Le Christ est notre paixJeudi 1er août | Taizé, église de la Réconciliation Trois fois par jour, nous nous retrouvons dans cette église de la réconciliation. Ensemble nous allons aux sources de la foi. Vous savez déjà que, pour nous les frères, cette semaine est marquée par le décès de notre frère Jacques, dans la nuit de lundi à mardi. Nous vivrons avec vous tous la célébration d’à-Dieu samedi à 12h. Frère Jacques a vécu une très grande partie de sa vie de frère en Asie, au Bangladesh, où il est arrivé en 1975. Là-bas, quelques uns de nos frères vivent en fraternité, au milieu d’un peuple presque entièrement musulman. Comment nos frères là-bas peuvent-ils être des témoins du Christ ressuscité ? Ce n’est pas en en parlant beaucoup, mais d’abord en accueillant les gens, en étant proches d’eux, en admirant aussi leurs dons, par exemple leur sens de la beauté et de la poésie. C’est aussi en étant proches de ceux qui souffrent, en leur faisant comprendre combien ils sont aimés. Oui, nos frères partagent l’existence quotidienne des plus pauvres et des plus abandonnés. Ils animent aussi des pèlerinages avec des jeunes qui ont un handicap et qui rassemblent des croyants de diverses religions. Dans la grande diversité des religions et des cultures, cette présence au Bangladesh veut être un petit signe que le service des plus vulnérables ouvre un chemin de paix et d’unité. L’autre jour un jeune m’a demandé : comment trouver la paix intérieure ? Je me suis senti un peu pris au dépourvu pour lui répondre. En effet, la paix intérieure est une réalité très importante, mais en même temps elle n’est perceptible, en tout cas pour moi, que par moments. Oui, il y a des moments où comme par surprise une reconnaissance m’envahit pour la vie, pour une personne, pour un événement, la musique, la nature. Mais les soucis de la vie, petits ou grands, reprennent souvent assez vite le dessus. Jésus nous invite à ne pas nous laisser submerger par les soucis. Et je connais des personnes – je pense à quelqu’un en particulier – qui devraient crouler sous les soucis, mais qui gardent une étonnante sérénité. Cette personne m’a dit : « L’Esprit Saint est là, il me soutient. » Mais comment pouvons nous nous approcher de cette confiance que Dieu est là, plus grand que nos soucis ? Pour cela, une parole de Jésus peut nous aider. Avant de mourir sur la croix il a dit à ses disciples : « Je vous donne ma paix ». Ce n’est donc pas à nous de créer cette paix : nous ne pouvons que la recevoir. L’apôtre Paul va jusqu’à dire : « Le Christ est notre paix ». Cette paix du Christ n’est pas en premier lieu un sentiment en nous qui nous calme. Plus profondément, elle se manifeste dans notre relation avec les autres. Même avec ceux qui sont différents de moi, qui ont d’autres opinions, une autre religion... le Christ nous garde dans la paix. Bien sûr, cette paix du Christ n’abolit pas, par magie, les différences ou les tensions. Mais elle les éclaire d’une lumière nouvelle. Elle nous porte à écouter l’autre plus profondément, à aller aussi loin que possible dans une compréhension de son point de vue. Ainsi l’autre n’est plus une menace pour moi, nous pouvons même faire un bout de chemin ensemble. Alors les relations avec les autres sont moins chargées de peur, et quelque chose s’apaise en nous-mêmes, la paix intérieure peut advenir. Oui, c’est le Christ qui nous donne sa paix. Sans cela, la tentation du découragement et de l’amertume risque de devenir trop forte. Oui, par la paix intérieure que nous recevons du Christ, nous pouvons devenir à notre tour des porteurs de paix et de réconciliation dans la famille humaine. J’aimerais maintenant donner la parole à un jeune volontaire de l’Irak qui passe tout l’été parmi nous. Sa famille et lui ont beaucoup souffert de la violence et de la guerre. Écoutons maintenant son témoignage.
Merci Fadi pour ces paroles très fortes. Nous allons prier pour vous, votre famille et pour la paix en Irak et au Proche-Orient. Depuis le mois de mai, quatre familles de réfugiés yézidis sont installées à Taizé, en particulier des mamans avec leurs enfants, d’Irak et de Syrie. Pour ce peuple pacifique, samedi prochain, le 3 août, est une date très grave, celle où un grand nombre d’entre eux ont été cruellement massacrés voici cinq ans. Samedi soir ces familles seront avec nous dans l’église. À la fin de la prière, nous aurons quelques instants de silence afin de manifester notre solidarité avec la souffrance du peuple yézidi.
[1] Photo : Cédric Nisi |