TAIZÉ

2016 : Amérique latine

 
Au printemps, un frère de la communauté s’est rendu en Amérique centrale pour visiter le Salvador et le Guatemala, puis il a participé à Sucre en Bolivie à une rencontre avec des jeunes de ce pays et en Colombie à des prières dans différentes villes. Voici son récit :

En Amérique centrale

Au Salvador, nous nous sommes réunis pour des prières à la chapelle des martyrs de l’Université de l’Amérique Centrale (UCA), à San Salvador, et dans la paroisse San Daniel Comboni, à Ilopango. Des jeunes qui ont fait un séjour à Taizé ces dernières années se sont retrouvés avec d’autres qui découvraient la prière avec les chants de Taizé.

L’insécurité touche une grande partie de ce petit pays densément peuplé. Des groupes criminels formés surtout de jeunes rendent la vie difficile aux gens qui aimeraient vivre en paix après les années de guerre civile que le pays a connu entre 1980 et 1992.

Le terrain de l’UCA apparaît comme un havre de paix. Au centre Oscar Romero se trouve une exposition sur les violences pendant la guerre civile et sur l’assassinat des six Pères Jésuites qui a eu lieu à cet endroit en 1989. C’est un précieux travail de mémoire.

Pour ceux qui sont engagés dans l’Église, la vie est devenue compliquée à cause de la violence urbaine. Mais j’ai rencontré beaucoup de jeunes dont il faut admirer le courage et qui m’ont fait penser à une phrase que Monseigneur Romero avait dite avant d’être assassiné : ’S’ils me tuent, je ressusciterai au milieu de mon peuple’.

Au Guatemala, j’ai d’abord visité San Cristóbal de Verapaz près de Coban. J’ai logé dans la famille d’un frère de notre communauté. C’était l’occasion de faire une prière avec des membres de la pastorale des jeunes du diocèse et de rencontrer l’évêque.

La paroisse de San Cristóbal couvre toute la commune qui est très étendue. Une partie de la population vit dans la petite ville, mais une autre partie, importante, dans des villages parfois reculés et difficilement accessibles. Les gens des villages sont surtout d’ascendance indigène et leur langue traditionnelle est le poqomchi, une des 21 langues maya. Pendant le conflit armé entre les rebelles et le gouvernement, dans les années 80, des villages ont été attaqués par l’armée, parfois presque tout le monde a été massacré. Le prêtre de la paroisse était ému quand il racontait que beaucoup de survivants n’ont toujours pas dépassé les traumatismes liés à ces violences.

La pastorale nationale des jeunes de l’Église catholique m’a invité à animer des retraites pour des responsables du diocèse de San Marcos, et de la ville de Guatemala, la capitale. Dans le diocèse de San Marcos, proche de la frontière avec le Mexique, nous nous sommes retrouvés pendant 3 jours avec 70 jeunes de tout le sud-ouest du pays dans un beau centre de retraite à San Pedro Sacatepéquez. Les participants avaient l’habitude de faire beaucoup d’animations pendant des retraites. Cette fois, ils ont découvert la réflexion en silence et le partage en petits groupes.

De San Marcos, on va à la ville de Guatemala en passant au bord du très beau lac d’Atitlán en face duquel s’élèvent de grands volcans. Dans la capitale qui compte 5 à 6 millions d’habitants, il est difficile de se déplacer en voiture aux heures de pointe. Dans certains bus, il faut faire très attention à cause de la violence des bandes armées. J’ai été chaleureusement accueilli dans le quartier de Ciudad Real où nous avons eu une prière avec les chants de Taizé.

J’ai terminé à Mixco, grande commune de banlieue de la ville de Guatemala où j’ai participé à des rencontres et des prières, et à San Lucas Sacatepéquez où a eu lieu une retraite d’un jour pour des responsables de la pastorale des jeunes de la région centre.

Cette visite en Amérique centrale a été l’occasion de renforcer des liens d’amitié et de faire connaître à d’autres la prière avec les chants de Taizé. J’ai découvert des pays d’une grande beauté et des personnes très accueillantes. On ressent une belle joie de vivre, mais aussi de la souffrance dans des situations complexes.

En Bolivie

C’est la joie des participants qui caractérisait aussi la rencontre qui a eu lieu du 15 au 17 avril dans la ville de Sucre en Bolivie. L’Archevêque, Mgr. Jesús Juárez, avait invité les jeunes à participer à une rencontre préparée à la manière des rencontres du pèlerinage de confiance. Environs 700 jeunes de toutes les parties du pays ont répondu à cet appel et ont été accueillis dans des familles et des paroisses de la ville.

Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie, est une très belle ville dans le style colonial espagnol. Elle est située à plus de 2700 mètres d’altitude et le climat est agréable. Nous nous sommes rencontrés dans la cathédrale et dans l’enceinte du collège allemand pour des prières à midi et le soir. Après la prière du soir et dans la matinée, les pèlerins se sont retrouvés dans les paroisses. Le dimanche matin, tous ont participé à une procession qui menait de la colline La Recoleta à la cathédrale. À différents endroits, nous nous sommes arrêtés pour lire ensemble les propositions de lettre de frère Alois pour 2016 ’Le courage de la miséricorde’.

La rencontre a été préparée par des jeunes de Sucre avec l’aide de jeunes d’autres villes du pays. Elle a été pour tous les participants l’occasion de faire une expérience inoubliable : la joie de la rencontre avec d’autres jeunes qui avancent sur le chemin de la confiance et de la paix, l’accueil chaleureux dans les familles, dans les paroisses, la prière méditative avec les chants de Taizé...

En Colombie

En 1968, frère Roger a fait en Colombie son premier voyage en Amérique latine, il avait été invité par le Pape Paul VI à aller avec lui dans le même avion pour participer à Bogotá à l’ouverture de la conférence de l’épiscopat de l’Amérique latine qui s’est poursuivie ensuite à Medellín. Ces dernières années, plusieurs jeunes de la région de Medellín et de Bogotá ont fait des séjours de trois mois comme volontaires à Taizé, ainsi que d’autres Colombiens. Il était temps de leur rendre leurs visites.

La Colombie est maintenant mentionnée régulièrement dans les nouvelles internationales à cause du processus de paix entre guérilla et gouvernement. En nombre d’habitants, c’est le troisième pays de l’Amérique latine et comme la plupart des pays de la région, il a connu au début de ce siècle des années d’un important développement économique.

À Bogotá, j’ai participé à de belles prières dans la paroisse Santa Rosa de Lima, à la cathédrale et à l’université Javeriana, où ont lieu régulièrement des prières avec des chants de Taizé. Au siège de l’Église luthérienne a eu lieu une rencontre avec des jeunes et avec l’Évêque.

Bogotá a une population proche de 9 millions d’habitants et est située à 2600 mètres d’altitude. Une disparité importante existe entre la partie nord de la ville, plus riche, et la partie sud. Un dimanche matin, nous avons visité une chapelle dans un quartier simple situé dans la banlieue sud. Des jeunes postulants et étudiants Jésuites y animent des activités. C’est une présence importante dans ce quartier construit sans permissions par les gens qui affluent des campagnes.

Medellín, capitale du département Antioquia, est la deuxième ville du pays. L’Église catholique y est très ancrée dans la société. J’y ai rencontré un groupe de coordinateurs de la pastorale des jeunes, ensuite ont eu lieu des prières dans les paroisses Santa Ana et Cristo Rey.

Il y a quelques années, Medellín souffrait de la réputation d’être une ville particulièrement violente, surtout à cause des trafiquants de drogues. Ces dernières années, des efforts ont amélioré la situation. L’Église a beaucoup contribué à ce changement. À Itagui, commune de banlieue, j’ai rencontré un prêtre qui dirige un groupe de jeunes. Des adolescents, dont certains viennent de milieux très difficiles, trouvent un lieu d’accueil et des personnes expérimentés qui les accompagnent sur leur chemin.

J’ai aussi accompagné un prêtre et des séminaristes qui vont chaque semaine distribuer du chocolat chaud et du pain aux personnes qui vivent dans la rue, des clochards, mais aussi de nombreux indigènes qui ont fui les régions du Choco ou sévit encore le conflit armé. La distribution de la nourriture est accompagnée d’une prière et ensuite des haut-parleurs jouent de la musique.

Depuis plusieurs années, une amitié lie notre communauté au diocèse de Caldas (Antioquia), au sud de Medellín. À Amagá, petite ville avec des mines de charbon, nous nous sommes réunis pour une prière avec les jeunes de la paroisse et le lendemain, c’était une prière à Santa Barbara. À Caldas a eu lieu une rencontre d’un jour avec des prières et des moments d’échange.

Avec des jeunes du diocèse qui ont été trois mois à Taizé comme volontaires, nous nous sommes réunis. De retour chez eux, ils animent de temps en temps des réunions et des prières. Certains ont pris des responsabilités dans les foyers pour les enfants, d’autres essayent de mettre sur pied une organisation à travers laquelle des jeunes professionnels s’engageront à aider des personnes qui ont besoin de soutien.

En Amérique latine, de nombreuses personnes m’ont exprimé leur reconnaissance de les avoir visités, de leur avoir fait découvrir la prière avec les chants de Taizé. À part l’adoration du Saint Sacrement qui est très répandue, une prière qui fait place au silence est relativement peu connue et il y a une vraie soif de vivre des moments de prière méditative.

Dernière mise à jour : 10 octobre 2016