Bien que nous soyons déjà assez nombreux à Taizé cette semaine, c’est le moment, juste avant les grandes rencontres d’été, où nos frères peuvent prendre un peu de repos. Nous ne sommes pas tous ici en ce moment. Comme vous, nous avons parfois besoin d’une pause et d’expérimenter une nouvelle manière d’être pendant un certain temps.
La semaine dernière, j’étais avec deux frères dans les montagnes. Se plonger dans la beauté de la nature a été un véritable cadeau. Au sommet des montagnes, c’était encore l’hiver, mais en redescendant, nous sommes passés du printemps à l’été, en voyant avec plaisir les crocus, les narcisses, les géraniums et les azalées.
Comme la création de Dieu est merveilleuse ! Lorsque nous la contemplons, nous ne pouvons que rendre grâce pour ce que nous voyons.
En même temps, nous prenons conscience que Dieu nous demande de prendre soin de ce qui nous est donné. Dans une autre vallée, à une courte distance, des inondations ont dévasté un village lors d’un événement météorologique extrême probablement lié au changement climatique.
Chacun d’entre nous a un rôle à jouer dans le soin de la création blessée de Dieu, dont notre famille humaine blessée fait partie. Les petits choix que nous faisons peuvent faire partie de quelque chose de bien plus grand que ce que nous pouvons imaginer.
Notre monde et notre société nous posent actuellement de nombreux défis. En tant que personnes désireuses de suivre le Christ, nous ne voulons pas fuir ces défis, mais les considérer à la lumière de notre confiance en son amour.
Cette semaine, pendant la prière du soir, nous avons lu les chapitres 5 et 6 de l’Évangile de Matthieu, un recueil d’enseignements de Jésus que nous appelons souvent le Sermon sur la Montagne. C’est comme si, par ses paroles, des paroles qui reflètent sa propre vie, Jésus nous ouvrait un chemin.
En écoutant ces paroles, nous comprenons que nous sommes toujours appelés à choisir la voie d’un plus grand amour. Cela affecte la façon dont nous voyons les autres et les choix que nous faisons à leur égard.
À l’âge de 19 ans, j’ai lu le livre d’un théologien allemand appelé Dietrich Bonhoeffer. Il s’intitulait Le prix de la grâce et il a eu une grande influence sur moi. Il s’agit en partie d’un commentaire du Sermon sur la montagne.
Bonhoeffer a vécu en temps de guerre. Il a vu le danger de compromettre notre foi avec la tyrannie et la politique de la haine. Les choix qu’il a faits lui ont coûté la vie, mais son témoignage nous parle encore aujourd’hui dans notre monde complexe.
Beaucoup de nos pays en Europe et en Occident, mais aussi ailleurs dans le monde comme en Bolivie et au Kenya, sont à la croisée des chemins. Comme Bonhoeffer, serons-nous prêts à prendre le risque de choisir la voie d’un plus grand amour, à montrer que l’Évangile nous conduit à vivre et à cheminer pour et avec les autres ?
C’est ainsi que nous pourrons nous rapprocher des personnes vulnérables et opprimées et peut-être contribuer à surmonter les polarisations qui cherchent à diviser. Nous pouvons devenir des pèlerins de la paix là où Dieu nous place.
Vous vous préparez à quitter Taizé. Quand vous rentrerez chez vous, regardez quelles occasions existent déjà autour de vous pour prier, écouter la Parole de Dieu et construire une communauté avec d’autres. Ce n’est pas facile, mais c’est possible.
J’aimerais vous demander de relire, au cours des prochaines semaines, le Sermon sur la montagne, tiré des chapitres 5 et 6 de l’Évangile de Matthieu. Lisez-le lentement, laissez ses mots vous pénétrer profondément et laissez-les vous guider dans les choix que vous faites.
Demain soir, rejoignez-nous à 20 heures pour prier en silence ici dans l’église pour la paix dans le monde. Il y a tant de situations de violence dans nos familles, nos sociétés et de guerre.
En restant dans la prière silencieuse, nous montrons notre solidarité avec ceux qui souffrent. Et peut-être que des intuitions s’élèveront dans nos cœurs pour nous aider à faire les choix qui nous sont possibles.
Voulez-vous nous rejoindre à Tallinn, la capitale de l’Estonie, du 28 décembre au 1er janvier ? C’est là que se tiendra notre 47e rencontre européenne. Joignez-vous à nous pour prier pour la paix dans le monde et sur notre continent, où la guerre est à nouveau présente.
À Tallinn, nous voulons vivre un signe visible d’une Europe ouverte et accueillante. Ce sera aussi l’occasion de partager notre foi avec des jeunes venus de partout. Nous nous réjouissons de vous y retrouver !