TAIZÉ

2022 | Retour sur la cinquième rencontre d’amitié

 

La 5ème édition de la rencontre d’amitié entre jeunes chrétiens et musulmans à Taizé

Du 13 au 17 juillet 2022, ce sont plus d’une centaine de jeunes chrétiens et musulmans (de France la plupart, mais aussi d’ailleurs) qui ont rejoint le millier de jeunes déjà présents pour la semaine. Les jeunes musulmans étaient pour la plupart originaires de l’Essonne (mosquée de Massy), de Paris, de Lille, de Clermont-Ferrand et de Chalon-sur-Saône. Toutes les journées ont été rythmées par les 3 prières chrétiennes quotidiennes (8h15, 12h20 et 20h30), durant lesquelles des chants de Taizé en langue arabe ont été chantés, et aussi par les cinq prières musulmanes auxquelles ont assisté de nombreux non-musulmans. En signe d’amitié et de communion, les non-musulmans s’étaient assis sur les côtés de la grande salle que Taizé avait aménagée comme lieu de prière pour les musulmans, salle habituellement utilisée pour l’accueil. Trois imams (de Massy, de Lille et de Chalon-sur-Saône) ont conduit les prières musulmanes.

Ce qui a aussi permis à tous ces jeunes de mieux se connaître, c’était les petits groupes d’échanges du matin, formés après une réflexion sur « les traces d’Abraham », réflexion croisée animée par l’imam de Massy et un frère de Taizé à partir de passage du Coran et de la Bible. D’autres échanges informels ont eu lieu durant le séjour, au cours des repas, des moments de petits travaux de service ensemble (nettoyage, distribution des repas, vaisselle, etc) et des temps libres. Le tout, dans un climat de bienveillance, d’accueil, d’écoute, favorisé par la prière commune. En fin d’après-midi des ateliers ouverts à tous les jeunes présents cette semaine là à Taizé ont été proposés, donnant l’occasion d’entendre de nombreux témoignages d’expériences d’accueil, de dialogue, parfois dans des situations bien difficiles, comme ont pu l’exprimer les animateurs de ces ateliers, certains vivant à Paris, d’autres au Liban, en Israël, ou encore au Nigéria.


Quelques échos de ces journées

« La force de cette rencontre, c’est sa durée qui permet d’avancer dans la confiance et le partage, et son cadre, celui d’une communauté de prière, car tout croyant et priant est en capacité de partager quelque chose avec un autre priant. Quelle que soit notre religion, nous cherchons tous, au-delà de nos rites et de nos mots, nous cherchons tous à vivre une relation vivante avec notre Dieu. Cette hospitalité de la prière a marqué : 4 jours de vie et de prière communes, c’est autre chose qu’une après-midi autour d’une table. »

« Hier, je nous voyais comme les enfants d’une même famille : les enfants d’Abraham et la famille de Dieu. Prions le seigneur pour que l’amour fraternel qui nous a unis ces derniers jours jaillissent sur terre et gagne le cœur des humains comme il a réjoui les nôtres. »

« Être ensemble sous le regard de Dieu » : ces mots de frère Alois résument bien ces quelques jours intenses de rencontre que nous avons vécu à Taizé entre chrétiens et musulmans… Le soleil était au rendez-vous à l’extérieur tout comme dans les cœurs, et ensemble, à partir de notre foi nous nous sommes tournés vers le Soleil de Dieu pour recevoir Son Amour, Sa Lumière. Et j’imagine qu’il devait y avoir de la Joie dans le Ciel de nous voir ainsi réunis et unis. Nous avons pu vivre une expérience unique d’hospitalité et d’écoute réciproque : se recevoir les uns les autres et recevoir les uns des autres à travers l’écoute de nos textes fondateurs autour de la figure d’Abraham et de leurs commentaires, à travers les temps de partage où nous pouvions échanger sur nos expériences personnelles, de nos temps de prière où chacun a pu découvrir la prière de l’autre, les mots de la foi de l’autre, à travers aussi les moments informels et conviviaux …. autant d’occasions de mieux « nous entre-connaître », et de découvrir combien nous ne nous connaissons pas ou très mal, de déconstruire certains préjugés, faire tomber les barrières des peurs… Le climat de confiance et de respect qui régnait a permis d’aborder les similitudes entre nos deux religions/foi mais aussi d’échanger en vérité sur les points de notre foi où nous sommes en désaccord, nous poser mutuellement des questions afin de mieux comprendre ce que l’autre croit… Cela m’a permis de mieux peser le commun mais aussi le différent… Après une discussion à bâtons rompus autour de Jésus, j’ai été très touchée par les paroles de Bilal qui m’a dit en aparté : « excusez-moi si je vous ai blessée par mes propos sur Jésus car je ne connais pas la religion chrétienne »…. Si l’humilité est une vertu que beaucoup de musulmans ont reconnu chez les chrétiens, je peux dire moi aussi que j’ai été témoin de cette humilité chez nos frères musulmans.

Le mot qui résonne avec force après ces jours est le mot GRATITUDE.

« Je retiens cette phrase de l’imam Chamouini qui m’a beaucoup touchée : « Quand il y a de la place dans le cœur, il y en a dans la maison ».


Certains passages de cet article ont été repris d’un article publié par Eric Maier.