Samedi 28 décembre
Nous sommes très heureux d’être réunis ces jours-ci à Tallinn. Vous êtes venus en Estonie en pèlerins, de presque tous les pays d’Europe et d’ailleurs, pour prier et partager, un signe d’espérance sur notre continent aujourd’hui. Vous êtes fatigués par vos longs voyages, je vous promets donc de ne pas parler trop longtemps.
L’archevêque Urmas Vilmaa de l’Église évangélique luthérienne d’Estonie et Regina de Missio Church à Tallinn sont avec nous ce soir.- Qu’est-ce que cela signifie pour votre Église de participer à cette rencontre ?L’évêque dit quelques mots sur la participation de son Église- Qu’est-ce que cette rencontre signifie pour vous en tant que jeune Estonienne ?Regina dit quelques mots
Je me souviens de ma première visite à Tallinn il y a trente ans. Alors que j’arrivais à la gare de Baltijaam avec un autre frère, un groupe de jeunes nous attendait. Ils chantaient et portaient des fleurs. La chaleur de leur accueil m’a beaucoup touché et je ne l’ai jamais oublié.
Nous vivons à une autre époque, mais n’y a-t-il pas encore en nous le désir de sortir de notre zone de confort, qui exprime notre aspiration à la communion avec les autres ? Cela nous aide à comprendre que nous sommes appelés à quelque chose de plus grand que ce que nous voyons à première vue.
Vous avez déjà reçu la Lettre « Espérer au-delà de toute espérance », qui a été écrite pour cette rencontre et pour celles qui suivront au cours de l’année à venir. Au cours de ces journées, vous explorerez ensemble différents aspects de ce thème. À une époque où il nous est facile d’être découragés par ce que nous voyons dans le monde et dans la société, sommes-nous prêts à nous écouter les uns les autres et à découvrir ce qui a été déposé dans le cœur de chacun ?
Pour écrire cette lettre, j’ai passé beaucoup de temps à écouter des jeunes qui vivent dans des zones de guerre. J’ai été frappé par leur courage et leur résistance. Beaucoup de mes interlocuteurs m’ont dit l’importance de leur foi face aux dures réalités de leur existence.
La foi, qui est une simple confiance dans l’amour de Dieu, et qui comprend à travers la résurrection de Jésus que la mort n’aura jamais le dernier mot. Ils ont partagé leur espérance, une espérance qui est au-delà de toute espérance, parce qu’elle compte sur la vie nouvelle qui surgit là où tout semble perdu.
Nous avons entendu le Magnificat, le chant de Marie, la mère de Jésus, pendant la prière de ce soir. Jeune femme, elle a été confrontée à une situation qu’elle n’avait jamais imaginée. Vivant dans un pays occupé, elle a compris l’importance de la foi en Dieu et elle a su dire « oui » à ce que Dieu lui demandait.
Elle rend visite à sa cousine Elisabeth, qui attend elle aussi une naissance improbable. Comme Marie, chacun de nous a besoin de personnes comme Élisabeth pour confirmer ce que nous avons compris que Dieu nous demandait, mais que nous n’osions pas croire.
La confirmation de sa cousine fait jaillir en Marie son chant de louange. Elle voit que Dieu élèvera les humbles et que les puissants seront renversés de leurs trônes. Sa vision est celle d’un monde qui, sous le signe de l’amour miséricordieux de Dieu, est un monde de justice et de paix où personne ne manque de rien. Lorsque j’entends ces mots, quelque chose en moi ose croire que les situations peuvent changer et mon espérance renaît.
Pendant ces jours, je vous invite à chanter le cantique de Marie. Tout en le chantant, priez pour que des situations que vous voudriez voir changer. Souvenons-nous des personnes qui vivent sous des régimes oppressifs, et qui aspirent à la justice et à la paix. Je me rappelle bien de la révolution chantante de 1991 qui a permis à l’Estonie de retrouver son indépendance. De nombreux jeunes avec lesquels j’ai discuté lors de la préparation de la Lettre m’ont parlé de l’importance du chant pour renouveler leur espérance et leur donner le courage de persévérer.
Il faut du courage pour espérer. La Lettre contient une citation du théologien péruvien Gustavo Gutiérrez. Il écrit : « Dieu n’oubliera pas l’alliance ; la loyauté est d’abord faire mémoire. [...] Faire mémoire ne signifie pas de rester fixé sur le passé. Se souvenir d’hier est important dans la mesure où cela nous aide à parier sur demain ».
