TAIZÉ

Février 2018

Nouvelles des migrants accueillis à Taizé

 

Depuis 2015, l’Europe traverse une crise migratoire jamais connue auparavant. Face à ce défi et soutenue par la générosité de beaucoup de voisins, la communauté ne cesse d’ouvrir ses portes pour accueillir des migrants.

Les centres d’accueil et d’orientation

En novembre 2015, pour accueillir des migrants venant de Calais, ce qu’on appelle un CAO (centre d’accueil et d’orientation) a été ouvert à Taizé. Ce lieu a pu accueillir treize jeunes hommes âgés de 19 à 40 ans, tous musulmans, originaires du Soudan et de l’Afghanistan. Neuf parmi eux, qui ont obtenu leur statut de réfugié, travaillent aujourd’hui ou suivent des formations dans la région autour de Taizé. Un d’eux, veuf, avait un fils de 13 ans au Soudan, frère Alois à l’occasion de sa visite l’an dernier dans ce pays a ramené à son père l’enfant qui est aujourd’hui scolarisé et le père travaille dans une fonderie de la région.

En novembre 2016, la communauté a ouvert un CAOMI (centre d’accueil et d’orientation pour mineurs) afin d’héberger provisoirement dix-huit jeunes déclarés mineurs à Calais, qui voulaient aller en Angleterre. Sept jeunes ont décidé de rester à Taizé pour leur procédure de demande d’asile. Un d’eux est aujourd’hui dans un foyer éducatif proche de Taizé et quatre réfugiés vivent encore dans le village, cherchant comment s’installer dans la région.

Les familles

La communauté a aussi accueilli ces dernières années quatre familles réfugiées d’Irak et de Syrie. Après plusieurs mois à Taizé, qui leur ont permis de retrouver une autonomie et une bonne intégration en France, deux de ces familles se sont installées ailleurs, gardant avec la communauté une relation quasi familiale.

En attente de protection

En septembre dernier, la communauté a accueilli trois jeunes migrants du Soudan du Sud et du Soudan, âgés de 20 à 28 ans. Ces jeunes ne savent pas encore s’ils pourront faire leur demande d’asile en France à cause du règlement Dublin. En attendant, comme ils n’ont pas l’autorisation de travailler, ils apprennent le français, ils s’engagent dans le bénévolat et ils participent à des échanges sur les causes et les difficultés de leur parcours migratoire.

Familles de parrainage

Chaque jeune migrant accueilli à Taizé est accompagné par une famille de la région. Par de simples visites régulières à leur famille de parrainage, les jeunes cheminent vers une bonne intégration dans la culture française et ils reçoivent un soutien inestimable. Un des jeunes réfugiés disait récemment : « Françoise s’occupe de moi plus qu’une mère ne s’occuperait de son propre fils ! »

Cours de français

Quand la communauté a ouvert ses portes aux jeunes venant de Calais, tout de suite un élan de générosité de la part des habitants de la région s’est manifesté. Aujourd’hui, des cours de français sont proposés quatre jours par semaine à la Mairie de Taizé et une dizaine de bénévoles se relaient pour donner les cours. Christine, professeure de français langue étrangère (FLE), écrit : « Mon grand étonnement et mon grand plaisir aussi est de constater la motivation des demandeurs d’asile et leur investissement pour apprendre le français, malgré toutes leurs autres préoccupations. » Aux trois migrants qui participent aujourd’hui aux cours se sont joints une dizaine d’étrangers de différents ays vivant dans la région, qui profitent ainsi de la qualité de ces cours.

Les échanges

Les migrants accueillis à Taizé ont été invités à animer une journée de réflexion sur les migrations au Lycée Saint Joseph à Châteaubriant, en Bretagne. En novembre 2017, trois d’entre eux s’y sont rendus et les élèves du Lycée ont été impressionnés par l’histoire de ces jeunes qui ont traversé le Sahara, l’enfer en Libye, la Méditerranée. Les migrants ont aussi été impressionnés par la qualité de l’écoute et le sérieux des élèves.

A Taizé, les migrants participent parfois aux ateliers thématiques proposés aux jeunes pèlerins, où ils peuvent partager leurs parcours et leur motivation.

Au Parlement Européen

En janvier 2018, un groupe de jeunes migrants a visité le parlement européen. Lors d’une rencontre avec le commissaire européen à la Migration, avec des députés européens de différents partis et de différents pays et avec le directeur général de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), les migrants ont pu parler de leur expérience d’accueil en Europe et de leur situations respectives : réfugiés statutaires, demandeurs d’asile, migrants « dublinés », mineurs isolés dont la minorité n’a pas été reconnue…

Un député européen nous a envoyé des images de cette visite, filmées par Claudio CUTARELLI, concernant la problématique des accords de Dublin :

Pour regarder un clip plus long de cette rencontre, cliquer ici.

Le bénévolat

Les migrants accueillis à Taizé ont toujours été heureux de donner un coup de main autour d’eux et de se sentir utiles en accomplissant un service pour les autres. Ils retrouvent une dignité quand ils peuvent donner quelque chose d’eux-mêmes.

Edith, trésorière de l’équipe de Cluny du Secours Catholique, écrit que « trois jeunes migrants sont bénévoles et ils viennent prêter main forte pour les manifestations. Ils ont participé à plusieurs activités, comme la tenue d’un stand et l’organisation du grand repas annuel, où ils ont été félicités par tout le monde pour la qualité de leur engagement. »

Les migrants aiment aussi faire du volontariat auprès des jeunes pèlerins qui visitent la communauté. Gonçalo, un jeune portugais, écrivait récemment : « Travailler avec trois jeunes migrants fut une expérience unique ; ils se sont bien intégrés dans notre équipe et nous avons partagé ensemble sur certains aspects de notre culture et de la leur. Ils nous ont raconté leur expérience et leur recherche de paix ».

L’été dernier, beaucoup de jeunes ont répondu à l’appel à une solidarité avec les migrants et ont apporté des dons à Taizé. Avec Orsi, une bénévole, trois jeunes migrants sont partis à Calais en novembre pour donner au secours catholique local des sacs de couchage, des gels douche, du shampoing, des dentifrices, des brosses à dents. Ils ont été hôtes pour deux nuits à la maison Maria Skobtsova, où les portes sont ouvertes aux exilés les plus vulnérables. Orsi écrit : « Nos trois amis de Taizé avaient vu la même misère au cours de leur propre voyage à travers de nombreux pays, le désert, la Méditerranée, et ils comprenaient bien ce que les jeunes de Calais traversent. »

Dernière mise à jour : 20 février 2018