Rencontre européenne 2022/23 à Rostock

Messages reçus

Sur cette page, sont publiés les messages adressés par des responsables ecclésiaux et politiques aux participants de la 45e rencontre européenne de Taizé à Rostock.

Le Pape François
Le Patriarche œcuménique Bartholomée
La Secrétaire Générale de la Fédération Luthérienne Mondiale, Rev. Anne Burkhardt
Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. António Guterres
Le Président de l’ACK (Communauté de travail des Églises chrétiennes) en Allemagne, Protopresbytre Radu Constantin Miron


Le Pape François

Chers jeunes,

alors que vous êtes réunis à Rostock pour la Rencontre européenne de Taizé, Sa Sainteté le Pape François tient à vous exprimer sa proximité spirituelle et son affection. Il est heureux que, suite aux années de pandémie, vous puissiez vous rencontrer de nouveau, ce qui est un beau signe d’espérance. Que le Seigneur en soit remercié !

Cependant, comme vous le savez, notre monde doit affronter d’autres grands défis, en particulier celui de la tragédie de la réapparition de la guerre en Europe. Cela vous préoccupe sans doute, vous scandalise, et vous cherchez de quelle manière réagir ; que faire ensemble pour aider à la construction de la paix et d’une plus grande fraternité humaine. Il faut être lucide sur le mal, celui qui nous entoure comme aussi celui qui habite parfois notre cœur. Face au mal, le thème qui vous rassemble cette année, « Vie intérieure et solidarité », vous conduira à opter pour la confiance en Dieu, sans désespérer de l’humanité.

Le Pape ne peut que vous encourager dans cette option. En effet, c’est par la prière, la vie intérieure, la relation personnelle avec le Seigneur que l’espérance demeure vivante et que la confiance en Lui se renouvelle sans cesse. Et c’est en pratiquant les solidarités humaines, forts de cette présence du Seigneur en vous, que vous sentirez combien Dieu peut agir à travers vous pour changer le monde.

Vous avez choisi également de vous interroger sur la créativité à laquelle Dieu vous appelle en cette période de l’histoire, où beaucoup de jeunes vivent avec anxiété et parfois dans la peur. Nous voyons dans l’Évangile que Jésus prépare ses disciples à résister à la peur qui paralyse, qui bloque toute initiative, qui isole. Il ne leur promet pas la facilité, mais sa paix. Il ne leur donne pas des réponses toutes faites, mais il promet son Esprit, En accueillant cet Esprit, vous saurez prononcer le « non » aux injustices sous toutes leurs formes tout en laissant mûrir en vous le « oui » qui vous permettra de chercher ensemble les réponses aux défis de notre temps.

C’est pour mettre le Peuple de Dieu à l’écoute de ce même Esprit que le Saint Père a engagé l’Église catholique dans un processus synodal, afin que la bonne nouvelle de Jésus soit toujours mieux annoncée au monde, avec la joie et l’espérance qu’il apporte à tout homme. Le Pape vous encourage à prendre la place qui vous revient dans ce processus et vous invite à prier à cette intention.

Le Pape François vous donne sa Bénédiction apostolique et il demande à l’Esprit Saint de susciter et de soutenir en vous le même « oui » qu’il a suscité dans le cœur de la Vierge Marie.

Edgar Peña Parra, Substitut


Le Patriarche œcuménique Bartholomée

Chers jeunes,

Après deux années marquées par la pandémie de COVID-19 et le retour d’un conflit armé particulièrement sanglant sur le vieux continent, les rencontres de jeunes de Taizé reprennent les routes de l’Europe pour un début d’année exceptionnel à Rostock en Allemagne. Nous vous saluons avec beaucoup de joie et vous transmettons nos plus chaleureuses salutations du Patriarcat œcuménique. Nous prions pour que l’expérience œcuménique dont vous êtes les témoins soit une source d’inspiration et de renouveau tout au long de l’année 2023 qui s’ouvre.

Comme vous allez le découvrir, ou le redécouvrir pour toutes celles et tous ceux dont ces rencontres ne sont pas une nouveauté, l’expérience qui vous est proposée ces jours-ci touche au fondement même du christianisme et à la participation au mystère de la communion. En effet, même si nos Églises ne sont pas encore disposées à se retrouver autour d’un même calice, les instants de partage, les opportunités d’échange, la réalité de votre « être ensemble », sont la manifestation tangible d’une authentique expérience communionnelle.

