TAIZÉ

Homélie de l’archevêque de York

 
L’archevêque anglican de York, le Révérend Dr Stephen Cottrell, primat d’Angleterre, s’est rendu à Taizé du 23 au 25 août pour rejoindre un groupe de jeunes de sa province qui avait participé aux rencontres pendant une semaine. Voici la méditation sur l’Évangile de Jean 6, 60-69 qu’il a prononcée pendant la célébration eucharistique du dimanche 25 août 2024.

“Dès lors, beaucoup de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui.” Jean 6, 66.

C’est sans doute l’un des versets les plus tristes des évangiles.

Les foules qui, hier avaient été nourries, reviennent aujourd’hui pour un autre repas gratuit.

Mais Jésus ne leur donne pas le pain qu’ils désirent. Il leur dit plutôt : “Je suis le pain”.

Il leur dit plutôt, ma chair et mon sang sont une nourriture.

Les foules s’éloignent. Même les disciples se mettent à murmurer. Qui peut accepter un enseignement aussi rude ?

Et puis, au verset suivant, le verset 67, encore plus triste, Jésus demande aux disciples : “Voulez-vous partir vous aussi ?”

Et ce matin, étant parmi vous, en ce lieu si beau de par l’hospitalité qui y est offerte à la jeunesse du monde, de toutes les nations, confessions, qui sont invitées à recevoir le pain qu’est Jésus et à se débattre avec son enseignement ; si ce pain est réellement le pain qui fait vivre à jamais, pourquoi alors les nations sont-elles en tumulte et pourquoi courent-elles après d’autres réalités et pourquoi rejettent-elles Jésus ?

Etant parmi vous, je me dois de vous dire que je trouve que la vie à la suite du Christ est rude, que je ressens parfois qu’il serait d’une certaine façon plus facile de m’éloigner, que je continue d’apprendre ce que signifie marcher sur ses traces et que j’ai encore beaucoup de chemin à faire.

Et c’est le moment où Pierre s’avance. Pierre le courageux, l’impétueux, Pierre le magnifique.

Seigneur, à qui d’autre irions-nous, dit-il à Jésus.

J’interprète cette parole ainsi : “J’aimerais bien aller ailleurs. J’aimerais bien que ce soit plus facile. S’il existe une sortie, merci de me montrer où elle se trouve cette porte.”

Mais aussitôt, ces mots où éclatent une espérance comblée de grâce : “Tu as les paroles de la vie éternelle.”

Ce que Pierre a vu en Jésus, moi aussi je l’ai vu. Ses paroles, qui représentent un tel défi, oui, elles sont exigeantes, mais ce sont des paroles de vie.

Quand je suis venu à Taizé pour la première fois, il y a trente ans, une chose qui m’a frappé au sujet de cette église où nous nous rassemblons pour prier trois fois par jour c’est le fait qu’il y ait de multiples entrées et sorties. On peut s’en approcher et, si on le souhaite, on peut s’en éloigner de plusieurs façons.

Son centre est Jésus. En ce lieu sont offertes ses paroles de vie.

Si vous êtes ici comme moi, peut-être sans trop savoir pourquoi vous êtes là ou ce que cela signifie, si suivre Jésus est pour vous une expérience rude et belle, alors, également comme moi, vous vous tenez là où Pierre s’est tenu.

Et, chères soeurs, chers frères, il est bon de se tenir dans un tel lieu avec toute la joie qui est donnée du fait que nous connaissons Jésus et aussi avec tout notre émoi.

Il n’y a pas un ailleurs où aller car ici se trouve la parole de vie éternelle.

Emportez-la avec vous, et autorisez-la à être votre guide.

Dernière mise à jour : 1er septembre 2024