté deTaizé, le centenaire de la naissance de frère Roger et le 10ème anniversaire de sa mort. Marchant ensemble dans un pèlerinage de justice et de paix, nous reconnaissons chacun comme une personne avec des dons et des engagements spécifiques que nous sommes prêts à partager. En tant que Chrétiens nous nous regardons les uns les autres comme des sœurs et des frères qui se soutiennent mutuellement pour vivre comme des disciples du Christ en suivant les traces de Jésus. A travers sa vie et son témoignage, frère Roger a montré la joie et la soufrance qu’il y a à vivre en disciple. Le voyage de sa vie nous aide à voir le sens profond d’être uns dans le corps du Christ dans la prière et la vie pratique. Ses réflexions sur la vie en Christ au cœur de la terreur nazie et de la guerre et finalement la tragédie de sa mort nous aident à garder notre regard fixé sur la croix du Christ. Ainsi nous est rappelé cet amour du Christ qui unit, qui réconcilie et qui se sacrifie pour le monde et le don d’une nouvelle vie dans l’Eucharistie.

Durant l’Assemblée du Conseil Œcuménique des Églises à Busan, nous avons demandé aux frères de Taizé avec un certain nombre de jeunes, de terminer une session plénière sur l’unité par la prière. Une dans le corps du Christ, l’Église est appelée à être un signe prophétique et à donner un avant-goût du règne de Dieu de justice et de paix à venir. Bien sûr c’est une vision mais que nous pouvons comprendre seulement en l’expérimentant.

Ora et labora - prier et travailler - culte et pratique, se tourner vers Dieu et se tourner vers le monde , ces deux choses se tiennent et marquent le rythme de base de notre vie en tant que Chrétiens. C’est ma propre expérience que ce que nous voyons et apprenons à Taizé est une inspiration durable pour notre propre pèlerinage.


Le Secrétaire Général Adjoint de l’Alliance Évangélique Mondiale, Rev. Wilf Gasser

De la part de l’Alliance Évangélique Mondiale je vous salue au nom de notre Seigneur Jésus. C’est pour moi un grand honneur et un grand privilège d’être ici avec vous pour cette célébration jubilaire. Nous vous souhaitons les bénédictions de Dieu pour poursuivre votre œuvre de réconciliation et de solidarité.

Taizé a été une bénédiction pour beaucoup d’églises évangéliques et pour moi personnellement. J’ai été inspiré par un groupe biblique conduit dans le "style Taizé". J’y ai rencontré des jeunes de différentes traditions ; mon horizon de la foi chrétienne s’est élargi et ma marche avec Christ s’est affermie. Dans l’Alliance Évangélique Mondiale nous étions enthousiasmés par votre musique et par l’héritage d’amitié et de paix que frère Roger a laissé, à vous et au monde.

Dans le Livre des Actes, au chapitre 10, nous lisons comment l’apôtre Pierre a été conduit à rencontrer le centurion Corneille. Dieu a réuni deux personnes et deux communautés et les a transformés les deux. C’était l’amitié, la solidarité et la réconciliation. Comme pour Pierre et Corneille, nous voyons dans la relation croissante entre Taizé et les communautés évangéliques l’œuvre de Dieu et un signe de paix et d’espérance dans un monde troublé.

Nous sommes reconnaissants pour votre témoignage de l’Évangile du Christ et pour votre ministère actuel auprès des jeunes dans le monde entier. Soyez assurés de nos continuelles prières pour que les bénédictions et la paix vous soient données et que vous puissiez continuer d’être vous-mêmes une bénédiction pour l’Église Chrétienne et pour le monde.


Le Secrétaire Général du Forum chrétien mondial, Rev. Larry Miller

Dans sa lettre pour l’année 2014, sous le titre "Chercher la communion visible de tous ceux qui aiment le Christ", frère Alois écrivait : « Le Christ donnait son amitié à tous, sans rejeter personne. Ceux qui aiment le Christ sur toute la terre forment à sa suite comme une grande communauté d’amitié. On l’appelle communion. Par là, ils ont une contribution à offrir pour guérir les blessures de l’humanité... »

Pour nous, chrétiens, le chemin vers une nouvelle solidarité avec toute l’humanité est fondé sur le chemin vers une solidarité qui se développe plus profondément, plus largement et plus visiblement avec tous ceux qui aiment Jésus-Christ.