Nous ne pouvons pas oublier le passé, mais nous pouvons le regarder pour construire aujourd’hui et bâtir pas à pas notre avenir. N’est-ce pas ainsi que Dieu agit ? Par l’Esprit Saint, Dieu est constamment à l’œuvre en nous et autour de nous, il transforme nos blessures et couronne nos joies.
N’oublions pas le passé, mais osons espérer au-delà de toute espérance.
Dimanche 29 décembre
Aujourd’hui, vous avez participé aux célébrations dans vos paroisses d’accueil. Nous savons que beaucoup d’entre vous êtes logés dans des écoles, des salles et certains dans des centres militaires utilisés pour ces dernières années pour accueillir des réfugiés.
Lorsque j’ai participé comme jeune à la rencontre de Taizé à Barcelone en 1985, j’ai d’abord été logé dans une grande école. Ce n’était pas ce que j’attendais et ce n’était pas facile. Mais peu à peu, c’est devenu une expérience importante de vie communautaire et de partage. Prendre soin les uns des autres, être prêt à servir et accepter un mode de vie simple ont façonné ma vision de l’avenir.
Au cours de cette rencontre, vous avez également la possibilité de participer à un large éventail d’ateliers. J’espère que cela vous soutiendra dans votre recherche et vous permettra de rencontrer des Estoniens engagés dont les témoignages peuvent nous encourager sur notre chemin de foi.
Hier, j’ai dit que nous ne pouvions pas oublier le passé, mais que nous pouvions le regarder pour construire aujourd’hui et bâtir pas à pas notre avenir. Dans tant de nos pays, nous sommes blessés par l’histoire et nous en portons encore les cicatrices aujourd’hui. D’autres parmi vous, notamment ceux d’Ukraine, vivent encore les horreurs de la guerre. Dans un instant, nous écouterons Andriana et Marta qui viennent de Lviv.
J’ai passé la semaine dernière au Liban. Avec l’un de mes frères originaire de ce pays, nous avons rendu visite à des chrétiens dans différents endroits pour célébrer Noël avec eux. Vous savez que le Moyen-Orient est actuellement déchiré par la guerre. Nous avons beaucoup d’amis là-bas et notre visite était un petit signe de solidarité avec eux.
La générosité de l’accueil dans un pays où il y a eu tant de destructions m’a coupé le souffle. Dans de nombreuses régions du pays, les bâtiments sont en ruine, mais les gens font preuve d’une incroyable résilience. Cette résilience est une manière de résister à la violence qui s’est déchaînée.
Il y a aujourd’hui tant d’incertitudes. La guerre pourrait revenir. Malgré cela, les personnes que nous avons rencontrées ont partagé la joie de Noël. Leur foi est la lumière qui brille dans les ténèbres.
Nous avons également rencontré un cheikh musulman dans le sud du pays. Sa propre maison a été détruite et certains des villages voisins sont encore inaccessibles. Les bombes tombaient encore lorsqu’il a également enterré les morts chrétiens en attendant que le prêtre vienne accomplir les rites nécessaires.
Lorsque j’ai parlé avec de jeunes Libanais pendant les récents bombardements, on pouvait sentir leur espoir d’un avenir de paix et de justice. Leur courage était palpable, même si le désespoir n’était pas loin. Ce soir, nous avons entendu l’apôtre Paul écrire aux premiers chrétiens de Rome : « Nous espérons ce que nous ne voyons pas ». C’est ce que j’ai ressenti très fortement en écoutant ces jeunes. Les rencontres de la semaine dernière ont confirmé ce que j’avais précédemment entendu.
Jésus lui-même est né dans la pauvreté, à une époque où rien n’était clair dans le pays où il allait vivre. Nous aussi, nous pouvons nous retrouver dans des situations où nous ne voyons pas le chemin à suivre. Nous pouvons nous sentir en colère et désemparés face à certaines réalités, mais cela peut-il nous pousser à agir ? Une personne citée dans la Lettre, qui a rencontré un de nos frères récemment, disait : « Une colère créatrice m’habite ». Les gestes les plus simples peuvent devenir des marqueurs de notre désir d’espérer.
Nous avons également entendu dans la lecture le gémissement de la création. Notre famille humaine blessée fait partie de la création blessée, où tout est donné, tout est fragile et tout est lié. Quels sont les choix que chacun d’entre nous est appelé à faire pour montrer qu’il prend soin de notre maison commune, la bonne création de Dieu ?
Lorsque j’ai visité l’Ukraine en mai, j’ai rencontré tant de personnes, jeunes et moins jeunes, qui donnent de leur temps et de leur force pour aider les autres. Je pense à ce jeune homme qui était directeur d’un orphelinat, à cette femme qui organise des cours de formation en médecine d’urgence et traumatologique, à cette veuve dont le mari a été tué l’année dernière et qui anime une association pour les enfants ayant des besoins particuliers.
