TAIZÉ

Méditation de frère Matthew

Une communion qui ne connaît pas de limites

 
Jeudi 10 avril 2025

Bienvenue à vous qui êtes venus cette semaine à Taizé, de la France et de l’Allemagne surtout, mais aussi d’autres pays. C’est une grande joie d’avoir aussi parmi nous des bénévoles venant de l’Indonésie, de la Colombie, de la Chine, du Japon des États-Unis.

Sans le savoir peut-être, vous êtes signe d’une communion qui ne connaît pas de limites dans le Christ, qui n’abolit pas nos personnes, nos cultures et nos langues, mais qui va au-delà de cela pour nous faire comprendre que nous sommes tous aimés de Dieu.

Nous sommes à l’entrée de la Semaine Sainte durant laquelle pas à pas nous suivrons Jésus sur le chemin du don de sa vie. Pourquoi devait-il mourir ? Pourquoi a-t-il tellement souffert ? Ce sont des questions difficiles, mais quand nous regardons dans les Évangiles, nous saisissons qu’il n’a jamais cessé de servir et d’aimer, même face au rejet et à la condamnation injuste qui lui ont été imposés.

C’est ainsi que Jésus nous montre le visage de Dieu. Il ne se tient pas dans une position de pouvoir, qui lui était pourtant bien due, mais il se donne sans calcul, au prix même de sa vie. Il nous fait comprendre que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. C’est cela que nous allons célébrer à Pâques.

Et dimanche, le jour des Rameaux, nous donne de vivre une anticipation de la joie de Pâques. Nous nous retrouverons tous ensemble à 9h à la source St Étienne où les branches seront bénies par une sœur protestante et un prêtre catholique dans un beau geste d’unité en Christ.

Pendant l’Eucharistie, je prierai avec les mots suivants :

« Christ Jésus, doux et humble de cœur, tu n’as jamais cherché le triomphe. Et pourtant quand la foule t’a acclamé lors de ton entrée dans la ville de la paix le jour des Rameaux, même sachant que le moment s’approchait où tu devrais aller jusqu’au bout de l’amour que tu es venu nous montrer, tu as accueilli leur allégresse. À nous qui sommes souvent face à des situations de violence et de désarroi, donne-nous de discerner les signes de ta joie, de ta présence, même quand la nuit descend. Alors la confiance de la foi nous dit qu’avec toi la souffrance n’aura jamais le dernier mot. »

Comment discerner les signes de la présence du Christ dans cette période où nous sommes tellement secoués par ce qui se passe dans le monde ? C’est le défi qui est devant vous après votre séjour à Taizé. Cela ne sera pas facile, mais ensemble dans vos aumôneries et groupes de jeunes, vous pouvez vous soutenir mutuellement.

Je voudrais vous partager une rencontre vécue auprès des personnes d’une autre croyance dans notre région. Et pour cela, j’ai demandé que Yosuke, un de nos jeunes bénévoles, raconte ce qui s’est passé :

J’ai fait partie de ceux qui ont été invités à visiter la mosquée Essalem à Mâcon, pas très loin d’ici. Et lorsque nous sommes arrivés, j’ai tout de suite ressenti quelque chose que je ne peux décrire autrement que comme un accueil total.
 
C’est avec fierté qu’ils nous ont montré leur lieu de culte et d’enseignement et ils nous ont même invités à nous joindre à eux pendant leur temps de prière. Non pas pour participer à leur prière, mais simplement pour être là avec eux, parce qu’ils voulaient partager avec nous cet espace intime. Et même si leurs traditions et leurs coutumes sont très différentes de ce que nous faisons ici, on pouvait sentir que cela venait du même endroit d’amour, d’espoir et de bonté.
 
Ils nous ont dit que pour eux, honorer les invités, c’est honorer Dieu. J’ai compris ce que cela signifiait lorsqu’ils ont partagé avec nous leur nourriture. Même pendant le ramadan, ils avaient pris le temps de préparer un excellent repas composé de nombreux plats différents. C’était si bon, bien meilleur que ce que nous pouvons préparer dans la Grande Cuisine pour vous tous.
 
Pour eux, honorer les invités, c’est honorer Dieu. Et oui, je me suis senti vraiment honoré.

Et samedi dernier, un groupe de ce mosquée est venue à Taizé rendre la visite. La présence de ces amis musulmans de Mâcon était une fête. Dans un atmosphère d’écoute et de partage mutuels nous avons compris qu’au delà des différences qui existent entre nous, nous avons une humanité commune qui nous permettra de construire quelque chose ensemble.

Jésus dans les Évangiles a rencontré des personnes d’autres religions. Il les a écoutées et il a parfois appris d’elles. Alors cette rencontre nous a mis dans la présence du Christ, lui qui nous ouvre à une communion avec tous qui nous conduira à accueillir la paix qu’il nous offre. Vivez-vous déjà de telles expériences ? Pouvez-vous chercher à concrétiser de telles rencontres d’amitié ?

Venez nous rejoindre vendredi soir à 20h quand nous prierons en silence pour la paix dans notre monde. Nous ne pouvons pas oublier la souffrance dans les pays où la guerre sévit. Nos frères rentrent de l’Ukraine, et les visites vont y continuer. D’autres vont partir au Liban, et en Israël et Cisjordanie après Pâques. Nos amis soudanais nous rappellent des horreurs qui ont lieu dans leur pays et demain, suite à l’initiative du mouvement « Pax Cristi » et une journée de prière pour le Soudan. Prier en silence est un signe de notre désir pour cette paix tant espérée.

Et à la fin de l’année du 28 décembre au 1er janvier vous êtes tous attendus à Paris et en Île-de-France pour la rencontre européenne à l’invitation de l’archevêque de Paris et des évêques de la province ainsi que des responsables protestants et orthodoxes. Cette rencontre sera aussi un signe de notre désir de paix et de fraternité dans la famille humaine, oui, d’espérer au-delà de toute espérance.

Dernière mise à jour : 14 avril 2025