Quand nous disons que nous cherchons une communion visible avec tous ceux qui aiment le Christ nous devons immédiatement nous demander avec qui est-ce que notre communion n’est pas encore visible ou insuffisamment visible. C’est là une des questions que nous avons examinées avec vous, frère Alois, quand plusieurs représentants du Forum Chrétien mondial ont visité Taizé en mars 2014. Qui est absent de la communauté d’amitié visible à laquelle nous sommes appelés tous ensemble ?

Pour la communauté de Taizé, avez-vous dit, ce sont en partie les plus jeunes églises, les églises évangéliques et pentecôtistes, qui aujourd’hui constituent une partie grandissante de tous ceux qui aiment le Christ dans le monde entier. Le Forum Chrétien Mondial peut porter témoignage de la réalité d’une communauté d’amitié que déjà vous formez avec un nombre significatif de ces églises, peut-être parfois sans le savoir. Quand le Forum a aidé au processus d’invitation des leaders de ces églises pour ce jour de commémoration et de célébration nous avons été surpris par le nombre de ceux qui ont dit : "Oui, nous connaissons et nous respectons Taizé" ou au moins : ’nos jeunes connaissent et aiment Taizé !’ Votre invitation à ces leaders et leur présence ici manifeste cette amitié, cette communion et la rend plus visible. Ce chemin de votre côté vers une nouvelle solidarité en Christ est important et exemplaire pour nous tous – jeunes églises et églises plus anciennes. Merci pour ce don.

Permettez-moi d’ajouter un mot concernant votre don pour découvrir et nourrir de nouvelles solidarités dans le corps du Christ. D’habitude, lors des rassemblements du Forum Chrétien Mondial, qu’ils soient globaux ou régionaux, chaque église conduit ses prières selon ses propres traditions pendant que les autres qui sont présents participent autant qu’il leur est possible. Mais avant le second rassemblement global, en Indonésie en 2011, nous vous avons demandé de nous aider à créer une forme de prière dans laquelle chaque tradition, à la fois les anciennes et les nouvelles, pourrait sentir qu’elles prient dans une grande communauté d’amitié en Christ, dans une communion qui ne pouvait peut-être pas encore être pleinement visible mais qui néanmoins pouvait déjà être profondément ressentie. Vous nous avez envoyé un frère pour nous guider, il a fait les choses admirablement et avec grand succès. Merci pour ce cadeau.

Recevez notre profonde gratitude pour votre don à inspirer de nouvelles solidarités dans le corps du Christ – afin que ce corps puisse contribuer à la guérison de l’humanité. Nous vous faisons aussi la promesse de cheminer avec vous sur cette voie de la miséricorde qui s’ouvre maintenant devant nous tous dans les temps à venir.


Le Secrétaire Général de l’Alliance baptiste mondiale, Rev. Neville Callam

frère Alois, mes frères et sœurs,

La brièveté n’est pas un don pour lequel les baptistes sont connus, mais aujourd’hui je vais vous surprendre.

Je considère cette journée comme une belle opportunité pour partager avec vous en cette occasion spéciale où la mémoire, la soif de Dieu et la joie s’embrassent. Je viens d’une communauté de chrétiens qu’on appelle les baptistes et les baptistes sont présents aujourd’hui en plus de 121 pays. Cela ne devrait surprendre personne mais l’histoire de Taizé nous est familière et nous chantons même vos chants encore et encore dans les endroits où nous en avons besoin, pas seulement avec les jeunes mais aussi les plus âgés.

Nous sommes reconnaissants envers Dieu pour le sens de votre mission, pour le témoignage que vous apportez à la solidarité humaine, à la paix, à la justice et à la réconciliation. Et nous voulons vous assurer que vous pouvez compter sur l’accompagnement de nos prières de baptistes alors que vous poursuivez votre travail important.

Notre prière est que Dieu veuille continuer abondement à vous bénir.

