Textes bibliques commentés
février
Le soir de ce même jour, Jésus dit à ses disciples : « Passons de l’autre côté du lac. » Ils quittèrent donc la foule ; les disciples emmenèrent Jésus dans la barque où il se trouvait encore. D’autres barques l’accompagnaient. Et voilà qu’un vent violent se mit à souffler, les vagues se jetaient dans la barque, à tel point que, déjà, elle se remplissait d’eau. Jésus dormait sur un coussin, à l’arrière du bateau. Ses disciples le réveillent et lui disent : « Maître, nous allons mourir ! Cela ne te fait rien ? » Jésus, réveillé, menaça le vent et dit au lac : « Silence ! tais-toi ! » Alors le vent tomba et il y eut un grand calme. Jésus dit aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? » Mais ils éprouvèrent une grande frayeur et ils se disaient les uns aux autres : « Qui est donc celui-ci, pour que même le vent et les flots lui obéissent ? » (Marc 4, 35-41)
Se trouver sur un petit bateau en pleine mer peut être paisible et rafraîchissant. Vous contrôlez votre environnement immédiat. Vous êtes hors de l’agitation du monde, et pourtant rien n’interrompt votre vision jusqu’à l’horizon. Cependant, si une tempête survient, le bateau se révèle tout à coup bien petit et fragile, entouré d’un chaos mortel.
Lors des restrictions de mouvement imposées cette année partout dans le monde, certains ont vécu tout à la fois un rafraîchissement pacifiant et une incertitude incontrôlable. Mais de nombreuses personnes, en particulier les pauvres, y ont expérimenté une menace dévastatrice pour leur vie plutôt qu’une paix. Comme l’a dit le Pape François, il faut nous rendre compte que nous sommes tous dans le même bateau et que l’humanité a un besoin urgent de trouver une solidarité sans précédent.
Nous sommes la première génération à réaliser clairement que toute notre planète est comme un petit bateau et que la façon dont l’humanité vit inflige à notre environnement un dommage qui peut devenir irréparable. Pour changer cela ensemble, nous avons besoin de la même solidarité que celle qui conduit à la justice humaine.
Jésus demande à traverser le lac pour aller de l’autre côté. C’est sa première visite dans un territoire habité par des non-juifs, le premier signe clair que sa vie apportera un changement non seulement en Israël mais dans le monde entier. La tempête qui éclate sur le lac représente la barrière à travers laquelle Jésus passe pour aller vers toute l’humanité, comme un avion franchissant le mur du son.
Il y eut auparavant un autre homme à qui Dieu demanda d’aller prêcher la repentance hors d’Israël, ce fut le prophète Jonas. Il prit alors un bateau pour fuir Dieu. Sur ce bateau, lui aussi dormit profondément pendant une tempête jusqu’à ce qu’il soit réveillé par d’autres passagers. Il fut jeté par-dessus bord et, supposé mort, il revint à la vie après trois jours. Jésus interprète ce retour de Jonas comme un signe de sa propre mort et de sa résurrection (Matthieu 12, 38-40).
Dans cette histoire, il s’agit également de l’incompréhension des disciples, qui ne comprennent pas pleinement l’identité de Jésus. Et pourtant ils ont été si fortement attirés par Jésus qu’ils ont tout quitté et l’ont suivi.
Pour autant que nous puissions le dire, les disciples n’en appellent pas à Jésus en pensant qu’il pourra changer la situation. Les mots qui sortent de leur bouche sont : « Cela ne te fait rien ? » Dans une situation où ils pensent qu’ils vont mourir, il devient urgent pour eux de savoir s’ils comptent vraiment pour Jésus ou s’il est indifférent à chacune de leurs vies. Marthe pour sa part avait dit les mêmes paroles à Jésus : « Cela ne te fait-il rien que ma sœur m’ait laissé faire tout le travail ? » (Luc 10, 40.) Quand nous essayons de suivre Jésus, il y aura aussi pour nous des moments où nous serons vulnérables, blessés ou en danger, et une attitude semblable pourra surgir en nous. L’important sera que nous l’exprimions au Christ dans la prière, comme l’ont fait les disciples et Marthe.
Une fois que Jésus a parlé et que tout devient calme, il demande à ses disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? », Non pas : pourquoi aviez-vous peur ? mais pourquoi avez-vous ? Il leur demande non seulement de réfléchir à leur impuissance face à la terreur de la tempête, mais aussi de réaliser plus profondément qui ils ont choisi de suivre.
Jésus dit à la tempête : « Silence ! tais-toi ! » et, voyant l’effet de ces mots, les disciples se disent : « Qui est donc celui-ci ? » Même si ce ne sont pas exactement les mêmes paroles, nous pouvons garder dans nos cœurs celles du Psaume 46. Après avoir évoqué les tempêtes, la guerre et le chaos, ce psaume nous dit que Dieu est avec nous en dépit de tout : « Arrêtez, et reconnaissez que moi je suis Dieu ! » (Psaume 46, 11).
Que puis-je faire pour contribuer à la construction de la solidarité ?
À quelles difficultés (« tempêtes ») devrai-je faire face si je commence à bâtir une communauté avec des personnes qui sont en dehors de ma zone de confort ?
Qui peut se tourner vers nous et nous demander : « Cela ne te fait rien si je suis en difficulté ? » Comment pouvons-nous répondre ?