TAIZÉ

Méditation de frère Matthew

Discerner les signes de Dieu autour de nous

 
Jeudi 22 août 2024

Bienvenue à vous tous qui êtes avec nous cette semaine à Taizé. Vous êtes venus de toute l’Europe, du Portugal à la Roumanie, de l’Italie au nord de l’Angleterre, et de bien plus loin encore. C’est une grande joie d’avoir parmi nous les familles de deux de nos frères indonésiens des îles de Sulawesi et de Java. Je voudrais leur dire : votre présence est si importante pour nous !

Nous sommes tous si différents les uns des autres et pourtant nous avons un désir commun : cheminer ensemble avec Dieu et les uns avec les autres. N’y a-t-il pas une soif intérieure qui nous pousse à aller de l’avant ? Même sans voir le point final, en tant que pèlerins nous cherchons un sens à chaque étape du chemin. Nous sentons intuitivement la direction à prendre.

Au cours de cette semaine, beaucoup d’entre vous ont fait l’expérience des défis, mais aussi de la beauté de la vie en communauté. Cette expérience peut-elle vous aider quand vous rentrez chez vous à la fin de la semaine ? Certains d’entre vous sont venus avec des groupes d’Église, d’autres ont peut-être découvert pour la première fois ce que signifie la vie en Christ avec d’autres.

Tout comme Taizé n’est pas parfait, nos Églises ne le sont pas non plus, mais nous cheminons ensemble pour découvrir cette plénitude de la vie dans le Christ. La lecture de Matthieu 13 que nous avons entendue ce soir nous aide à mieux comprendre cela.

Jésus nous dit que le Royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Mais à sa grande surprise, un ennemi vient et sème de l’ivraie qui pousse au milieu du blé. Cependant, au lieu de laisser ses serviteurs arracher l’ivraie et risquer de détruire le blé, il leur dit de laisser tout pousser ensemble jusqu’à la moisson lorsque ce qui est bon sera préservé.

Cette parabole peut-elle nous encourager dans les semaines à venir ? Peut-elle nous amener à croire que Dieu est à l’œuvre dans nos vies et autour de nous, malgré les difficultés réelles que nous rencontrons ? En rentrant chez vous, êtes-vous prêts à demander à l’Esprit Saint d’ouvrir vos yeux pour discerner les signes de Dieu autour de vous ? Vous serez peut-être surpris de ce que vous verrez.

Et quelle joie d’être ensemble dans notre diversité de chrétiens. Nous sommes très heureux d’avoir parmi nous cette semaine l’évêque Olivia et l’évêque Smitha de l’Église d’Angleterre. Demain arrivera l’archevêque Stephen Cottrell de York, qui prêchera lors de l’Eucharistie de dimanche. Sœur Nathalie Becquart, du Secrétariat du Synode à Rome, viendra également demain. Il y a deux semaines, le métropolite Demetrios de Paris a célébré avec nous la Divine Liturgie orthodoxe dans cette église, dans le cadre de notre semaine consacrée au témoignage de la foi orthodoxe.

N’y a-t-il pas déjà une unité qui nous est donnée en Christ et qui dépasse nos attentes, même si notre communion n’est pas encore parfaite ? Pour reprendre les mots du théologien orthodoxe Olivier Clément, n’y a-t-il pas des moments où nous entrevoyons l’Église indivise dans ce mystère de communion qu’est le corps du Christ ?

C’est le 20 août 1940 qu’un Suisse de 25 ans, Roger Schutz, est arrivé à Taizé. Sous le nom de frère Roger, il a fondé notre communauté de Taizé. Il a commencé avec presque rien, mais il a relevé le défi de l’Evangile et il était prêt à tout risquer dans cette aventure de la confiance en Dieu. Nous rendons grâce à Dieu pour la beauté de ce que nous pouvons vivre aujourd’hui ici.

Ces deux derniers soirs, j’ai partagé le dîner avec deux des groupes de bénévoles qui sont à Taizé ces semaines. A tous nos bénévoles, je veux dire un grand merci ! Sans vous, il nous serait impossible d’accueillir autant de jeunes du monde entier.

Beaucoup de volontaires se préparent maintenant à quitter Taizé et j’ai demandé à deux d’entre eux, Theresa de l’Allemagne et Julio de l’Espagne, de nous dire ce qui a été important pour eux pendant leur séjour.

Theresa : Pour commencer, Taizé est un endroit particulier pour moi. Pendant ce temps de volontariat, c’est important pour moi d’avoir du temps, du temps pour moi pour découvrir ma foi et passer du temps avec les différentes personnes que je rencontre ici.

C’est merveilleux de voir comment ma foi grandit ici, de pouvoir poser des questions et de trouver les réponses, parfois en étant seule, parfois en échangeant avec d’autres personnes. Je suis aussi très contente d’avoir l’opportunité de contribuer à l’expérience que beaucoup viennent chercher ici, quand j’aide aux rencontres.

Je suis reconnaissante de pouvoir rencontrer des personnes venant du monde entier et de pouvoir parler avec eux de presque tout. De voir toutes ces traditions différentes de foi ouvre les yeux, particulièrement à propos de nos façons de vivre et d’expérimenter notre foi.

Julio : Ce que je retiens de mon expérience de volontaire, c’est la simplicité que les frères nous montrent chaque fois qu’on prend un repas avec eux en communauté, et le fait qu’ils se donnent au service des volontaires en plus de ce qu’ils essaient de vivre.

J’ai perdu la spiritualité que j’ai eue un jour, et grâce à Taizé et aux trois prières quotidiennes, je l’ai retrouvée.

J’ai aussi découvert ici que dans la vie en communauté, ce qui à la fin compte par dessus-tout c’est l’amour, le service et le dévouement aux autres. Cela me fait penser aux premières communautés chrétiennes.

Taizé est un endroit où on va à la racine, à l’essentiel, un endroit où "moins" c’est en fait "plus", un endroit où notre origine ne compte pas, un endroit dont je suis fier de faire partie.

La semaine dernière, nous avons accueilli environ 150 jeunes Ukrainiens à Taizé. Parmi eux, il y avait Alla. Il y a deux ans, elle a perdu son fils unique au front. Vendredi dernier, elle a appris la mort de son mari qui était malade. Face à des situations comme la sienne, nous pourrions nous demander : « Où est Dieu ? ». Mais la bonté du visage d’Alla nous renvoie à quelque chose de plus grand que nos questions.

Il n’est pas facile d’être proche de ceux qui souffrent d’une grande perte, mais en les écoutant, c’est souvent eux qui nous aident à retrouver la confiance.

Venez demain à 20 heures pour prier avec nous, comme nous le faisons chaque vendredi soir, pour la paix dans notre monde. Nous n’oublierons pas le peuple ukrainien et ceux qui souffrent aussi en Terre Sainte et dans tant de zones troublées à travers le monde.

À la fin de l’année, nous prierons pour la paix à Tallinn lors de notre rencontre européenne annuelle, du 28 décembre au 1er janvier. L’Estonie est un petit pays, où les chrétiens ne sont pas très nombreux. Mais ils nous préparent un bel accueil. Venez nous y rejoindre !

Dernière mise à jour : 23 août 2024