Cette prise de conscience que nous sommes les membres d’un même corps, en Jésus-Christ, ne peut se limiter à un seul exercice intellectuel, mais elle se vit, croit et jaillit du creuset dans lequel se déploie le mystère même de la Trinité une et indivisible. Car la foi chrétienne est souvent éprouvée par l’histoire même de l’humanité. Nous demandons des signes. Nous voulons des assurances. Nous ne supportons pas les doutes de notre temps. Mais l’objet même de notre foi est Dieu en tant que personne, et non pas une certaine idée de Dieu, encore moins une spiritualité désenchantée et sans visage. Notre chemin est clair, suivre cette vérité révélée par le Christ incarné qui a donné sa vie pour la vie du monde. Ce voyage spirituel est celui d’une union mystique, selon l’extraordinaire expression de saint Paul : « En Jésus Christ, vous qui jadis étiez loin, vous avez été rendus proches par le sang du Christ. C’est lui, en effet, qui est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation : la haine. » (Eph. 2, 13-14) Et comme saint Grégoire le Théologien a aussi pu l’écrire : « Heureux celui qui grâce à la raison et à la contemplation a pu renoncer à ce monde de la matière et de la chair , rencontrer Dieu et s’unir à la lumière absolument sans mélange, dans la mesure où celle-ci est accessible à la nature humaine ! Heureux est-il de s’élever au-dessus de ce monde et de s’unir à Dieu dans l’autre monde ! » (Discours 21, 2).

L’unité des chrétiens est une évidence à laquelle nous sommes attachés par un engagement irréversible. Or, lorsque le temps passe, que les décennies se suivent, que l’enthousiasme du début s’essouffle, il est nécessaire de s’interroger sur les raisons de notre quête d’unité. Outre l’injonction du Christ dans l’Évangile selon saint Jean, « Soyez un ! » (Jn 17, 21), déterminant à elle seule notre recherche du rétablissement du lien de communion, il est indispensable de comprendre l’actualité sans cesse renouvelée de ce commandement. Certes, les conditions historiques évoluent. En revanche, notre indéfectible attachement au rapprochement des chrétiens, à l’unité de nos Églises, tient à l’émergence d’un kairos œcuménique, par lequel la catholicité ecclésiale se manifeste et dont vous faites aujourd’hui la riche expérience.

Que la grâce de l’unité et de la paix rayonne en chacun et chacune d’entre vous, et qu’elle soit porteuse de l’espérance qui soutient la vie de l’Église, pour que vous soyez de dignes ouvriers de la vigne du Seigneur.


La Secrétaire Générale de la Fédération Luthérienne Mondiale, Rev. Anne Burkhardt

Chers pèlerins de confiance,
Cher Frère Alois et la communauté de Taizé,

Je vous salue au nom de la Fédération luthérienne mondiale, une communion mondiale de 149 églises membres comptant plus de 77 millions de membres.

Vous êtes tous en voyage, un voyage qui vous fait approfondir toujours davantage ce que signifie la foi, comment la confiance est vécue et comment l’amour est exprimé. Le projet de Dieu pour notre monde est un projet de réconciliation et de paix. Cette bonne nouvelle est ce qui nous pousse à œuvrer pour la justice et à nous opposer à toutes ces forces, puissances et principautés, comme l’écrit Paul, qui veulent diviser, fragmenter et détruire la création voulue par Dieu.

Vous êtes réunis à Rostock. La réalité de la guerre menace à nouveau l’Europe. Nous prions pour une paix juste en Ukraine, et nous prions aussi pour une paix juste dans tant d’autres endroits de notre planète. Nous prions aussi pour la paix avec notre planète, la Terre elle-même. Puissions-nous marcher sur cette Terre avec douceur et en prendre soin avec justice.

Je m’associe à vous dans un engagement de prière et d’action lors de cette rencontre européenne à Rostock. Dietrich Bonhoeffer a écrit que la prière et l’action définissent l’avenir de l’Église. Prions donc avec ferveur et, le cœur joyeux, servons nos voisins. Que Dieu vous bénisse afin que vous puissiez être une bénédiction pour les autres.


Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. António Guterres

La communauté de Taizé représente un phare d’espoir, de paix et de compassion pour d’innombrables personnes dans le monde.

J’ai de bons souvenirs de ma participation à une rencontre de Taizé lorsque j’étais étudiant – et je vous souhaite le meilleur à l’occasion de votre réunion annuelle.