Merci à tous.


L’Archevêque d’Uppsala, Primat de Suède, Rev. Antje Jackelén

« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » (Mc 12:11). Ces paroles du Christ ont été choisies pour la présente 11ème Semaine de la Sainte Trinité dans le Lectionnaire Suédois.

Ces paroles résonnent dans mon cœur avec une joie reconnaissante en vous envoyant mes chaleureuses salutations et en vous assurant de ma communion spirituelle en ce temps de célébration de la naissance de frère Roger et aussi du 75ème anniversaire de votre communauté. La Communauté de Taizé a certainement été un serviteur et a formé des serviteurs à travers les années : serviteurs des pèlerins et des jeunes à la recherche des sources jaillissantes de la foi en notre temps. Mais vous avez été aussi serviteurs d’un grand dessein de paix dans le monde à travers votre prière incessante pour nous tous.

Chaque année plus de trois mille jeunes viennent de Suède à Taizé. Ils y trouvent non seulement votre hospitalité mais aussi l’expérience de la simplicité, de la communion et de l’amour de l’Évangile. Par les prières, le chant, le travail en commun, comme aussi par les entretiens sur la foi et la vie, ils sont invités à se rapprocher du Christ, le plus grand d’entre nous et pourtant le serviteur de tous. Et c’est là le plus essentiel de l’incarnation de Dieu, comme frère Roger lui-même l’a expérimenté : « Dieu ne peut qu’aimer. »

Puisse notre commun pèlerinage porter des fruits. Et puissions-nous garder proches de notre cœur les paroles de Ste Thérèse de Lisieux : « Le plus petit mouvement de pur Amour est plus utile à l’Église que toutes les autres œuvres réunies. »


La Fédération des Églises protestantes de Suisse, Dr. Martin Hirzel

Je vous salue avec la parole de la semaine tirée des « Paroles et textes » des Frères moraves : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles » (1 Pierre 5,5). L’humilité est un fondement essentiel de la vie du chrétien et de celle de la communauté chrétienne. Mais ce mot, pour beaucoup de nos contemporains, a une consonance démodée.

Humilité pourtant ne signifie pas servilité. Dans son traité « Sur la liberté chrétienne », Martin Luther a donné une description inoubliable de la double nature de l’humilité chrétienne : « L’homme chrétien est en toutes les choses le plus serviable des serviteurs et assujetti à tous. » Mais il est aussi « l’homme le plus libre ; maître de toutes choses, il n’est assujetti à personne ». L’humilité chrétienne qui décide spontanément de se mettre au service du prochain, nous l’avons en Christ : Il nous libère pour une vie de joie, de simplicité et de miséricorde.

Ici à Taizé, cette vie chrétienne dans l’humilité et au même-temps dans la joie, la simplicité et dans la miséricorde est une réalité vécue depuis septante-cinq ans avec constance et fidélité. Elle se pratique chaque jour par l’agenouillement et la prière, le silence et le travail au service du prochain.

Aujourd’hui, nous avons le cœur rempli de reconnaissance pour le service que vous rendez, vous frères de Taizé, et pour la vie du fondateur de votre communauté, frère Roger. Nous nous remémorons tout l’enrichissement que la communauté de Taizé a apporté à nos Églises.

Frère Roger et les premiers frères réunis autour de lui étaient tous originaires de Suisse romande. Le Réveil et le mouvement œcuménique avaient donné des impulsions importantes, mais l’exemple de la vie menée par les frères de Taizé constituait une nouveauté pour les Églises réformées de Suisse. Il a fallu surmonter des résistances. Ensuite, les Églises de Suisse romande surtout ont grandement bénéficié de l’élan donné par Taizé dans la spiritualité et la liturgie.

Nos Églises réformées ont réappris la valeur d’une vie communautaire où des gens font le choix d’une existence chrétienne commune centrée sur la spiritualité et l’engagement social, sur l’action et la contemplation. Un choix qui n’a rien perdu de sa pertinence en notre époque d’individualisme exacerbé où le manque de temps et l’agitation du monde font perdre à l’être humain ses repères.

