TAIZÉ

Méditation de frère Matthew

« Jésus nous dit-il encore aujourd’hui : “Viens et suis-moi ” ? »

 
Jeudi 29 août 2024

C’est au cours de cette semaine, il y a de cela bien des années, que je suis venu à Taizé pour la première fois. Je suis venu avec des amis de l’université et je me souviens si bien d’être entré dans l’église. La prière commençait et j’ai immédiatement été attiré par les chants.

Je me suis senti invité et inclus. Personne ne nous disait quoi faire, personne ne dirigeait la prière. J’avais le sentiment d’être seul devant Dieu tout en faisant partie d’une communauté de prière composée de personnes dans toute leur diversité.

Mais l’autre chose qui m’a frappée, c’est la beauté des étoiles la nuit. Venant d’une ville industrielle du nord de l’Angleterre, les étoiles n’étaient pas si faciles à voir à l’époque. Tout à coup, j’ai eu le sentiment d’être enveloppé par l’immensité et l’émerveillement de la création de Dieu.

Lors d’une deuxième visite, l’année suivante, j’ai posé la question suivante : « Jésus nous dit-il encore aujourd’hui : “Viens et suis-moi ” ? » Je me suis rendu compte que les frères appartenaient à des Églises chrétiennes différentes. Je savais que Jésus avait prié dans Jean 17 pour l’unité de ses disciples.

Leur témoignage, même si je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’êtres humains ordinaires essayant au jour le jour de vivre leur foi, m’a semblé cohérent. Si nous parlons d’un Dieu d’amour, nous devons nous aimer les uns les autres. J’ai pris une année libre de mes études pour être volontaire à Taizé et j’ai compris avec le temps l’invitation que le Christ me faisait.

La prière est toujours au cœur de la vie de notre communauté et les étoiles sont toujours belles, mais les temps ont changé et de nouveaux défis nous attendent dans le monde d’aujourd’hui. Cependant, Jésus dit toujours « Viens et suis-moi ». Comment entendons-nous ses paroles ? Comment y répondons-nous ? Même lorsque nous pensons avoir trouvé notre voie, c’est chaque jour que nous devons faire un nouveau pas.

Ce soir, nous avons entendu l’histoire de Jésus marchant sur l’eau dans Matthieu 14. Le vent et les vagues étaient des symboles du chaos et les Écritures disaient que seul Dieu pouvait traverser la mer. En voyant Jésus, Pierre et ses amis sont d’abord effrayés, mais Jésus leur dit de ne pas avoir peur car c’est lui - « C’est moi » nous rappelle du nom de Dieu révélé à Moïse dans les Écritures hébraïques.

Avec un mélange de questionnement et de courage, Pierre s’adresse à Jésus. « Si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ». Lorsque Jésus dit « Viens », Pierre marche vers lui. Pierre doit laisser derrière lui la sécurité de la barque et de ses amis. Il doit sortir de sa zone de confort pour traverser le chaos et répondre à Jésus.

Mais lorsque Pierre regarde le vent plutôt que Jésus, il commence à sombrer. Il est partagé entre l’appel de Jésus et les dangers qui l’entourent. Il est pris entre ces deux réalités, et c’est sûrement en lui que se pose la question : « Est-il vraiment possible de faire ce que tu me demandes ? ».

Jésus tend alors la main pour guider Pierre jusqu’à la barque. Il ne l’abandonne pas. « Pourquoi as-tu douté ? dit Jésus à Pierre. Le verbe « douter » n’apparaît que deux fois dans l’Évangile de Matthieu : ici et lorsque les amis de Jésus le rencontrent après la résurrection, au chapitre 28. Lorsque le calme revient, Pierre et ses amis réalisent qu’ils peuvent vraiment mettre leur confiance en Jésus. Ils reconnaissent en lui le Fils de Dieu. Il y a quelque chose de la Résurrection dans ce récit

Comment Jésus nous appelle-t-il à sortir de la barque pour marcher vers lui à travers le chaos que nous trouvons souvent dans notre monde aujourd’hui ? Quels sont les risques qu’il nous demande de prendre pour répondre à son appel ? Il sera là pour nous aider lorsque nous faiblirons, et c’est ainsi que notre confiance grandira.

Cette semaine, à travers les réflexions bibliques, les temps de partage et les différents ateliers qui ont abordé une multitude de thèmes, comment avez-vous ressenti l’appel à aller plus loin dans votre foi et dans votre engagement quotidien dans la société et dans l’Église ? En quittant Taizé, quelle question vous guidera dans votre cheminement avec le Christ et avec les autres ?