Je voudrais demander à Andriana et Marta de partager quelques mots avec nous.Andriana - Qu’est-ce qui vous permet d’espérer dans votre situation actuelle ?Je vais être honnête, il n’est pas toujours facile de garder l’espérance quand on voit cette injustice qui dure depuis si longtemps... Mais ce qui nous aide à ne pas la perdre, c’est la foi. Nous croyons que ce qui n’est pas possible pour les humains est possible pour Dieu. Il y a toujours un lever de soleil après une nuit noire. Nous croyons qu’Il est toujours avec ceux qui souffrent et qu’Il ressent aussi nos douleurs. Nous savons aussi qu’Il ne nous laisse pas seuls dans cette situation difficile.Marta - Comment pouvons-nous prier pour vous dans les temps à venir ?En ces temps difficiles et sombres, il est très important de rester unis dans la prière et de nous serrer les coudes. Nous vous demandons de prier avec nous pour la souveraineté de l’Ukraine, pour l’arrêt de l’agression contre notre pays d’origine, pour la sagesse des gouvernements et pour la paix à venir. Priez pour toutes les personnes qui ont perdu la vie à cause de cette guerre cruelle et injuste, qui ont perdu leurs proches et leurs maisons, pour nos soldats qui nous protègent chaque jour au péril de leur vie. Que chaque famille les retrouve sains et saufs à la maison. Pour tous ceux qui ont été capturés, blessés, perdus, qui ressentent une douleur physique ou mentale, qui souffrent et sont dans le besoin. Merci pour vos prières, nous les ressentons toutes !
Demain matin, vous lirez ensemble la deuxième partie de la « Lettre » A l’écoute des personnes d’espérance ainsi qu’un passage biblique comme indiqué dans l’application de la rencontre. Deux des questions que vous partagerez sont : « Ai-je rencontré des témoins d’espérance dans ma vie ? » et « Qu’ai-je appris d’eux ? » Peut-être pouvez-vous déjà commencer à y réfléchir dès ce soir.
Notre prière du soir se terminera par un temps de prière autour de l’icône de la croix. Tous ceux qui le souhaitent peuvent venir prier devant la croix pour confier à Jésus leurs soucis et leurs difficultés, ainsi que les situations de souffrance dans le monde. Le Christ accueille chacune et chacun de nous, tel qu’il est, et comme il l’a fait dans sa vie sur terre, il marche avec nous dans nos interrogations et nos doutes, comme il partage nos joies. Il renouvelle notre espérance.
Lundi 30 décembre
Nous avons déjà à mi-parcours de notre rencontre européenne à Tallinn ! Ce soir je voudrais dire un grand merci aux communautés chrétiennes de la ville et des environs, aux autorités civiles et à l’équipe de jeunes volontaires de différents pays qui ont préparé notre rencontre.
Les conditions n’ont pas toujours été faciles, mais vous avez su créer, par des moyens très simples, quelque chose qui restera dans le cœur de nombreuses personnes, tant des participants à la rencontre que du peuple estonien. Merci pour le courage et la persévérance dont vous avez fait preuve, en préparant des chemins d’espérance pour nous tous.
Ce soir, nous avons entendu la lecture de l’Évangile de Matthieu où Jésus est ému de compassion à la vue de la grande foule qui le suit. Son émotion se traduira par une action bienveillante et efficace. Dans un premier temps, il guérit les malades parmi la foule. Mais la nuit commence à tomber. Ses amis veulent renvoyer la foule pour chercher de nourriture.
Jésus, au lieu de leur donner raison, demande à ses amis de regarder ce qu’ils ont déjà. Ils trouvent cinq pains et deux poissons, ce qui semble bien insuffisant face à l’ampleur de la tâche. Il rend grâce pour le peu qu’ils ont trouvé, rompt les pains et ses amis distribuent la nourriture à la foule. Et ce qui reste dépasse leurs besoins.
Jésus refuse de se résigner face à une situation qui semble impossible. Le repas qui s’ensuit est un avant-goût de ce qui adviendra en plénitude dans l’avenir de Dieu. Notre faim et notre soif seront satisfaites à tous les niveaux.