L’action du mouvement de Taizé a franchi les frontières des Églises et des confessions, des pays et des systèmes politiques, des langues et des générations. C’est avec une grande reconnaissance que les Églises protestantes d’Europe se rappellent l’engagement des frères de Taizé en Europe de l’est et du sud-est. Vous avez proclamé l’Évangile avec persévérance et œuvré pour la réconciliation entre l’est et l’ouest.

Dieu vous a gratifiés d’un don qui est de montrer par l’exemple vécu, telle une parabole, comment la réconciliation et la paix peuvent devenir réalité dans la vie personnelle, ecclésiale et sociale. Ce don, vous l’avez généreusement partagé. Et les Églises protestantes d’Europe vous en sont profondément reconnaissantes, à vous frères de Taizé. C’est à Taizé que les Églises doivent un des principales impulsions à la vie ecclésiastique en Europe après la Seconde Guerre mondiale. L’exemple de la communauté de Taizé, et en particulier de sa fidélité dans l’action au service des jeunes, est un aiguillon qui nous pousse à nous renouveler.

C’est une grande joie pour moi, à titre personnel, d’être parmi vous en ce jour de joie et d’anniversaire mais aussi de recueillement silencieux. L’avenir de chacun d’entre nous, de la communauté de Taizé et de nos Églises est placé sous la promesse de notre Dieu miséricordieux, telle qu’elle est exprimée dans la première épître de Pierre, à la suite de la parole citée précédemment : « Déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous. » (1 Pierre 5,7).


L’Église protestante unie de France, Pasteur Laurent Schlumberger

Je représente ici l’Église protestante unie de France, qui s’appelait en 1940 l’Église réformée de France, auprès de laquelle la communauté de Taizé est née et dans laquelle elle a grandi à ses débuts. Je représente aussi « la Communion mondiale d’Églises réformées » (WCRC).

On sait que frère Roger est né et a grandi dans la tradition confessionnelle réformée : c’est sa famille spirituelle d’origine. On sait aussi que les relations entre frère Roger et l’Église réformée n’ont pas toujours été simples, tant les pionniers font craquer les jointures et poussent plus loin les horizons qui étaient quelquefois bornés. En quelque sorte, frère Roger est parti de l’Église réformée. Non pas qu’il l’aurait quittée : il n’a jamais renié sa famille spirituelle d’origine. Mais il en est parti au sens où ce fut son point de départ, à partir duquel il est allé plus loin. Il a ouvert un chemin, une aventure, dont l’Église universelle est bénéficiaire.

Aujourd’hui est une journée d’action de grâce. De quoi la famille réformée, l’Église protestante unie, pourrait-elle être reconnaissante ? Il y aurait mille choses à dire. Il faudrait s’attacher en particulier au renouveau de la vie monastique dans le protestantisme, dont frère Roger, avec d’autres communautés ici représentées, a été moteur. Mais je voudrais garder un seul mot à partir duquel exprimer notre reconnaissance, c’est le mot d’élargissement :

- Élargissement au-delà des étroitesses confessionnelles et géographiques d’abord. Pour les Églises réformées, souvent attachées à la dimension nationale ou géographique, c’est un élargissement capital.

- Élargissement par le silence, car le silence devant Dieu est un élargissement particulièrement important pour une Église ou une tradition qui quelquefois cultive l’inflation des discours.

- Élargissement par la construction de l’unité, car la vraie unité est toujours un élargissement.

Au fond, derrière ce mot d’élargissement, ce que frère Roger est venu porter au cœur de sa propre famille d’origine, c’est l’exigence de catholicité. C’est cette reconnaissance, au-delà de mille autres sujets, que nous pourrions avoir et que je voudrais souligner.

En ce jour d’anniversaire, qui est un anniversaire tourné vers l’avenir, pour cette œuvre de frère Roger, à Dieu notre gratitude. A lui seul soit toute gloire : Soli Deo gloria !


L’Archevêque Vieux-Catholique d’Utrecht

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L’Église Réformée Évangélique du Canton de Vaud (Suisse)

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Ordre Jogye du Bouddhisme Coréen

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