Il est né en Suisse, en 1938, à Saint-Sulpice dans le canton de Neuchâtel. Jeune étudiant en théologie à Neuchâtel, il rejoint la communauté de Taizé en 1958. Poursuivant ses études de théologie en vivant entre Taizé et Neuchâtel, il collabore à la recherche de son professeur Jean-Louis Leuba sur les conciles œcuméniques dans la pensée des Réformateurs. En 1961, il s’établit à Taizé et s’engage pour toute sa vie dans la communauté. En 1962, il repart pour un stage d’une demi-année dans la paroisse de la collégiale de Neuchâtel, avant d’être consacré pasteur en 1963 au Locle.

Dès son arrivée à Taizé, il a assisté frère Roger, jusqu’au décès de celui-ci en 2005. Il avait en charge le secrétariat. Il a accompagné le prieur de Taizé lors des sessions du concile Vatican II comme pour les visites annuelles aux papes Paul VI et Jean-Paul II. Avec frère Roger et une équipe intercontinentale de jeunes, il a séjourné à Calcutta, Hongkong, Nairobi et Temuco à la fin des années 1970 et collaboré à la rédaction des lettres écrites à ces occasions pour être méditées et discutées lors des rencontres de Taizé.

Il était la mémoire vivante de Taizé. De 2011 à 2023, il a édité les dix volumes de la Collection « Les écrits de frère Roger, fondateur de Taizé ». Dans les dernières années de sa vie, luttant contre la maladie, il n’a pas cessé de s’investir pleinement dans la vie de la communauté. Il a participé à l’accueil de réfugiés yézidis, travaillé au jardin des plantes aromatiques et à l’atelier des tisanes et accompagné la publication du livre « Through the Iron Curtain » (« À travers le rideau de fer ») qui relate les liens de Taizé avec des chrétiens dans les pays de l’Europe de l’Est à cette époque.

Pendant toute sa vie à Taizé, il a exercé un ministère d’accompagnement auprès de retraitants, de volontaires et de frères de la communauté. Frère Charles-Eugène avait un don pour encourager les autres. Il avait le corps fatigué par la maladie, mais l’esprit alerte jusqu’au dernier jour de sa vie. Sa connaissance incomparable de l’histoire de Taizé n’était teintée d’aucune nostalgie : il s’impliquait entièrement dans les nouvelles étapes que la communauté était amenée à franchir.