Cette histoire peut façonner notre espérance qui, comme il est écrit dans la Lettre, devient « comme l’ancre d’un bateau ». Elle nous tient fermement lorsque la tempête fait rage. Elle nous permet de vivre de petits signes de notre fidélité à l’appel que nous avons reçu et aux personnes qui nous sont confiées. Elle est aussi comme un casque, qui nous protège de l’adversité qui peut s’abattre sur nous. »
Vous commencez à penser à votre retour chez vous. Quel est le peu que vous avez à offrir à Jésus pour que l’espérance fleurisse dans vos communautés locales, dans vos Églises et aumôneries ? Les plus petits signes comptent énormément. Le prophète Jérémie avait acheté un champ dans sa ville, malgré la menace de sa destruction. Les signes d’espérance donnent du courage à tous, de l’espoir pour la famille humaine, de l’espérance pour la bonne création de Dieu.
Nous pouvons réaliser tant de choses avec des moyens simples. Cette rencontre a été préparée par une petite équipe de jeunes volontaires, quelques frères de Taizé et sœurs de Saint-André et des chrétiens locaux. Plutôt que de chercher le spectaculaire, est-ce que ce ne sont pas les humbles gestes d’écoute mutuelle, de confiance et d’amitié qui communiquent l’essentiel de l’Évangile et nous aident à entrer toujours plus dans le mystère de communion qu’est le Corps du Christ, l’Église ?
Depuis de nombreuses années, notre communauté de Taizé vit un pèlerinage de confiance. De temps en temps, ce pèlerinage devient visible, comme maintenant lors de notre rencontre européenne à Tallinn, mais aussi dans le village de Taizé avec les rencontres hebdomadaires de jeunes. C’est une manière de nous encourager les uns les autres dans notre cheminement de foi quotidien, une manière de laisser le Christ renouveler notre espérance afin que nous puissions faire face aux défis que nous rencontrons où que nous soyons.
Nous serions très heureux de vous accueillir à Taizé pendant les rencontres d’été, et peut-être que certains d’entre vous pourront passer une semaine avec nous avant ou après le Jubilé des jeunes qui aura lieu à Rome l’été prochain.
Mais où se tiendra notre prochaine rencontre européenne ?
Elle aura lieu dans un pays qui compte sept principales chaînes de montagnes
Un pays qui produit plus de 1600 types de fromages différents...
Un pays qui a accueilli trois fois les Jeux olympiques d’hiver...
Dans une ville bâtie autour d’ une belle rivière...
Dont la cathédrale a été récemment rénovée...
La prochaine rencontre européenne se tiendra dans la ville de Paris et dans la région Île-de-France.
J’ai demandé à Mgr Laurent Ulrich de dire quelques mots pour vous inviter tous à venir à Paris et en Île de France du 28 décembre 2025 au 1er janvier 2026.
L’archevêque parle
Brunette est de Pontoise : qu’est-ce que cela signifie pour les jeunes de la région parisienne d’accueillir la prochaine rencontre européenne ?
Brunette parle
Demain, nous parlerons davantage du Pèlerinage de Confiance sur la Terre avec quelques nouvelles idées sur la façon dont nous pouvons continuer à renouveler ensemble notre espérance au cours des temps à venir. Nous allons maintenant prier autour de la croix comme les soirs précédents.
Mardi 31 décembre
Ce matin, vous avez lu ensemble la section « Nous efforcer d’espérer » de la Lettre dans vos petits groupes. Vous avez réfléchi à la question suivante : « Qu’est-ce qui nous aide à regarder au-delà de nos difficultés lorsque nous sommes dans le trouble ? »
Ce que vous avez partagé ensemble vous préparera à votre voyage de retour, car même si ce que nous vivons pendant ces jours ici à Tallinn est important, sa valeur augmente lorsque cela a une influence sur notre vie quotidienne.
Comme je l’ai dit hier, notre rencontre a été préparée par une équipe de jeunes volontaires. Ce soir, deux d’entre eux, Ismaël de la Bolivie et Natali de l’Estonie, sont parmi nous. Nous tenons à les remercier pour tous leurs efforts.
Je voudrais demander à Ismaël : « Qu’est-ce qui vous a permis de garder espoir pendant la préparation, malgré les obstacles que vous avez rencontrés ? »
Ismaël dit quelques mots.
Natali « Qu’espérez-vous après la rencontre, pour les habitants de Tallinn et pour les pèlerins qui sont venus y participer ? »
Natali dit quelques mots.
Le défi pour nous tous est de savoir comment discerner la présence de Dieu au milieu de nos luttes. Bien que nous soyons issus de situations très différentes, comment pouvons-nous rester des personnes porteuses d’espérance ? Dans la langue kikuyu d’Afrique de l’Est, l’un des attributs de Dieu est qu’il est « digne d’espoir », Dieu en qui nous pouvons placer notre espérance.
