Que m’importe la multitude de vos sacrifices ? dit le Seigneur. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux. Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. Quand vous venez vous présenter devant moi, qui vous demande de souiller mes parvis ? Cessez d’apporter de vaines offrandes. J’ai en horreur l’encens, les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées  ; je ne puis voir le crime s’associer aux solennités. Mon âme hait vos nouvelles lunes et vos fêtes  ; elles me sont à charge. Je suis las de les supporter. Quand vous étendez vos mains, je détourne de vous mes yeux. Quand vous multipliez les prières, je n’écoute pas : vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux la méchanceté de vos actions. Cessez de faire le mal ; apprenez à faire le bien ; recherchez la justice. Protégez l’opprimé  ; faites droit à l’orphelin ; défendez la veuve. Venez et plaidons ! dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme la neige  ; s’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine. (Isaïe 1,11-18)

Le prophète Isaïe devient le porte-parole d’un Dieu qui ouvre son cœur à son peuple bien-aimé. L’amour et les paroles claires ne s’excluent pas. Celui qui dit ce qu’il ne peut plus supporter chez l’autre n’a pas encore renoncé à se confier à lui.

Les responsables du peuple se soucient de Dieu d’une façon qui lui répugne. Leur culte est inutile, vide et même destructeur. En un mot, Dieu en a horreur (du culte, pas des hommes). Dieu n’écoute plus, ne veut plus regarder.

Pourtant, le calendrier liturgique semble bien observé, les prières paraissent bien se dérouler. Cependant, ce que Dieu attend, ce n’est pas une amélioration de la liturgie, mais plutôt de ceux qui la célèbrent. Ils veulent le servir, mais ne servent pas les humains. Ils ne voient pas que Dieu s’est lié à tout le peuple, à commencer par les plus faibles, opprimés et vulnérables. Ainsi conduisent-ils à la ruine le peuple que Dieu leur a confié.

La prière de ces gens s’est tournée en dérision. Ils sont en fait impurs. S’ils veulent servir Dieu, ils doivent d’abord se convertir. Ils doivent se purifier en faisant le bien, en aidant les autres, en établissant la justice. Qui va à la dérive dans la vie politique et sociale et nuit aux faibles et aux déshérités s’éloigne de Dieu. Mais Dieu, le véritable souverain, invite à revenir à lui et offre un pardon qui purifie, qui enlève le sang criant vers le ciel, dont le bruit couvre tous les hymnes.

Là où Dieu, qui habite au milieu de son peuple, est honoré comme il faut, disparaissent l’oppression, l’arbitraire et l’injustice. Alors les humains sont à même de le louer, parce qu’ils respirent librement et leur dignité est respectée.

Ce qui éclate ici de manière prolixe et dramatique, Jésus l’exprime dans un langage plus sobre et lapidaire, mais non moins percutant, quand il dit : « Quand tu présentes ton offrande à l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis reviens, et alors présente ton offrande » (Matthieu 5, 23-24).

 Comment est-ce que je mets ensemble service de Dieu et service des autres ?

 Comment cela se passe-t-il dans mon église ?

 Quel sens ces paroles peuvent-elles avoir pour les gens qui cherchent à tâtons le chemin vers une société où les droits de tous sont respectés ?