24 décembre au Grand Yoff
Un des frères qui vivent à Dakar écrit :
En cette veille de Noël, comme chaque année, nous voyons se dresser au carrefour tout proche et jusque devant notre porte, un imposant chapiteau. Qui barre toute la circulation. On amène des tapis, une estrade, des chaises et quelques grands fauteuils pour les dignitaires. Et un équipement de sonorisation redoutable. Avec un groupe électrogène pour parer aux délestages possibles. Les hauts-parleurs sont bien entendu orientés de façon à irriguer tout le quartier, nous y compris. Dès15 heures on ne s’entend plus dans notre petite cour. Il s’agit, nous dit-on, d‘organiser pour les jeunes musulmans des nuits de prières et de chants religieux ! Rien contre nous, mais qu’allons-nous devenir avec notre modeste projet de veillée ?
Comme le soir approche, nous tentons de négocier. La grande tente est encore vide, il n’y a là que les organisateurs, des voisins que nous connaissons bien. Nous expliquons que nous aussi nous aimerions célébrer ce soir la naissance de Jésus par une veillée, sur fond de silence. "Pas de problème ! Nous sommes vos parents !" Et on arrête aussitôt la sono."Quand vous aurez terminé, faites-nous signe."
Belle veillée, joyeuse et méditative, avec les enfants, les jeunes et les mamans : notre cour est comme une crèche toute humble dans la nuit de Bethléem. Quand nous avons terminé vers minuit, dès que les enfants sortent, la sono reprend de plus belle. Nous ne fermerons plus l’œil de la nuit.
La Transfiguration
Un des frères écrit : « Pas de montagne au Sénégal, tout est si désespérément plat. Comment y vivre la fête de la Transfiguration ?
On monte sur la terrasse de la maison à six heures du matin. Il fait nuit, un prêtre ami est venu pour célébrer avec nous l’eucharistie. Des jeunes sont là, certains venus de loin. Les enfants peu à peu arrivent, grimpent l’esca lier encore tout ensommeillés, traînant avec eux quelques mamans. On peut commencer et, peu à peu, les chants s’affermissent…
Il fait presque frais, pas de pluie aujourd’hui, juste une brise légère et quelques nuées dans le ciel. L’aube se lève en douceur, les oiseaux commencent à chanter. On est passé insensiblement des ténèbres de la nuit à la lumière du jour. Quelle parabole unique ! »