C’est surtout dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus que cela se manifeste. Pourtant, Jésus a réellement fait l’expérience de la dureté de l’existence humaine et même de la mort. Il ne l’a pas fuie. Pour que notre espérance grandisse vraiment, cela signifie que nous devons affronter la réalité telle qu’elle est, mais la voir à la lumière des promesses de Dieu. Rien, pas même la mort, ne peut nous séparer de l’amour fidèle de Dieu.
Et pourtant, même en sachant cela, nous n’obtenons pas toujours les réponses que nous attendons. Dans la lecture de l’Évangile de Marc de ce soir, nous rencontrons les femmes près du tombeau de Jésus. « Qui roulera la pierre pour nous ? » se disent-elles les unes aux autres. Elles acceptent leur vulnérabilité. Elles n’ont pas la réponse.
Mais lorsqu’elles lèvent les yeux, la pierre a déjà été roulée et elles voient un jeune homme vêtu de blanc. On nous dit que les femmes sont alarmées. Elles sont en état de choc devant ce qu’elles voient et entendent. Quelque chose qu’elles n’avaient jamais osé espérer est arrivé.
Le jeune homme dit aux femmes que Jésus est ressuscité. Il n’est plus dans le tombeau. Il leur dit : « Allez le dire à ses disciples et à Pierre ». Les femmes deviennent des apôtres, ce qui signifie « envoyées ». Elles sont envoyées aux disciples et à Pierre. L’élévation du statut des femmes et leur nouveau ministère sont un symbole de la nouvelle création, de l’espérance renouvelée que Jésus fait naître.
Jésus les précède en Galilée, là où l’Évangile a commencé. Cela suggère un nouveau départ, mais aussi un retour aux sources. Mais les femmes s’enfuient du tombeau, saisies de terreur et d’étonnement. C’est pourquoi, nous dit-on, elles n’ont rien dit à personne.
Marc utilise le mot traduit par « terreur » à deux reprises dans son Évangile - une fois pour décrire la réaction de ses amis à l’apaisement de la tempête (Mc 4,41) et l’autre fois pour décrire leur réaction à la transfiguration de Jésus (Mc 9,6). Ces deux contextes suggèrent que nous devrions plutôt parler de crainte que de terreur. Les femmes ne disent rien à personne parce qu’elles sont remplies de crainte.
Les femmes ont besoin de temps pour digérer ce qu’elles ont vécu. Comme elles, vous retournez en Galilée, dans votre région d’origine. Elles cheminent ensemble comme beaucoup d’entre vous le feront. Comme elles, vous pouvez devenir les pèlerins d’une espérance que vous portez en vous. Et cet espérance est peut-être un espoir de paix.
Au cours de ces journées, venant d’horizons, de pays, d’Églises et étant d’âges différents, n’avons-nous pas vécu un signe de l’espérance que nous promet la confiance dans le Christ ressuscité ? Parce que le Christ est notre paix et qu’il nous donne cette paix, en tant que pèlerins de l’espérance, nous devenons aussi des pèlerins de la paix.
La paix sans la justice n’est pas une vraie paix, mais il y a aussi une liberté intérieure qui vient de la confiance la plus simple, que nous appelons la foi. Alors que nous luttons pour une paix juste partout où nous vivons, ferons-nous tout ce qui est en notre pouvoir pour rester libres intérieurement ?
Chaque vendredi à Taizé, nous prions en silence pour la paix dans notre monde. Il se peut que nous n’ayons pas les réponses que nous attendons, mais rester en présence de Dieu peut permettre à des intuitions de surgir en nous. Certaines de ces intuitions, en les partageant avec d’autres, nous conduiront peut-être à agir. Comme vous le ferez ce soir pour accueillir la nouvelle année, en rentrant chez vous, prierez-vous aussi pour la paix de manière régulière dans vos Églises et vos groupes ?
Pourriez-vous également chercher à entrer en contact avec une personne qui vit dans une zone de guerre et la soutenir en lui envoyant régulièrement des courriels ou en lui parlant en personne ? Serait-il possible de soutenir aussi, d’une manière ou d’une autre, des personnes qui vivent sous des régimes oppressifs ? Beaucoup d’entre vous ont rencontré ces jours-ci des jeunes Ukrainiens. Restez en contact avec eux ! Nous ne vous oublierons pas !
Que l’Esprit Saint, l’Esprit du Christ ressuscité, nous conduise tous à devenir des pèlerins de l’espérance et des pèlerins de la paix. Sommes-nous prêts à espérer au-delà de toute espérance ?