Notre communauté est née en temps de guerre. Notre fondateur, frère Roger, a quitté la Suisse neutre en 1940 pour venir en France où il y avait beaucoup d’épreuves. Il avait la conviction que pour vivre l’Evangile, il faut être proche de ceux qui souffrent et s’est installé à Taizé avec le désir de fonder une communauté de prière et de solidarité, signe de paix.

Le risque que Frère Roger a ainsi pris devrait, pour moi, rester un point focal de notre vocation. Fin septembre, trois frères iront vivre en Ukraine pour une première période de six semaines. Ils resteront au même endroit, mais visiteront différentes parties du pays, pour écouter, prier et simplement être avec les gens. Ils comprendront peut-être qu’ils ne sont pas oubliés.

Guillemette, du JRS de Paris, est avec nous ce soir : Comment votre foi vous a-t-elle amené à vous engager pour les autres ?

"Ce qui m’a donné envie de m’engager, c’est une expérience de volontariat en Inde, où j’ai été saisie par la situation précaire des personnes que j’ai vues. L’expérience de la prière silencieuse m’a transformée, et j’ai fait l’expérience de l’Amour de Dieu tendre et miséricordieux. Cela a ouvert mon coeur pour aimer les Indiens comme des frères et sœurs. Après cette expérience, je devais me mettre au service de ceux qui souffrent.

C’est pourquoi je m’engage aujourd’hui au service des personnes en situation d’exil chez JRS. J’ai été bouleversée par le sourire radieux d’ un Afghan, alors qu’il pleure régulièrement la situation de ses soeurs contraintes de se cacher en Afghanistan. A Taizé j’approfondis cet engagement dans les amitiés : je m’émerveille du courage, de la resilience et de la générosité hors norme de ces jeunes pour se soutenir les uns les autres, comme par exemple ce jeune de Kaboul de 28 ans qui a du quitter en précipitation son pays. Il laisse sa femme et ses 3 enfants pour vivre en France, et en dépit de ses combats pour s’intégrer, il garde le sourire et illumine nos journées.

Être au service des personnes déplacées par force, c’est œuvrer chaque jour à plus de justice pour des jeunes qui ont mon âge. Je rends grâce à Dieu pour cet engagement qui me procure une joie profonde."

Tabea de Hambourg aimerait vous inviter à un atelier samedi qu’elle animera avec ses amis.
"Je m’appelle Tabea et je viens de Hambourg avec mes six amis. Hambourg est l’un des plus grands ports d’Europe et une ville très ouverte.

Dans notre ville, 120 communautés religieuses différentes cohabitent et de nombreuses personnes n’ont aucune foi. C’est pourquoi Hambourg a décidé d’organiser des cours de religion à l’école avec tout le monde.

Non seulement les protestants et les catholiques, mais aussi les juifs, les hindous, les musulmans, les bouddhistes et les alévis.

Samedi après-midi, nous vous expliquerons pourquoi il s’agit d’une expérience importante pour nous tous et pour nos croyances."

Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier tous ceux qui ont animé des ateliers et des réflexions bibliques au cours de cette semaine, pour le dur labeur qu’ils ont accompli en les préparant et pour tout ce qu’ils nous ont apporté.

Un merci particulier aussi au groupe de personnes qui étaient volontaires à Taizé dans les années 1970 et qui sont avec nous ce week-end. Ils ont aidé à préparer le Concile des Jeunes qui a eu lieu ici il y a 50 ans, en 1974, et qui a été le précurseur des rencontres de jeunes animées par la communauté à Taizé et ailleurs. Notre rencontre de cette semaine fait partie d’une histoire beaucoup plus vaste, qui a commencé il y a de nombreuses années.


Demain soir, nous nous retrouverons à 20h pour prier en silence pour la paix dans notre monde, où il y a tant de conflits, comme nous le faisons chaque vendredi à Taizé. N’oublions pas le peuple ukrainien et ceux qui souffrent en Terre Sainte, au Soudan, au Myanmar, au Nicaragua et ailleurs.

Nous n’avons pas de mots face à ces situations de guerre, mais en restant dans la prière silencieuse, nous exprimons notre solidarité avec ceux qui souffrent et qui parfois n’ont pas de mots. Des pensées et des intuitions peuvent surgir dans nos cœurs pour nous aider à faire les choix qui nous sont possibles, nous conduisant à devenir des pèlerins de la paix là où Dieu nous a placés.

Dernière mise à jour : 3 septembre 2024