Nous sommes confrontés à des temps profondément difficiles. Le COVID-19 a exacerbé les fragilités et les injustices. Les conflits et les inégalités sont en hausse. Les discours haineux et la désinformation éloignent les gens les uns des autres. Et le changement climatique, ainsi que la perte de la biodiversité, menacent notre survie même.

Les jeunes ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme et à faire pression pour le changement. Je suis convaincu que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir vos efforts en tant que concepteurs de notre avenir commun. C’est pourquoi je me suis efforcé de renforcer l’engagement des jeunes, notamment en créant le Bureau de la Jeunesse des Nations Unies.

Je vous remercie de votre engagement à faire progresser la paix, le développement durable et les droits de l’homme dans le monde entier. Les Nations Unies sont à vos côtés dans nos efforts communs pour construire un monde plus juste, durable et inclusif pour tous.


Le Président de l’ACK (Communauté de travail des Églises chrétiennes) en Allemagne, Protopresbytre Radu Constantin Miron

Chers jeunes,
qui vous êtes rendus à Rostock et avez offert à l’œcuménisme en Allemagne un signe frais, encourageant et joyeux de foi vécue.

Un grand merci pour votre visite et un grand merci pour ce que vous avez apporté : vos questions aux Églises et sur l’avenir du monde, votre enthousiasme pour la communion et l’échange, votre désir de silence et de paix et votre simplicité dont nous, les aînés et responsables actuels dans l’Église, la société et la politique, pouvons et devrions toujours à nouveau apprendre beaucoup. Vous avez enrichi Rostock et ses environs par votre présence au logement, dans les trains et les bus.

Portant vos sacs blancs avec l’inscription « welcome to Rostock », la croix de Taizé en jaune et le voilier rouge toutes voiles dehors, vous êtes – peut-être sans vous en rendre compte – devenus des « ambassadrices » et « ambassadeurs » de la foi et de l’espérance. Des gens vous ont remarqué dans le paysage urbain et se sont demandés : « mais c’est quoi donc, pourquoi y a-t-il tout à coup tant de jeunes qui bougent et se parlent dans des langues étrangères ? ».

Des affiches jaunes sur des maisons discrètes et de grands portails d’église avec des invitations manuscrites encourageaient à entrer et à participer. À l’occasion de cette rencontre de jeunes, vous êtes ainsi vous-mêmes devenus des hôtes pour des habitants de la ville. Vous leur avez ouvert les yeux par votre présence et les cœurs par vos prières chantées et vos silences accueillants.

Vous avez donné du courage et de l’espoir à des personnes qui, parfois marquées encore par l’expérience d’un christianisme moqué et réprimé à l’époque de la RDA, semblent souffrir, en tant que minorité à peine perçue, d’une diminution de la pertinence de la foi à notre époque.

Dans les discussions des ateliers, vous avez exprimé une fois de plus que les interrogations sur l’avenir de notre terre et la cohésion sociale ne vous laissent pas indifférents, et que vous constatez la responsabilité des personnes occupant des fonctions dirigeantes – aussi bien dans l’Église que dans la société et la politique – de s’engager pour l’avenir de la planète et en faveur des personnes défavorisées, et de créer de véritables structures de participation.

Vous avez exprimé quel énorme espoir vous mettez dans les textes de l’Évangile, la force de vos prières et la communion entre chrétiens sans frontières confessionnelles.

Entamant la nouvelle année 2023 et rentrant dans vos lieux de vie actuels, emportez avec vous toutes ces expériences positives de la rencontre de Rostock :

Tout comme la cogue sur le tableau dans le hall de la foire qui quitte la ville chargée à ras bord toutes voiles dehors, vous vous mettez en route vers différents lieux en Europe et dans le monde entier. Emportez comme « message de bateau [Boot] » la force de la foi en Jésus-Christ. Lacez vos chaussures de pèlerin comme des « boots of hope » et allumez vos bougies comme des phares par temps de tempête et faites briller vos lumières de manière visible dans ce monde.

Priez et travaillez pour la paix dans un monde sans paix.
Priez et travaillez pour l’unité des chrétiens et des chrétiennes.

Merci de avoir rendu visite à l’ensemble œcuménique des Églises en Allemagne et
Merci d’enrichir la communauté œcuménique en tant d’endroits dans le monde !

Printed from: https://www.taize.fr/fr_article35106.html - 20 April 2024
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